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SPÉCIAL RECHERCHE
« Pour jouer sur la santé humaine, nous nous intéressons au sol »

La Dépêche - Le Petit Meunier : Vous organisez les 5 et 6 avril prochains les journées de la recherche sur le thème “Agriculture à vocation santé et environnement : le champ des possibles”. Vos travaux étaient jusqu’ici plutôt associés à la santé. La composante environnementale est-elle une nouvelle préoccupation ?
Pierre Weill :
Le postulat qui guide toute notre action est que les déséquilibres dans l’alimentation humaine sont liés à des déséquilibres au champ. Ainsi, les déficits d’apports en oméga 3, sur lesquels nous avons travaillé et qui ont abouti à la mise en place de produits enrichis par une meilleure alimentation des animaux, étaient avant tout dus à un problème agronomique : la disparition de certaines cultures naturellement riches en ce type d’acides gras, comme le lupin ou le lin. Depuis 2000, quelque 30.000 ha de lin ont ainsi été déployés par les filières Bleu-Blanc-Cœur en France et en Angleterre. La composante environnementale est donc à l’origine de toute notre démarche. Pour jouer sur la santé humaine, nous nous intéressons au sol, à la plante puis à l’animal. Cette approche est une grande tendance aujourd’hui, mais nous avons été précurseurs.
    Par ailleurs, nous allons par exemple présenter lors de ces journées, l’avancée de travaux collectifs sur la prédiction des dégagements de méthane des vaches par la connaissance du profil en acides gras du lait. Et, si en 2008, nous avons signé avec les ministères de l’Alimentation et de la Santé une charte d’engagement reconnaissant l’intérêt de nos travaux sur le plan nutritionnel, nous sommes sur le point d’officialiser notre contribution à l’environnement avec le ministère concerné. Notre première communication sur les dégagements de méthane date de 2003. C’est finalement surtout notre communication qui a évolué.

LD - LPM : Cette logique d’alimentation santé  par une approche transersale peut-elle avoir d’autres applications ?
P.W. :
Dès que nous constatons un décalage entre besoins et apports nutritionnels, nous cherchons à rétablir le défaut en remontant la chaîne de production. Cela peut passer par un travail du sol permettant de libérer certains oligoéléments, acides aminés ou acides gras, par exemple.

LD - LPM : Vos travaux de recherche associent les équipes de l’Inra. Comment ce partenariat s’articule-t-il ?
P.W. :
L’Inra compte 14 départements allant de la nutrition humaine à la génétique végétale. Nous collaborons avec 7 d’entre eux sur toutes sortes de projets, ce qui nous apporte une vraie approche transversale. Valorex compte 100 employés dont 30 ingénieurs et docteurs en sciences qui sont pour certains externalisés, le temps de la réalisation de leur thèse, dans les organismes de recherche publique, comme l’Inra ou le CNRS.
    Avec le système d’appels à projets de l’Agence nationale pour la recherche, les sujets doivent présenter un intérêt pour l’économie française. Ils sont de fait de plus en plus conséquents et collaboratifs, associant davantage de laboratoires et d’industriels. Transqual, étude des acides gras Trans, a par exemple mobilisé près de 20 partenaires ! Chaque année, nous prenons part à une quinzaine de projets. Nous allons restituer les résultats de certains lors de ces journées de la recherche. Nous présenterons, entre autres, les conclusions d’Alleg-Nutri qui s’est penchée sur les allégations Santé et a associé chercheurs du CNRS, école de marketing et Bleu-Blanc-Cœur. Cette étude montre que les consommateurs sont hermétiques à ces informations. Si 70 % des Français ont entendu parler des oméga 3 et pensent qu’ils sont bons pour eux, ils croient aussi qu’ils ont été ajoutés dans le produit et les rejettent. Les gens ne veulent pas qu’on leur explique les détails des apports et de leurs effets. En revanche, ils comprennent intuitivement qu’une vache bien nourrie est heureuse et donne de bons produits. Nous n’apposons donc plus en gros la mention “oméga 3 naturels” sur notre logo Bleu-Blanc-Cœur. ça ne sert à rien, au contraire.

LD - LPM : Vous avez créé cette association Bleu-Blanc-Cœur en 2000. Quel poids économique représente-t-elle aujourd’hui ?
P.W. :
Elle vit de la redevance des entreprises utilisatrices du label qui lui reversent 0,2 % du CA généré. En 2010, le total devrait atteindre 400 M€. Boulangerie, lait, charcuterie, viandes, œufs… l’offre est désormais très large.

LD - LPM : La baisse du pouvoir d’achat ne pénalise-t-elle pas les ventes de ce type de produits ?
P.W. :
Nous nous sommes engagés à un surcoût de production de 5 % maximum, mais ne maîtrisons pas les marges de l’aval. Plusieurs entreprises, comme Candia, ont néanmoins, dans une logique de différenciation vis-à-vis de la concurrence, fait le choix d’élargir la démarche Bleu-Blanc-Cœur à toutes leurs références, sans augmenter le prix. Nous ne ressentons en tout cas pas de baisse de la demande. Les ventes affichent une croissance de 40 % et ce chaque année depuis le lancement !

LD - LPM : Valorex qui finance, par son activité industrielle notamment, la recherche mise à disposition de l’association a aussi développé une activité de conseil via FCI (Filière conseil ingénierie). Pouvez-vous nous en dire plus ?
P.W. :
Nous proposons en effet nos services en tant que consultant, pour la meunerie et les laiteries notamment. Et ce en France mais également à l’étranger. Nous y accompagnons les entreprises pour les aider à trouver les fournisseurs locaux.

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