Moisson 2025 : une semaine décisive pour le potentiel de production des cultures de printemps
Pois, féveroles, orges, maïs, tournesols… Les cultures de printemps tiennent bon, mais les fortes températures inquiètent.
Pois, féveroles, orges, maïs, tournesols… Les cultures de printemps tiennent bon, mais les fortes températures inquiètent.

S’il est encore trop tôt pour trancher sur le rendement des cultures de printemps, le constat est partagé : les potentiels restent ouverts, mais la météo des jours à venir sera décisive. Tour d’horizon des principales productions dans quelques régions clés.
Des cycles végétatifs pénalisés par un printemps sec
Dans l’Eure et les Yvelines, Gaëtan Synaeve, responsable filières chez Sevépi, évoque un cycle ralenti par les conditions sèches du printemps. Le maïs a pris du retard et les pois protéagineux, s’ils sont « beaux et relativement sains », sont très peu présents cette année. Même ton chez Jérémy Jacquet, de Néograin en Champagne : « Le maïs peine à se développer, et les protéagineux ont quasiment disparu du paysage. »
Les protéagineux ont quasiment disparu du paysage.
En Champagne, Frédéric Wiart, responsable collecte chez Vivescia, confirme la tendance : le maïs, semé dans de bonnes conditions, a souffert localement de dégâts d’oiseaux et de gibier, tandis que les pois, qu’ils soient d’hiver ou de printemps, présentent un état sanitaire satisfaisant, malgré quelques hétérogénéités. Mais l’orge de printemps reste la culture la plus affectée par le manque d’eau.
Le maïs peine à se développer.
« Les orges de printemps sont celles qui ont le plus souffert du déficit hydrique depuis le début de l’année », précise Frédéric Wiart. Une situation particulièrement marquée en Champagne pour les orges à deux rangs (2RP) de printemps : le faible nombre d’épis par mètre carré, souvent autour de 600, reflète les difficultés d’implantation liées à la sécheresse. Si la fertilité des épis reste correcte, il faudra un bon PMG pour espérer sauver le rendement. « En revanche, les 2RP semées à l’automne affichent un potentiel bien plus prometteur, avec des composantes de rendement proches de celles des 6 rangs d’hiver », nuance Jérémy Jacquet, de Néograin.
Les orges de printemps reste la culture la plus affectée par le manque d’eau.
Une situation confirmée par Benjamin Broyet, directeur du pôle agricole de Dijon Céréales : « Le manque d’épis en début de cycle et le coup de chaud du mois d’avril ont affecté le rendement, même si le poids spécifique (PS) et le calibrage devraient rester bons. » Il anticipe des résultats dans la moyenne historique, sans grandes déceptions mais sans excès non plus.
Sur la façade Atlantique, Simon Jean, d’Atlantique Céréales, note que les premiers retours d’orge sont supérieurs à la moyenne régionale de 5 q/ha dans le Sud-Ouest et le Poitou-Charentes. Les PS varient entre 62 et 65, des niveaux satisfaisants. En revanche, il s’inquiète pour le maïs et le tournesol : « Il faudrait de l’eau rapidement, mais ce n’est pas prévu. »
Des cultures sous pression thermique
En Bretagne, Philippe Lecuyer, responsable agronomique chez Eureden, alerte quant à lui sur les effets possibles des fortes chaleurs attendues. « Les pois et les féveroles risquent de souffrir, cette semaine pourrait leur faire très mal », prévient-il. Même vigilance sur les orges de printemps, qui pourraient ne pas supporter un nouvel épisode de stress thermique.
Les pois et féverole risquent de souffrir des températures élevées.
Côté soja, les stades sont très variables selon les secteurs. En Champagne, ils en étaient à la levée à quatre feuilles trifoliées la semaine dernière selon Vivescia, avec là aussi une attente forte de précipitations pour soutenir le développement. Le tournesol, de son côté, subit une pression généralisée de pucerons, provoquant des symptômes de gaufrage des feuilles dans certaines zones.
Le tournesol subit une pression généralisée de pucerons.
En somme, malgré des implantations globalement réussies, les cultures de printemps sont à un tournant. Tout se joue actuellement, résume un technicien. Et pour les producteurs, l’enjeu est clair : du soleil d’accord, mais avec des alternances de pluie.