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Interview de Benard Valluis, président délégué de l'Association nationale de la meunerie française
« Nous encourageons nos clients à prendre position sans tarder »

La Dépêche - Le Petit Meunier : Les disponibilités en blé tendre de qualité seraient étroites, laissant craindre des difficultés d’approvisionnement des utilisateurs. Quelle vision la meunerie française a-t-elle de la situation ?

Bernard Valluis :
Nous le savons, la campagne céréalière mondiale est tendue. Si à l’échelle mondiale, cela concerne plutôt le maïs, au niveau de l’Europe et de la France le bilan est surtout serré en blé. On note quoi qu’il en soit une résonnance entre les deux marchés notamment par le biais de la demande de la nutrition animale. La relative faiblesse de l’euro par rapport au dollar –autour de 1,30– rend les céréales françaises compétitives à l’international. Et la qualité permet aux blés de l’Hexagone de se substituer à l’origine mer Noire auprès de ses clients importateurs. Les engagements français à l’export se sont de fait réalisés sur un rythme soutenu. Et les disponibilités se réduisent comme peau de chagrin. FranceAgriMer a retenu un chiffre de 11,8 Mt d’exportations sur pays tiers pour l’ensemble de la campagne. Mais plusieurs exportateurs français avancent des estimations supérieures, allant jusqu’à 13 Mt ! Le stock comptable d’1,9 Mt évalué aujourd’hui pourrait donc encore diminuer. Au niveau européen, une fois les estimations d’exportations défalquées, le solde tomberait à 6 Mt, selon le dernier bilan disponible. Ce qui n’est pas bien gras au regard des besoins. Dans la situation actuelle, avec un stock outil attendu à moins de 2 Mt au 30 juin en France, nous nourrissons de grosses inquiétudes concernant l’approvisionnement de l’industrie meunière durant la période de soudure. Avec un report couvrant moins d’un mois de besoins intérieurs et à l’exportation, le moindre aléa climatique, provoquant un retard dans la moisson, se révélerait très compliqué à gérer.

LD-LPM : Existe-t-il selon vous des moyens d’atténuer le problème ?

Bernard Valluis  : Nous avons peu d’outils pour éviter cette situation difficile. Une première option serait de limiter l’export. Nous n’y avons jamais pensé. Une telle mesure, qui se déciderait de toute manière au niveau communautaire, serait un très mauvais signal à donner à la communauté internationale. Une autre possibilité serait de demander à la filière bioéthanol de réduire sa consommation de blé. Cela est exclu.
    La seule alternative souhaitable est de demander la suspension temporaire des droits sur les contingents d’importation de céréales dans l’Union européenne. L’idée n’est pas forcément que la France soit amenée à importer. L’objectif serait de rééquilibrer le bilan communautaire et de modérer les ventes françaises à destination des consommateurs de l’Union européenne.


LD-LPM : Selon nos échos, les industriels ne seraient pas tous couverts. Qu’en est-il ?

Bernard Valluis  :
Certains clients de la BVP tardent à prendre position à l’achat. Or les meuniers ne sont jamais assurés de remporter les contrats espérés. Résultat, ils sont contraints de se couvrir au fur et à mesure. Quelles que soient la situation finale et la véracité des chiffres avancés actuellement, la fin de campagne sera très tendue. Nous encourageons donc tout le monde, et en particulier les clients des meuniers, à prendre position plutôt que de rester dans l’expectative. D’autant que ce comportement contribue à la tension du marché. Se couvrir sur Euronext est une chose, mais à un moment il faudra bien trouver du blé et cela risque d’être dur. FranceAgriMer a d’ailleurs envoyé un message sans équivoque qui va dans le même sens : l’établissement demande aux acheteurs de se couvrir sans tarder (cf. p12). Une prise de position inhabituelle et donc révélatrice. Le problème est que, sur le marché intérieur, il est difficile d’acheter si l’on n’a pas l’assurance que l’on a la capacité de vendre sa production.

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