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“Nous devons répondre à la demande en continu, y compris pendant la période d’intercampagne”

La Dépêche-Le Petit Meunier : Quels bilan et enseignements tirez-vous de la campagne d’exportation céréalière qui s’achève ?
Valérie Chanal :
Malgré les craintes liées à la sécheresse de juin 2011, la récolte s’est révélée bonne en termes quantitatif, et qualitatif et nous a permis de répondre à la demande à l’exportation. La France se positionne à l’international comme un partenaire pérenne à même de fournir des volumes réguliers. Nous bénéficions en effet d’un climat assez stable et tempéré et sommes moins dépendants des décisions politiques que ne peuvent l’être nos concurrents de la mer Noire ou d’Argentine qui sont, à certains moments, totalement absents du marché mondial. En 2011/2012, nous avons subi la concurrence inédite de l’Amérique du Sud sur nos marchés traditionnels du blé tendre et des orges, de mouture mais aussi brassicoles.

LD-LPM : Que représente votre activité ?
V. C. :
L’export, vers les pays tiers et l’UE, constitue le premier poste du bilan céréalier français. Nos clients sur pays tiers sont principalement des meuniers et partagent les attentes de leurs homologues français. En 2011/2012, près de la moitié de la récolte française en blé a été exportée, ce qui représente un chiffre d’affaires de 7 Md€, soit l’équivalent de la valeur de cent Airbus A320. Notre secteur contribue donc à limiter le déficit du commerce extérieur français qui est de l’ordre de 65 Md € . Avec le secteur de l’aéronautique, l’exportation céréalière constitue l’un des cinq secteurs d’activité de l’Hexagone affichant un solde commercial positif. 

LD-LPM : Comment se présente 2012/2013 ?
V. C. :
Il y a près de deux ans, le Synacomex a été à l’initiative de la mise en place de l’outil français de crop rating “Céré’Obs”. Cet outil permet de suivre l’état des cultures tout au long de la campagne. Il répond bien à la demande qui a été faite de permettre à l’ensemble des acteurs de mieux appréhender les perspectives de récoltes. Le tout en réduisant les risques de volatilité excessive de notre marché liés aux incertitudes, tant quantitatives que qualitatives, sur les moissons à venir.
En effet, nous redoutons beaucoup les effets d’annonce, sur la sécheresse ou les inondations par exemple. Il faut manier les informations avec prudence. Tant que la récolte n’est pas là, rien n’est joué ! Nous devons nous attacher à montrer à nos clients que nous sommes toujours à même de répondre à leur demande. Et la campagne se joue dès les premiers jours. Nous devons rester présents toute l’année, y compris sur l’inter-campagne !
Du fait de notre proximité géographique et historique, l’Algérie reste la principale cliente de nos blés tendres et durs. Et nous sommes son principal fournisseur. Cependant, le niveau de la demande est constant, chaque contrat est donc important. Nous ne devons pas les laisser passer et, une fois encore, alimenter le marché en continu. Le prix des céréales à l’export définissant celui du marché intérieur, il est d’autant plus indispensable d’éviter les à-coups.

LD-LPM : Les évènements du “printemps arabe” ont-ils eu un impact sur les politiques d’achats ?
V. C. :
En plus des problèmes politiques se posait, dans les pays concernés, celui de l’alimentation. Nous sommes restés présents pour répondre à tous les appels d’offres. Cependant il est à relever que certains de nos clients connaissent des difficultés financières  et que nous  rappelons régulièrement à notre administration l’importance d’accompagnements publics de type Coface. Nous devrions renforcer nos collaborations avec cette structure pour définir les pays à risques, ceux qui ont besoin d’un approvisionnement prioritaire, etc.

LD-LPM : Quel est le rôle de votre syndicat ?
V. C. :
Le Synacomex représente les exportateurs de céréales et les importateurs de matières premières pour l’alimentation animale. L’une de nos forces est de regrouper l’ensemble des intervenants d’une opération d’exportation et/ou d’importation, puisque nous comptons aussi parmi nos adhérents des représentants de la logistique ou du traitement des grains. Cela nous permet de répondre à des problèmes techniques particuliers liés à nos activités.
Nous travaillons par ailleurs à la promotion de notre offre céréalière, en étroite collaboration avec France Export Céréales. Nous assurons aussi un rôle de lobbying auprès des instances françaises et européennes, en appui des autres syndicats professionnels des filières céréalières et oléagineuses. Nous suivons par exemple les dossiers logistiques (44 t, logistiques portuaires...), ou des contaminants. Nous sommes force de propositions en faisant valoir les problématiques qui nous sont inhérentes. Notre initiative concernant “Céré’Obs” a été observée dans un premier temps de manière dubitative mais finalement le document est désormais attendu chaque vendredi par l’ensemble des acteurs de la filière. Nous avons aussi soulevé la question des impuretés/poussières à l’export. Des travaux d’amélioration de la présentation des lots sont en cours avec Coop de France et Arvalis. Nous sommes le dernier maillon de la chaîne. Nous ne parvenons à exporter que grâce au travail de l’amont. La qualité de nos expéditions est la résultante des efforts de l’ensemble de la filière, où qualité, quantité et logistique restent les maîtres-mots. Par ailleurs, nous avons été un interlocuteur de l’administration dans le cadre des travaux du G20 sur la volatilité et la régulation. Cela a été pour nous l’occasion de rappeler que notre finalité reste d’alimenter nos clients selon leurs exigences techniques.

LD-LPM : Quelles perspectives nous réserve le débouché égyptien, premier consommateur mondial ?
V. C. :
Nous avons su répondre au marché égyptien lorsque leurs principaux fournisseurs (Russie, Ukraine) étaient absents du marché. Cependant pour devenir un fournisseur régulier, il nous faudra effecteur un travail d’amélioration de la qualité de nos blés (protéines, humidité). Ce travail n’est pas du seul ressort de notre secteur mais concerne l’ensemble de la filière. Nous restons très attentifs à l’évolution des attentes du marché égyptien, et de l’ensemble de nos clients en général.

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