Hausse des prix / Blé tendre
Les transformateurs veulent pouvoir se couvrir
Les industriels de la transformation de la filière blé tendre destiné à l’alimentation humaine se disent « très préoccupés des conséquences de l’évolution du marché du blé et attirent l’attention sur les risques de ruptures d’approvisionnement à la fin de la campagne », dans un communiqué du 31 janvier. Les syndicats des fabricants de biscuits et pâtisseries, de boulangerie et panification, de céréales pour petit déjeuner et de la meunerie demandent aux autorités françaises et européennes de prendre des mesures pour atténuer la hausse des cours et sécuriser l’approvisionnement du marché intérieur. Ils appellent aussi leurs clients de la grande distribution à exercer leurs responsabilités dans la droite ligne de la LME en ne refusant pas les tarifs et conditions générales de vente de leurs fournisseurs.
Les GMS refusant les conditions tarifaires, la filière ne peut gérer ses achats
La flambée des prix du blé se conjugue à un entêtement des distributeurs à ne pas tenir compte de cette tension. « Les industriels font face à des refus de leurs conditions tarifaires par leurs clients en contradiction avec la LME », dénonce le communiqué collectif. Les renégociations annuelles ont traditionnellement cours jusque fin février. « La grande distribution sous-estime la situation » des marchés, selon Jean-Loup Allain, secrétaire général du Syndicat des fabricants français des biscuitiers et gâteaux. Et elle n’hésite pas à jouer d’un rapport de forces déséquilibré. Mais, « sans visibilité sur leurs négociations pour l’année 2011, les entreprises ne peuvent s’engager avec leurs fournisseurs ni sécuriser leurs approvisionnements », indiquent les transformateurs. Cela explique la relative inertie des industriels dans la gestion de leurs couvertures (cf. n°3381). Et d’insister une nouvelle fois : « Toute contractualisation tardive ne fait qu’amplifier les tensions sur le marché du blé tendre ».
La conjoncture est d’autant plus périlleuse pour les biscuitiers et les industriels de la BVP qu’ils sont aussi confrontés à des flambées sur les marchés des huiles, produits laitiers, cacao ou encore emballages. Or « nos secteurs comptent de nombreuses PME qui n’ont ni les résultats, ni les fonds propres pour résister longtemps à une telle situation », alerte Jean-Loup Allain. Si les entreprises ne font pas encore face à des situations économiques intenables, ce serait, pour certaines, l’histoire de «quelques semaines » estime Jean-Loup Allain. « Nous ne souhaitons pas que de telles situations se présentent et prenons donc les devants. » Les industriels de la transformation appellent ainsi « l’ensemble de ses partenaires à une prise de conscience rapide de ces évolutions ». Ils cherchent aussi à alerter les pouvoirs publics pour faire appliquer la LME. « La compétitivité et le devenir de nos secteurs sont en jeu », insiste Jean-Loup Allain, soient quelque 750 entreprises représentant plus de 63.000 emplois !
Quant aux craintes d’une rupture d’appro-visionnement sur la période de soudure, la prise en compte effective par les GMS de la hausse des prix des matières premières permettra à l’ensemble de la filière de gérer ses achats plus sereinement. Au-delà, les syndicats professionnels demandent la suspension des droits sur les contingents d’importation de céréales dans l’UE, de manière à rééquilibrer le marché. La Commission a jugé, le 27 janvier, cette mesure « sans effet sur le niveau des prix intérieurs », estimant que « les prix européens sont cohérents avec les prix mondiaux » et que l’UE « ne connaît pas actuellement de problème d’approvisionnement ». De plus, « les droits de douane sur le maïs sont déjà à zéro » et « les contingents à droit réduit sont très peu utilisés ». Une première prise de position qui ne de démobilise pas les transformateurs.