Changement climatique : le blé tendre devient une culture risquée en Beauce
Lors de l'édition 2025 des Journées techniques des industries céréalières (JTIC) à Auxerre le 16 octobre, le cabinet Diagorisk a présenté les résultats d’une étude prospective sur les impacts du changement climatique. En cas d’inaction, l’étude aboutit à la conclusion que la collecte de blé tendre risque de subir de fortes variations en Beauce à l’horizon 2035.
Lors de l'édition 2025 des Journées techniques des industries céréalières (JTIC) à Auxerre le 16 octobre, le cabinet Diagorisk a présenté les résultats d’une étude prospective sur les impacts du changement climatique. En cas d’inaction, l’étude aboutit à la conclusion que la collecte de blé tendre risque de subir de fortes variations en Beauce à l’horizon 2035.
Le cabinet DiagoRisk a chiffré les impacts du changement climatique sur trente et un terroirs en région Centre Val-de-Loire. Cette étude comporte trois volets : l’évolution des risques de 2020 à 2035 puis à 2050, les solutions d’adaptation des assolements et les stratégies d’adaptation. Cette étude commanditée par l’association Pluriagri a été présenté lors de l'édition 2025 des Journées techniques des industries céréalières (JTIC) le 16 octobre à Auxerre. Martine Jullien, présidente de Pluriagri, a parfaitement introduit le sujet : « La production et la filière, vous serez sur le même bateau puisqu'à l’échelle d’une région, on voit que la production de blé tendre va être fortement challengée dans les prochaines années ».
Un risque multiplié de 2,5 à 4 sur le blé tendre en 2050
Luc Boucher, directeur de DiagoRisk, a quantifié les risques d’un point de vue assurantiel pour déterminer le coût de l’inaction face au changement climatique et ses aléas croissants. Cette étude démontre que le risque sur le blé tendre est multiplié par 2,5 à 4 en 2050. « C’est sa seule culture dont le risque augmente en 2035 et celle qui est le plus touchée en 2050 », indique Luc Boucher.
Le risque d’une collecte de 450 000 t en 2050, contre un potentiel actuel de 740 000 t
D’après les calculs du cabinet, le potentiel de production actuel du blé tendre se situe à 740 000 t en Beauce avec une variabilité annuelle de 30 000 t. Cette fluctuation moyenne est évaluée en hausse à 70 000 t en 2035 et 135 000 t en 2050. De plus, Luc Boucher ajoute : « En 2050, la récolte pourrait être inférieure à 450 000 t tous les sept ans… On va avoir une accélération des impacts du réchauffement climatique à partir de 2035 ».
Le blé tendre n’est plus une culture refuge
Le surcoût du risque en blé tendre est compensé de façon minime par le colza et l’orge jusqu’en 2035. Ensuite, le risque s’accroît aussi à l’horizon 2050 pour le colza ou encore le maïs : « On va être aussi exposé à des accidents climatiques plus marqués. Le blé tendre, c’est aujourd’hui la principale culture de la région et celle qui va être proportionnellement la plus impactée et où la dégradation est la plus rapide », indique Luc Boucher. A ce sujet Martine Jullien ajoute : « Pour nous, c’est une vraie découverte car on avait tendance à parler du blé tendre comme d’une culture refuge ».
Quelles solutions d’adaptation en 2050 ?
Le cabinet DiagoRisk est en cours de test sur trois niveaux de solutions et d’adaptations. Le premier niveau consiste à ajuster les pratiques culturales pour limiter les risques avec une adaptation des dates de semis, des variétés, l’utilisation de l’irrigation ou le drainage. En second lieu, il s’agit d’introduire de nouvelles pratiques comme le semis sous couvert ou encore l’agroforesterie. Le troisième palier consiste à étudier l’évolution de l’assolement avec de nouvelles cultures et des diversifications. Avec ces prochains résultats, Luc Boucher envisage de bâtir des stratégies d’adaptations pour accompagner les agriculteurs et les filières.
L’assurance garde toute sa pertinence
Martine Jullien a ajouté : « L’assurance garde toute sa pertinence avec l’augmentation de ces risques. Certes, elle va coûter plus cher à la fois pour les agriculteurs et les pouvoirs publics. Il faudra regarder aussi des outils complémentaires comme l’épargne de précaution. »
Et la présidente de Pluriagri de conclure : « Pour sécuriser les approvisionnements des filières, il est temps à présent de réfléchir à des démarches de contractualisation pour conforter les producteurs ».