Port des tellines
Un outil d'exportation essentiel à l'Union Cérévia, servi par une logistique flexible
Le silo du port des Tellines, près de Marseille, permet d'expédier chaque année 900.000 t de céréales de la grande région bourguignonne. Logistique souple et diversification s'imposent comme une parade aux évolutions conjoncturelles des marchés.



«C ertains me disaient, à Marseille, tu n'arriveras jamais » à développer un trafic pérenne, se remémore Robert Bilbot, président de la Sept (Société d'exploitation du port des Tellines, Sica basée à Port-Saint-Louis-du-Rhône) et directeur de Cérévia. Et l'enjeu est de poids pour l'union de commercialisation, au service de 7 groupes coopératifs et 25.000 agriculteurs : « sortir du territoire 45 % de la production » !
Une réforme portuaire réussie et des partenariats rodés plus tard : « Ça marche ! Nous sommes parvenus à mettre en place une logistique céréalière fiable », s'est-il réjouit, le 15 mai, lors d'une cérémonie fêtant l'arrivée, sur les installations de Port-Saint-Louis, du 1.000e train Cérévia/Europorte en provenance de Bourgogne. « Nous concentrons les wagons depuis une quarantaine de silos sur le hub ferroviaire de Venarey-Lès-Laumes (Côte-d'Or) », pour les descendre sur le port maritime, explique Pascal Sainson, président de la filiale fret d'Eurotunnel. Au rythme de « 6 trains complets de 1.335 t par semaine », ce sont 1,3 Mt qui ont été apportées par le rail depuis 2009, précise Robert Bilbot. Complémentaire du fluvial, « le rail représente aujourd'hui 40 % de nos approvisionnements ». À la clef : « une logistique complète et flexible ». Des caractéristiques indispensables pour Cérévia qui « note depuis deux ans un transfert progressif des flux de l'UE vers les pays tiers, avec plus de 13 bateaux partis vers l'Algérie ». Et la Sept prévoit d'accroître la capacité du silo portuaire vertical. Elle sera doublée, à 60.000 t, pour la moisson 2015. Le silo céréalier horizontal (20.000 t) sera lui réaffecté au stockage de fertilisants importés.
Des options de transport à géométrie variable
Si, en moyenne sur les trois dernières campagnes, Cérévia exporte 900.000 t de céréales depuis le port des Tellines, les résultats de la Sept, qui tenait son AG ce même jour, est très dépendante du profil des récoltes. Et ce, d'autant que la Sica s'engage auprès de ses prestataires sur des volumes minimaux à travailler. Or, à 904.000 t en 2012, « les volumes exportés ont chuté de près de 200.000 t en 2013 ». Cela reflète notamment « la perte des débouchés en maïs sur le bassin méditerranéen », qui a privilégié les marchandises d'Europe centrale et d'Ukraine. Ce trafic a chuté à 89.000 t, contre 200.000 t habituellement. Les volumes ont trouvé preneurs sur d'autres destinations de l'UE. Une situation qui a plombé l'approvisionnement fluvial, le maïs venant à 95 % en péniche. Par ailleurs, « aucun bateau d'orge de brasserie n'est parti sur la Chine », du fait, entre autres, de la concurrence argentine. Et, fin 2013, les ventes de blé vers l'Italie se sont taries. Face à ces fluctuations, liées à la météo et aux marchés mondiaux, « nous donnons la possibilité à Cérévia d'expédier des volumes prévus pour Port-Saint-Louis vers les ports de l'Est, Strasbourg ou Metz », explique Pascal Sainson d'Europorte. « Il est en effet possible de basculer rapidement la logistique », dans la limite de 2 trains sur 6. Travaillant à 85 % en sillons fermes, le prestataire s'engage en outre, par contrat, sur la qualité du service. Taux de réussite sur Les Tellines ? 98 % !
Pour parer aux aléas d'activité, la Sept parie aussi sur la diversification et développe une logistique Engrais. « Surtout de l'urée qui arrivera d'Égypte », indique Robert Bilbot. Area, 1er acheteur d'appros en France, fédérant 19 coopératives de l'Est, gèrera ces trafics de près de 200.000 t par campagne. Une partie des livraisons sera directement transbordée dans des péniches ayant apporté des céréales, pour un flux retour.
“Mise en place de flux d'importations d'engrais de près de 200.000 t.
” Depuis 2009, l'action d'Europorte s'est étendue, y compris à d'autres coop et négociants que ceux de l'union, jusqu'à « la basse-Champagne et le Centre ». Toujours dans un souci de gérer le yoyo des flux et « tenir nos engagements », Cérévia réfléchit avec Axéréal (membre de la Sept) aux synergies d'exploitation entre Port-La-Nouvelle, Sète et Port-Saint-Louis qui, « à eux trois, pourraient devenir le 3e port français ».