Meunerie française : des prix de farine qui suivent la tendance baissière des cours du blé tendre depuis 2023
L’Association nationale de la meunerie française (ANMF) a publié ses chiffres clef pour l’année 2024. Une année en demi-teinte, entre hausse des volumes de farine et baisse de la rentabilité du secteur.
L’Association nationale de la meunerie française (ANMF) a publié ses chiffres clef pour l’année 2024. Une année en demi-teinte, entre hausse des volumes de farine et baisse de la rentabilité du secteur.

Si la vente de farines par les meuniers (hors importations opérées par les industriels et les distributeurs) atteint un sommet depuis 2015, avec 3,86 Mt commercialisées en 2024, le recul des prix provoque la diminution du chiffre d’affaires de la meunerie française, qui passent de 2,21 milliards d’euros (Md€) en 2023 à 2,01 Md€ l’an dernier.
Les indices de prix de la farine poursuivent leur baisse, entamée en 2023, dans le sillage des cours du blé tendre français sur Euronext qui ont retrouvé en 2024 leur niveau de 2021.
Une rentabilité en chute libre
La rentabilité de la meunerie française est « parmi les plus faibles des industriels alimentaires avec un taux de résultat d’exploitation de 2 % à 4 % du chiffre d’affaires, contre plus de 7 % pour l’industrie agroalimentaire (IAA) », déplore l’ANMF. Et le syndicat professionnel d’ajouter : « Cette rentabilité s’est considérablement dégradée au cours des cinq dernières années pour aboutir à un résultat moyen négatif en 2023 (-1 % contre -3 % pour l’IAA) ».
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Cette érosion est à mettre sur le compte de la progression des charges de production, « qui ne sont pas intégralement répercutées sur les prix de vente des farines ». Et la situation ne devrait guère s’améliorer en 2024, selon l’ANMF.
Une balance commerciale au déficit record
2024 se caractérise par un record en termes de déficit commercial concernant les échanges de farine, de près de 200 000 tonnes. Le regain d’intérêt pour les farines françaises en dehors de nos marchés traditionnels, dont les exportations atteignent 215 000 t l’an dernier, n’a pas suffi à compenser la nette hausse des importations, qui culminent à 400 000 tonnes.
« Les importations sont principalement à destination de la grande et moyenne distribution (GMS) pour les marques de distributeur (MDD) et les premiers prix, et d’industriels le plus souvent proches des frontières », précise l’ANMF dans un communiqué de presse en date du 10 juin.

Les débouchés de la farine française sur le marché européen se consolident, tandis que ceux sur le Moyen-Orient (+49 % en volume entre 2023 et 2024) et l’Amérique (+196 %) progressent fortement. Quant aux fournisseurs de farine à la France, l’Allemagne (+20 % en volume entre 2023 et 2024) est sur la première place du podium, suivie par la Belgique (+188 %) et les Pays-Bas (+159 %).
Un maintien de la demande dans les filières de qualité
« La meunerie française utilise quasi exclusivement du blé français, avec moins de 11 200 tonnes importées sur les 5,23 Mt de blé écrasées en 2024 », précise l’ANMF dans sa Fiche statistique 2024. Il est à noter que les farine de seigle et d’épeautre poursuivent leur croissance en 2024, avec respectivement 16 200 tonnes (+8 %) et 7 800 tonnes (+14 %).
Évolution des chiffres de la meunerie française de 2020 à 2024 | |||||
2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | |
Production de farine de blé tendre (en millions de tonnes) | 3,83 | 3,95 | 3,97 | 3,86 | 4,07 |
dont farine filière bio (en milliers de tonnes) | 152 | 155 | 150 | 139 | 139 |
dont farine filière Label rouge (en milliers de tonnes) | 185 | 242 | 253 | 266 | 267 |
dont farine filière CRC (en milliers de tonnes) | 320 | 496 | 424 | 504 | 320 |
Utilisations sur le marché intérieur (en tonnes) | 3 622 248 | 3 718 651 | 3 744 612 | 3 680 025 | 3 860 568 |
dont boulangerie et pâtisserie artisanale (en pourcentage) | 33,9 | 33,6 | 32,7 | 32,4 | 30,6 |
dont boulangerie et pâtisserie industrielle (en pourcentage) | 22,0 | 24,2 | 24,9 | 25,7 | 24,8 |
dont atelier de boulangerie et pâtisserie en grandes surfaces (en pourcentage) | 5,2 | 4,8 | 4,7 | 4,7 | 4,4 |
dont sachet de farine (en pourcentage) | 6,2 | 4,8 | 4,9 | 3,9 | 3,9 |
dont industries utilisatrices alimentaires (en pourcentage) | 27,1 | 27,6 | 27,5 | 27,7 | 28,5 |
dont alimentation animale et amidonnerie-glutennerie (en pourcentage) | 2,1 | 2,4 | 2,2 | 2,1 | 3,7 |
Exportations sur UE et pays tiers (en tonnes) | 186 250 | 184 721 | 186 031 | 178 203 | 190 232 |
Nombre d'unités de production | 377 | 387 | 395 | 386 | 393 |
Chiffre d'affaires (en milliards d'euros) | 1,64 | 1,71 | 2,15 | 2,21 | 2,01 |
dont chiffre d'affaire sur le marché intérieur (en milliards d'euros) | 1,55 | 1,58 | 1,97 | 2,03 | 1,84 |
dont le chiffre d'affaires à l'exportation (en milliards d'euros) | 0,09 | 0,13 | 0,17 | 0,18 | 0,17 |
Indicateur de marge brute (en pourcentage) | 5,10 | 3,10 | 3,50 | 7,20 | n. c. |
n. c. : non communiqué
Source : ANMF, Fiche statistique 2024, juin 2025.
« La demande de farine dans les filières de qualité se maintient, malgré les difficultés de production qui ont affecté le cahier des charges CRC (-37 % par rapport à 2023 », commente l’ANMF.