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Définir ses besoins en matière de travail

Avant d’embaucher un salarié, il est important de déterminer ce qu’on attend de lui afin de mieux cerner son profil. Ce qui passe par une remise à plat de l’organisation du travail.

« À chaque fois, quand les gens embauchent, ils attendent d’avoir le couteau sous la gorge. En règle générale, c’est beaucoup trop tard et ça se passe mal », commentait un éleveur dans l’enquête Cniel-Idele. L’assertion est sans doute un peu exagérée. Mais, comme en tout domaine, l’anticipation et la réflexion sont bonnes conseillères. Les raisons d’embaucher un salarié sont multiples. Pallier une surcharge de travail ou le départ en retraite d’un associé, c’est ce qui revient le plus souvent chez les éleveurs enquêtés. Se libérer du temps pour des engagements professionnels. Se faire remplacer pendant les congés ou encore améliorer tout simplement leur qualité de vie. D’aucuns enfin délèguent complètement certaines tâches, comme la traite, voire la responsabilité du troupeau laitier. « La phase clé de définition des besoins n’est pas toujours menée à bien, constatent les auteurs de l’enquête. Une mise à plat de l’organisation du travail et des alternatives possibles (mécanisation, simplification de la conduite, diminution de la taille de l’exploitation, association, salariat…) sont indispensables avant toute décision d’embauche. »

Réfléchir à son organisation du travail

« La définition des besoins est un point complètement essentiel, martèle Sophie Chauvat, d’Idele. Avant d’employer un salarié, il faut réfléchir à son organisation du travail, passer toutes les tâches en revue, se demander si on ne peut pas gagner du temps en améliorant les choses... Si un salarié est indispensable pour faire face à une surcharge de travail structurelle, cette mise à plat permettra de définir les tâches qu’on veut lui confier et par conséquent son profil. Il ne faut pas attendre d’avoir le salarié pour se demander ce qu’on va lui faire faire. » Dans le dossier Cniel-Idele, une fiche dédiée à la définition des besoins permet de lister noir sur blanc ses propres objectifs, d’identifier toutes les tâches qui sont réalisées sur l’exploitation, poste par poste (animaux, cultures, équipement, administratif), de les quantifier, de cocher celles que l’on souhaite garder, déléguer au salarié ou réaliser à deux...

Les employeurs privilégient l’expérience du milieu agricole

L’autre grande question à se poser est de savoir quel niveau de compétence et d’autonomie on recherche : débutant ou expérimenté, exécutant ou autonome, voire en responsabilité. La plupart du temps, les éleveurs enquêtés disent préférer des salariés autonomes, dont certains deviendront des responsables d’élevage capables de prendre les décisions sur l’atelier qui leur sera confié. Ces salariés expérimentés sont « appréciés pour leurs compétences, mais les éleveurs sont parfois réticents à leur embauche car ils redoutent qu’ils imposent leur savoir-faire », notent les auteurs de l’enquête. D’autres emploient des exécutants, qui effectuent les tâches demandées mais prennent peu d’initiatives, soit parce qu’ils n’ont pas eu le choix, soit parce qu’ils veulent « rester aux commandes ». Au final, les salariés sont souvent recrutés jeunes, en sortie d’école ou en attente d’installation, et complètement débutants. Ils coûtent moins cher au départ et cela permet de les former à sa façon. Mais les employeurs privilégient l’expérience du milieu agricole au niveau de la formation et cherchent à recruter des salariés d’origine agricole. Ils s’attachent aussi à certaines qualités : des personnes soigneuses avec le matériel ; qui ont du savoir-être ; qui aiment les animaux et le métier ; capables de s’adapter aux contraintes de l’élevage... Bref, la motivation et le comportement avant le savoir technique.

Difficile de recruter à temps partiel

Certains éleveurs recherchent des salariés à temps partiel, pour réaliser la traite par exemple ou pour se faire remplacer. Ou parce que la taille de l’exploitation ne permet pas de rémunérer un plein temps. Mais ils disent qu’il est très difficile de recruter à temps partiel. Le groupement d’employeurs peut être une solution.

Salarié, associé ou robot ?

Les éleveurs qui ont préféré embaucher un salarié le justifient par différentes raisons. Souvent, c’est parce qu’ils n’ont pas envie de partager les décisions et devoir rendre des compte ou tout simplement gérer les relations entre associés. Le salarié permet de s’organiser avec plus de souplesse et représente un coût fixe facile à anticiper. Le salariat leur a permis aussi de trouver plus rapidement de la main-d’œuvre, quitte à faire plus tard du salarié un associé. Quant au robot, il pallie parfois des difficultés de recrutement ou a pour but de le faciliter en rendant le métier plus attrayant. Mais il manque de convivialité et de polyvalence, disent certains éleveurs : « il ne court pas après les génisses quand elles partent dans le bois ».

Paroles d'éleveurs

« C’est bien d’avoir un salarié, ça permet de se sortir la tête de l’eau. Pour pouvoir s’échapper, partir en vacances avec une exploitation qui continue d’avancer. »

« Comme j’ai un tempérament de chef d’entreprise, je ne partage pas beaucoup les décisions, j’aime bien avoir des avis, mais j’aime trancher aussi ! Donc, pas sûr qu’avec un associé, cela l’aurait fait aussi facilement. »

« Je cherchais un salarié exécutant, mais malgré tout c’est toujours plus intéressant d’avoir un salarié compétent et ouvert d’esprit. Il y a un échange, des discussions sur les pratiques. Nous, ça nous apporte qu’il soit là, et lui, ça lui donne de l’expérience. »

« Je lui fais entièrement confiance, je lui ai tout appris, elle insémine, elle fait les intraveineuses. C’est mon bras droit aujourd’hui. Si je ne suis pas là, je suis tranquille. »

« Il y en a qui peuvent être très bons d’un point de vue technique, mais être inadaptés d’un point de vue comportement. Par contre, si on a un très bon salarié, qui est sympathique, compétent, et qui a un bon relationnel, il faut tout faire pour le garder. »

Source : Enquête salariat Cniel-Idele, octobre 2017

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