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Blé dur
Savoir saisir les opportunités à l’exportation

Dans un contexte lourd, l’export français s’avère difficile sur 2009/2010

LA PLANÈTE a engrangé deux bonnes récoltes de blé dur consécutives. La production atteindrait même en 2009/10 son 2nd meilleur niveau de tous les temps, à un peu plus de 40 Mt, selon le CIC. La campagne est marquée par un ralentissement des échanges en raison notamment de la moindre demande du Maghreb, où la production s’est également avérée importante. En retrait de 0,5 Mt sur l’année, le commerce mondial est au plus bas, renouant avec ses niveaux de 2002/03, comme l’a souligné Xavier Rousselin, représentant de FranceAgriMer lors des journées Filière blé dur qui se sont tenues à Vendôme (41) les 28 et 29 janvier. Résultat, à environ 5,1 Mt, les stocks attendus en fin de campagne chez les 3 principaux exportateurs mondiaux, Canada, Etats-Unis et UE, sont lourds. Des réserves qui représentent 40 jours de consommation, contre 30 jours fin 2008/09, et seulement 16 la campagne précédente. Cela pèse sur les prix. De 355 $/t en juillet 2009, le CWAD 1 fob Saint-Laurent ne vaut plus que 258 $/t en janvier.

Des ventes canadiennes dynamiques… en particulier vers l’UE
    Si les échanges globaux reculent, l’activité des exportateurs nord-américains reste dynamique. Canada et Etats-Unis voient leurs parts du marché mondial s’accroître. Les expéditions canadiennes atteignaient 1,5 Mt mi-janvier 2010, soit une hausse de 14 % sur l’année, selon le CIC. Si les expéditions vers l’Afrique du Nord régressent, celles à destination de l’UE gagnent du terrain. Mi-janvier, les importations européennes avaient bondi de 162 % sur un an, avec près d’1,6 Mt de certificats accordés. Les origines ? Canada, USA mais aussi Mexique et Kazakhstan. Les expéditions de l’UE chutent en revanche. Au 12 janvier, les permis d’exportation ne s’élevaient qu’à 273.000 t, en baisse de 60 % sur la même période de 2008/09. A noter néanmoins une accélération, en décembre, pour alimenter l’Algérie qui a profité de conditions spéciales à l’importation. Sur la campagne les ventes européennes sur pays tiers sont anticipées à 2,1 Mt, contre 3,2 Mt l’an passé et 2,2 Mt en 2007/08. Pour l’Hexagone, FranceAgriMer table, pour rappel, sur un volume de 0,725 Mt exportées au sein de l’UE (contre 0,75 Mt en 2008/09) et 0,325 Mt sur pays tiers (0,35 Mt). L’Italie et l’Algérie restent les principales destinations des blés durs français, la première ayant représenté 34 % des expéditions en 2008/09, et la seconde, 30 %.

Bien gérer le tempo de la mise en marché
    Réalisant près de 60 % des échanges mondiaux, le Canada occupe une position dominante sur le marché, qui a joué des tours aux opérateurs européens. De 4,2 Mt annoncées au printemps, la récolte canadienne a été régulièrement revue à la hausse pour finir à 5,5 Mt aujourd’hui. Les premiers chiffres ont créé “ une certaine rétention en France et Espagne notamment ”, a rappelé Patrick Niderœst de la société Victor Giral. “ Vigilance ” donc quant à l’exploitation des informations émanant du pays. Le Canadian Wheat Board se défend d’avoir fait de l’intox.
Dans une année atypique au niveau de la météo, “ septembre nous a sauvés ”, assure-t-il. La situation a néanmoins conduit à un paradoxe souligné par Jean-Philippe Everling, de Granit Négoce : “ ce sont les détenteurs de blé dur de mauvaise qualité qui s’en sont le mieux sortis ”, prenant l’exemple de “ la Grèce qui a cherché à vendre vite quand les autres faisaient de la rétention ”. En France, en revanche, sur un marché orienté à la baisse “ durant le second semestre 2009, nous avons toujours été derrière les offres américaines et canadiennes ”, précise Patrick Niderœst. Philippe Kerbidi de l’union Invivo, rappelant que “ la demande en blé dur est peu élastique ” met pour sa part en garde : “ s’il y a trop de blé dur, il faut vendre sinon c’est une campagne et demie qui est gâchée ” ! Les perspectives pour 2010/2011 sont d’ailleurs pesantes (cf. Article en UNE).
    Sur février-avril, “ une fenêtre de tir s’ouvre pour le blé dur français avec la fermeture des grands lacs canadiens ”, a certifié Xavier Rousselin. Avec des prix bas, les consommateurs pourraient se manifester. Aux Français de savoir en profiter. Regrettant la “ conjoncture d’éléments massacrant les prix ”, Philippe Kerbidi insiste : “ il faut jouer sur le tempo de la mise en marché ”. Pour lui cela relève du dynamisme commercial, mais également “ intellectuel ” de la filière. “ Un rouage est grippé et la belle mécanique s’arrête ! ” La filière travaille à la mise en place d’un marché à terme du blé dur. Une solution peut-être pour diminuer la frilosité des vendeurs.

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