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Stockage: nouvelles méthodes de surveillance des risques sanitaires

Petit point sur les techniques permettant d’évaluer, surveiller et contrôler la présence d’insectes dans les zones de stockage céréalier.

«LE DEFAUT DE qualité sanitaire est une des premières causes de non-respect des cahiers des charges acheteurs», comme le faisait remarquer Francis Fleurat-Lessard de l’Inra de Bordeaux, le 20 octobre dernier, lors de son intervention aux Journées techniques des industries céréalières. L’Aemic l’avait invité à faire un point sur les “méthodes de surveillance des risques sanitaires et des déprédateurs dans les grains et matières pulvérulentes”, dans le cadre d’une matinée consacrée au stockage et à la conservation des matières premières.

Evaluer la population d’insectes et prévoir son évolution

L’organisme stockeur (OS) va subir une qualité sanitaire variable à la récolte. Il va devoir l’évaluer, classer la marchandise en fonction de ce paramètre et surtout identifier les lots qui pourraient être hors normes, notamment en matière de teneurs en mycotoxines. L’OS doit ensuite tout mettre en œuvre pour préserver cette qualité sanitaire et être en mesure de la garantir à ses clients tout au long de l’année. Sa maîtrise passe par la démarche HACCP qui va définir les points de dangers majeurs d’infestation par les insectes, mais également de prolifération de micro-organismes qui se développent surtout dans les zones d’échauffement.

Si l’on s’intéresse aux insectes, l’infestation peut avoir lieu, à la récolte, au niveau de la moissonneuse-batteuse ou du transport. A la ferme, ce sont les fonds des cellules qui apparaissent comme points critiques. Chez l’OS, fond de fosses et transferts par élévateurs constituent les principales zones de potentielle infestation.

La sensibilité du système de contrôle d’absence d’insectes vivants utilisé pour l’agréage est d’un insecte adulte par kilo de céréale. Avec cette méthode, si le lot contient 1 insecte/10 kg (1I/10 kg), on ne le détecte pas. Or sur 20 t cela fait 2000 individus dans le lot, ce qui est loin d’être négligeable. Le problème reste majeur si l’on dénombre 1 I/q. «Il faut donc un système de détection plus efficace.» Les chercheurs sont parvenus à modéliser la cinétique de développement des insectes. Il est alors possible de déterminer le temps de latence avant le franchissement du seuil de détection de l’agréage.

Il faut dans un premier temps chercher les insectes. Ils sont pisté là où l’on a le plus de chance de les trouver, à savoir dans les zones un peu plus chaudes du silo, donc sur le dessus des stocks. Ces parties sont en effet les premières à se réchauffer à la remontée des températures extérieures. Plusieurs techniques de détection des insectes sont à la disposition des OS. La pose de pièges, enfoncés dans les tas de grains, va permettre de mesurer la population, mais cette solution ne détecte que les insectes circulant dans le lot. Elle présente donc des limites, notamment si l’on s’intéresse au charançon dont la larve, néfaste, vit dans le grain.

Il est alors intéressant d’utiliser la méthode de détection acoustique. Elle va, elle, s’intéresser à l’activité des insectes en mesurant le bruit qu’ils émettent. Les sons captés sont traduits en coups par minute, ce qui permet de mesurer la densité de population. Ces données permettent de construire une échelle de gravité d’infestation. A moins d’1 I/10 kg, on peut conclure à l’absence d’infestation, à 1 I/3kg, l’infestation est qualifiée de moyenne. A 1 I/1 kg, ce qui correspond au seuil de détection à l’agréage, elle est moyenne à forte. L’infestation est jugée forte si l’on dénombre plus d’1 insecte par kilo. De plus, le spectre acoustique émis par le charançon diffère selon son stade de développement. Cela va permettre de déterminer si le lot est infesté par des adultes ou des larves, et dans ce cas, de prédire son évolution.

Des sondes acoustiques peuvent être disposées dans les stocks de grains. Les sons captés seront transmis à un ordinateur. Ces données peuvent alimenter un logiciel de traçabilité. Il existe également des systèmes portables avec trois sondes à placer jusqu’à une profondeur d’1,4 m. Ces équipements permettent, par exemple, de réaliser un auto contrôle avant l’envoi au client.

Pour tracer les populations d’insectes rampant, l’OS peut utiliser des pièges attractifs. Pour le tribolium, celui-ci sera à base de phéromones. Les insectes volants seront identifiés grâce à des pièges lumineux équipés de plaques adhésives. Pour la mite de la farine, qui n’est pas attirée par la lumière, on aura une fois encore recours aux phéromones.

Intégration des systèmes préventifs

L’ensemble des informations liées à la présence d’insectes, mais également de moisissures pour le contrôle de présence de mycotoxines, peut être intégré à un logiciel dit “système expert”. Celui-ci reçoit les données relatives aux conditions de stockage (température, humidité, activité de l’eau, présence d’impuretés) et celles concernant les agents biologiques de détérioration (qualité des grains, présence de moisissures et d’insectes). Le logiciel intègre ces informations à ses connaissances propres et détermine la dynamique physiologique du grain, des moisissures et des insectes. Il connaît également les moyens dont dispose l’OS pour intervenir sur les conditions de stockage (nettoyage, séchage, refroidissement, traitement insecticide) et fournit des conseils d’aide à la décision en évaluant la qualité initiale du lot et la durée de stockage possible sans qu’il y ait de risque sanitaire. Cela permet à l’OS de planifier sa stratégie de stockage et de surveillance. Bref de faire de la gestion préventive de la qualité sanitaire. L’OS peut intégrer à son installation un automate de ventilation, des sondes hygrométriques, thermométrique et acoustiques, et ainsi contrôler tout ces paramètres automatiquement.

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