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Tereos

Origny Sainte-Benoîte tourne à plein régime

AVEC VINGT-CINQ stations proposant de l’E85 sur l’ensemble du territoire, dont quatre récemment inaugurées en Picardie par les distributeurs E. Leclerc et Intermarché, la filière bioéthanol se structure doucement. Le site de Tereos, basé à Origny Sainte-Benoite près de Saint-Quentin (Aisne) fait office de figure de proue du secteur, la création des autres unités ayant pris du retard.

Jusqu’à 950 m 3 d’éthanol produit par jour

Le process de l’usine coopérative d’Origny, avant tout sucrerie d’une capacité de 100.000 t/an, est basé sur un schéma en deux jets. Un procédé permettant de fabriquer une grande quantité de sucre blanc haut de gamme, génère un coproduit, le sirop de basse pureté qui, comme le jus de diffusion, sert de substrat à la production d’alcool. De leur fermentation naît un vin à 10 ° qui fournit, après distillation et déshydratation, le fameux or vert : un éthanol carburant titrant à 99,9 %.

La production, entrée en activité en octobre dernier, peut atteindre 950 m 3/j. Chargé dans des wagons – « il serait en effet aberrant de transporter le bioéthanol par camions » comme le souligne Pierre Chenet, directeur chargé de missions chez Tereos – le biocarburant alimente les raffineries de pétrole ou part sur Lillebonne (76) où il embarque sur un bateau. Destination Rotterdam ou Foss-sur-Mer (13) pour alimenter les clients européens. Tereos exporte environ 20 % de l’éthanol produit par l’ensemble de ses sites.

La production d’éthanol a permis d’améliorer de 30 % le bilan énergétique du site

Le process de fabrication, couplant production d’alcool et de sucre, permet d’optimiser les coûts, et notamment le bilan énergétique. Le ratio énergie restituée/énergie mobilisée est passé de 2 à 3, soit une économie annuelle de « 4 à 5 M€ pour 300.000 m 3 » , comme s’en réjouit Patrick Duval. Or ce poste représente pour une production d’éthanol, près de « 21 % du coût » total, détaille Afsaneh Lellahi, responsable valorisations non-alimentaires d’Arvalis-Institut du Végétal. Il est essentiel à la détermination du prix du carburant qui s’affiche, au départ de l’usine, à 56 €/hl. Une valeur moyenne prenant en compte l’ensemble des débouchés (ETBE, export, incorporation en direct et E85).

Les matières premières représentent 40 à 60 % du coût de fabrication. Ce taux est de 44 % sur Origny, qui transforme 3 Mt de betteraves par an rémunérées au producteur 24,5 €/t. L’unité mobilise ainsi 40.000 ha exploités par 10.000 planteurs. Ces derniers se sont engagés à fournir la coopérative pendant dix ans. Ce qui permet de lisser l’effet des fluctuations des prix. « La bonne valorisation des coproduits permet de réduire le poids des matières premières », comme le rappelle Afsaneh Lellahi. La sucrerie-distillerie génère, en plus des pulpes de betterave (160.000 t/an), des sucres liquides et spéciaux ainsi que d’autres alcools : les surfins, utilisables en industries chimiques, parfumerie et dans les spiritueux et l’absolut, destiné à un usage pharmaceutique. La concentration des vinasses (résidu de la distillation du vin) pendant la période d’intercampagne permet, par ailleurs, d’obtenir un amendement potassique.

Si l’unité picarde « construite en seulement huit-neuf mois », comme le fait remarquer Patrick Duval, est déjà performante, ses dirigeants prévoient d’améliorer encore son bilan énergétique en mettant en place un procédé de pyrogazéification de la vinasse, le Pyribio énergy +. Le pilote, développé dans le cadre du pôle de compétitivité IAR Picardie-Champagne-Ardenne, devrait donné lieu à une application industrielle en 2008/2009. Tereos, propriétaire de plusieurs brevets ayant trait à la production de bioéthanol, prend également part aux projets de développement des carburants de seconde génération. Avec cette « première grosse distillerie à produire tant de bioéthanol, nous voulons montrer aux pétroliers que nous sommes crédibles », lance Pierre Chenet, directeur chargé de missions chez Tereos. Ces derniers, et en particulier Total, ne se sont en effet pas montrés volontaires dans la construction de la filière bioéthanol française, ne prenant pas cet ambitieux projet agricole au sérieux. Sur l’année, le site d’Origny Sainte-Benoîte peut produire jusqu’à 300.000 m 3 d’éthanol permettant d’alimenter 250.000 voitures consommant 7 litres aux 100 et parcourant 20.000 km. L’unité de Tereos de Lillebone, dont le lancement est prévu dans quelques jours devrait produire 300.000 m 3 de biocarburant. De quoi convaincre, semble-t-il, les partenaires réticents de la filière.

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