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Marché brassicole en plein essor

La consommation de bière décolle dans plusieurs pays, mais la crise s’en mêle

PREVUE en hausse de 2,5 %, la production mondiale de bière ne devrait pas grimper en 2009. « 80 Mhl de bière devraient ne pas être produits », indique Alain Caekert de Malteurop. Une conséquence de la crise économique qu’il commente avec philosophie, se réjouissant déjà d’évoluer sur un marché en pleine croissance : à 1.800 Mhl en 2008, la production brassicole a bondi de 14 % en quatre ans ! Une explosion qui oriente les flux mondiaux de matières premières présentés lors d’un colloque filière organisé par Arvalis, le 5 février à Lille.

Réactions inégales à la crise

La conjoncture économique affecte la consom-mation de bière partout dans le monde, mais avec des nuances. Dans les pays de l’Ouest, la demande devrait rester stable, voire progresser, la bière bénéficiant de la chute de la consommation de boissons de luxe, alcools forts et vins (hors France). Les brasseurs devraient privilégier les bières Low Cost, moins maltées. Dans les zones de forte croissance, il faut en revanche s’attendre à « une baisse ponctuelle de la demande », la bière étant cette fois le produit de luxe. La production brassicole explose en effet dans de nombreux pays. Depuis 2005, la Russie et l’Ukraine ont enregistré une hausse de 33 % de leur production (150 Mhl) ! Si l’activité de maltage a suivi là-bas une tendance similaire, et les récoltes d’orge ont progressé dans de plus fortes proportions (+56 %), ce n’est pas le cas en Afrique, où les volumes de bière gonflent de 6 % par an, indique Jean-Claude Girard d’Interbrau. Ils ont atteint 88 Mhl en 2008. Afrique du Sud et Nigéria sont les principaux brasseurs du continent, qui importe 0,1 Mt d’or-ge et 0,6 Mt de malt. L’UE est son principal fournisseur. Ce marché, « où l’on ne dispose que de peu de statistiques » est « à suivre de près », assure Alain Caekert. Autre grand pôle de consommation : l’Asie, avec une croissance de 9,5 %/an. La Chine vient en tête avec +73 % de bière avalée à 425 Mhl en 2008 ! Mais la hausse de la demande de malt n’est pas calquée sur celle de bière, « le pays pratiquant un versement de 7,75 kg/hl d’eau, contre environ 13kg/hl » pour une 100 % malt française. Le pays en exporte même 0,3 Mt pour une production de 3,6 Mt (dont 0,5 Mt de blé). Il a en revanche besoin d’importer 1,5 Mt d’orge.

L’Argentine, fournisseur à suivre de près

En Amérique du Sud, la production de bière grimpe en moyenne de 5,45 %/an et a atteint 225 Mhl en 2008. Elle a importé pour cela 0,62 Mt de malt et 2,25 Mt d’orge. Le Brésil assure plus de la moitié de ces volumes de bière. Il est contraint d’importer 0,4 Mt de malt, provenant pour 40 % d’Argentine, 32 % de l’UE et 22 % d’Uruguay. Son déficit de 0,4 Mt en orge est en revanche entièrement couvert par l’Argentine, privilégiée par des accords de libres échanges. Les agriculteurs locaux surfent sur la tendance : la production d’orge du pays (à 95 % brassicole) a progressé de 75 % en cinq ans, à 1,6 Mt. 70 % sont exportés sous forme de malt vers l’Amérique du Sud (0,45 Mt des 0,65 Mt générés) dont ils assurent 60 % des approvisionnements. Un engouement d’autant plus marqué que les rendements d’orge dépassent ceux de blé. Les producteurs, qui pratiquent la double culture sur 30 % des terres, associent l’orge plutôt que le blé au soja, dont la productivité se trouve aussi améliorée. Les Argentins se détournent donc du blé dont les surfaces ont chuté de 30 % en cinq ans. Une fois la crise passée, « le pays pourrait quadrupler sa production d’orge sous deux ans ! », indique Juan Albertengo de Negocios de Granos. Les performances de ces pays émergents de la bière sont à opposer aux relatifs statu quo des marchés occidentaux, déjà matures. Les volumes de l’UE stagnent à 405 Mhl depuis deux ans. En Amérique du Nord, ils n’ont gagné que 4 % depuis 2005… à 358 Mhl ! La stratégie dans ces pays ? Segmenter l’offre, du premier prix à la Super premium, et exploiter les tendances de consommation : praticité, plaisir et santé.

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