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Abreuvement : « Le manque d’eau freine la production dans neuf élevages sur dix »

L’incidence d’un apport d’eau insuffisant sur les performances et la santé des vaches reste souvent peu palpable en élevage. Pourtant, il y a tout à gagner à proposer aux laitières un accès à l’eau à volonté. Le point avec Alice Nothhelfer, vétérinaire consultante.

Que constatez-vous lors de vos audits d’élevage en matière d’abreuvement ?

Alice Nothhelfer - « L’eau est un facteur limitant dans une très grosse majorité d’élevages en France. J’estime qu’il y a un problème d’accès à l’eau dans près de neuf élevages sur dix. Les causes sont variées : une longueur de linéaire insuffisante, un mauvais positionnement des abreuvoirs dans le bâtiment, un débit limité, un manque de propreté, des courants parasites… Or, en production laitière, permettre un accès à de l’eau propre à volonté est primordial. L’eau est le premier aliment d’une vache laitière en quantité. C’est aussi le moins cher. Beaucoup d’éleveurs investissent dans la ration mais celle-ci se trouve sous-valorisée en raison d’un état d’hydratation des animaux insuffisant. C’est regrettable d’un point de vue technique mais surtout économique. »

Pourquoi l’eau est-elle un allié essentiel pour la vache ?

A. N. - « L’eau représente 65 % du poids d’une vache adulte. Son organisme tolère très peu la déshydratation. À partir de 5 %, des signes cliniques sont visibles. Chez le ruminant, l’eau joue en plus un rôle essentiel dans la digestion en favorisant la dégradation des fibres et le brassage ruminal, et en rendant l’action des bactéries plus efficace. Une vache bien hydratée ingère davantage, valorise mieux sa ration et produit davantage de lait. Au contraire, un manque d’eau réduit son ingestion et sa digestion, ce qui augmente le risque de troubles métaboliques comme la cétose. »

Quand suspecter un problème d’accès à l’eau ?

A. N. - « Contrairement aux idées reçues, dans un troupeau qui manque d’eau, les vaches ne se jettent pas sur les abreuvoirs. Au contraire, ce problème passe souvent inaperçu et nécessite des points de contrôle pour être identifié. Le minimum est de mesurer les quantités bues avec des compteurs à eau sur les abreuvoirs. L’accès à l’eau peut être satisfaisant à un instant et ne plus l’être si la température augmente, si le taux de matière sèche de la ration ou le nombre de vaches présentes évoluent. J’encourage tous les éleveurs à faire un point régulier même sans signaux d’alerte. »

Comment savoir si les vaches boivent assez ?

A. N. - « J’utilise quatre marqueurs en ferme pour vérifier la couverture du besoin en eau. À commencer par la palpation du rumen. Un rumen bien hydraté est souple, de consistance liquidienne. Imaginez le rumen tel un sac de 150 litres composé à 85 % d’eau et constituant donc une bonne réserve hydrique. Si la vache manque d’eau, elle va d’abord puiser là. Une fois qu’elle aura tapé dans ce réservoir, elle cherchera à limiter les pertes. D’où l’intérêt de contrôler la densité urinaire à l’aide d’un réfractomètre (différent de celui pour le colostrum). Moins la vache boit, plus ses urines sont concentrées. Généralement la miction est plus courte et les urines plus foncées. À un stade plus avancé, le manque d’eau engendre une déshydratation au niveau cellulaire, que l’on peut apprécier par la persistance du pli de peau. S’il est supérieur à deux secondes, la vache est déshydratée. Le tamisage des bouses permet également de vérifier la digestibilité de la ration, qui diminue en cas de déficit en eau. »

Source : Alice Nothhelfer

Le saviez-vous ?

Une vache laitière boit en moyenne 70 à 150 litres d’eau par jour. Les besoins varient selon le type d’alimentation, le niveau de production, les conditions climatiques et le gabarit des animaux.

Les vaches sont très sensibles au goût de l’eau. Une dilution de 5 grammes de bouses par litre d’eau peut pénaliser la consommation.

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