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Fertilisation : « Je réduis mes charges grâce aux légumineuses et aux prairies dans les rotations. »

Au Gaec de Bonizac, dans le Morbihan, quatre leviers ont permis de réduire la consommation d’ammonitrate sur prairie et maïs. Les leviers agronomiques occupent une large place.

Au Gaec de Bonizac, à Guiscriff, dans le Centre Ouest de la Bretagne, en dix ans, l’utilisation d’ammonitrate a été divisée par sept ! Elle a diminué de 25 tonnes pour 86 hectares de prairies, 44 hectares de maïs et 14 hectares de céréales, à 3,6 tonnes pour 95 hectares de prairies et 51 hectares de maïs.

« Avec la hausse du prix des engrais, les charges de fertilisation 2023 avoisinent 6 400 euros, quand elles étaient de 10 500 euros en 2013 pour l’ammonitrate et l’engrais starter. Si le Gaec n’avait pas modifié ses pratiques, le poste fertilisation se serait élevé à 23 000 euros en 2023 », souligne Christelle Samson, de la chambre d’agriculture de Bretagne.

1 - Plus de légumineuses dans les prairies

La moitié des économies d’ammonitrate est due à l’augmentation progressive des légumineuses dans les 70 hectares de prairies temporaires depuis 2013. « Avant, il y avait peu de trèfle blanc semé dans nos prairies, environ 10 %. Aujourd’hui, nos mélanges sont moitié graminées, moitié trèfles. La fertilisation a été adaptée, passant de 100 unités d'azote (UN) minéral par hectare en moyenne à 50 UN maximum sous forme de lisier de bovins ou minéral », décrit Thierry Le Roux, un des deux associés du Gaec. En outre, « les rendements de l’herbe se sont améliorés, puisque les légumineuses produisent bien en été quand le ray-grass souffre. En prairie de fauche, nous arrivons à récolter 12 t MS/ha sur un an. »

2 - La prairie intègre des rotations avec maïs

Avant 2019, beaucoup de maïs était en monoculture. Il y avait donc d’importants besoins de fertilisation pour combler les exportations d’éléments minéraux. Puis, les éleveurs ont introduit des prairies de fauche de trois ans dans une rotation avec le maïs. « La restitution d’azote par ces prairies correspond à 30-40 UN/ha », indique Christelle Samson. Les apports pour le maïs ont pu être réduits.

« L’autre grosse économie, nous l’avons réalisée depuis que nous ne mettons plus d’ammonitrate sur nos 45-50 hectares de maïs fourrage », indique l’éleveur. Cela a commencé en 2022, quand « nous n’avons pas pu amener l’engrais à cause de la météo. Le rendement a été aussi bon que d’autres années (15 t MS/ha, rendu silo), où 4 à 5 tonnes d’ammonitrate étaient apportées », raconte Thierry Le Roux.

Cet ammonitrate non indispensable vient sans doute du fait que « même si le conseil de fertilisation tient compte de la restitution de la prairie, celle-ci était sans doute sous évaluée. Les sols de l’exploitation minéralisent bien », précise Christelle Samson. Aujourd’hui, pour le maïs, le Gaec épand 20 t/ha de fumier puis 20 m3 de lisier au printemps et apporte 70 ou 80 kg d’un engrais starter 18-46.

3 - Des couverts mieux gérés

L’avoine rude est implantée en couvert pour produire de la biomasse et capter ainsi un maximum d’azote à l’automne avant la période de drainage, et un maximum de carbone pour améliorer la matière organique du sol. « Alors qu’avant nous traînions pour semer le couvert fin octobre, à présent il est semé rapidement après l’ensilage du maïs. Cette année, vers le 8 octobre. En moyenne, ce couvert apporte 30 UN/ha. Il faut le retourner au bon moment, à partir de février, pour qu’il ait le temps de se dégrader et de minéraliser », développe Thierry Le Roux.

4 - Éviter le gaspillage

Sur les prairies, cela fait deux ans que « si la météo n’annonce pas une pluie de 10 à 15 mm, nous n’épandons pas, que ce soit un engrais minéral ou du lisier, indique Thierry Le Roux. Sans petite pluie, les apports ne sont pas valorisés. Nous faisons donc moins d’apports systématiques. Comme il y a 50 % de légumineuses dans nos prairies, il n’y a pas de perte de rendement. »

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