Peine perdue
Le mythe des marchés autorégulateurs a la peau dure. La crise alimentaire et la débâcle financière ont beau avoir exposé au grand jour les travers de ce dogme, les décideurs européens continuent de pousser les marchés agricoles en ce sens. En effet, l’accord obtenu dans le cadre du bilan de santé de la Pac détricote encore un peu plus les outils de gestion. Le ministre de l’Agriculture français se félicite du maintien d’un minimum de leviers. Mais pour les opérateurs des filières des grandes cultures, ce compromis est un échec. Ils l’avaient pourtant dénoncé à maintes reprises : un système assorti d’adjudications de Bruxelles ne ferait qu’opacifier davantage des marchés déjà en ligne avec les prix mondiaux. Les professionnels appellent désormais à prendre les devants pour esquisser la Pac de l’après-2013. Michel Barnier s’acharne à faire adopter – avant que la France ne cède sa place à la tête de l’Europe, en décembre – un texte où préférence communautaire et stabilisation des marchés auraient encore leur place. Mais la pugnacité de l’Hexagone agace. Certains, comme l’Allemagne pourtant alliée traditionnelle, s’irritent de la pression tricolore à encadrer les débats avant même qu’ils aient lieu. D’autres veulent au contraire anticiper. Mais pas dans le sens où la France l’entend. Ils réclament impérativement une mention imposant l’évolution vers le libéralisme !