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Les transformateurs de blé dur contraints de relever leurs tarifs

Conjoncture – Les cours du blé dur se sont envolés cet été, à l’instar des autres céréales. Mais la tension est cette fois aussi due à une chute de production

À 160 EUROS la tonne début mai, les cours du blé dur rendu La Pallice s’affichent à 230 €/t en ce début septembre. Une envolée qualifiée de « préoccupante » par les industriels des pâtes alimentaires et semoules réunis au sein du Sifpaf et du CFSI, dans un communiqué du 3 septembre. « Déjà fragilisée par les crises précédentes », et notamment la flambée des cours de 2007, et la « concurrence des pays à bas coûts », l’Italie en particulier, le secteur « ne sera certainement pas en mesure d’absorber cette hausse des prix de revient », assure le document. Selon Xavier Riescher, d.g. de Panzani, interviewé par La Tribune, « la hausse est telle qu’il s’agit de la survie de nos entreprises ». Cette situation se traduira donc « par une forte augmentation du prix des pâtes », préviennent les syndicats professionnels. Si le blé dur se laisse emporter vers des sommets par l’ensemble du complexe céréalier, son envolée a aussi des origines structurelles.

Une tension liée aux fondamentaux
« La tension des prix du blé dur ne résulte pas tant de spéculation, de rétention ou de surtaxes à l’exportation comme sur d’autres marchés, que d’un problème fondamental du volume disponible lié à la chute de la production mondiale et en particulier de la baisse observée au Canada », explique Christine Petit, secrétaire générale du Sifpaf et du CFSI. A l’échelle planétaire en effet, les volumes accusent « une chute spectaculaire passant de 41 Mt à 35 Mt, soit un niveau clairement insuffisant pour couvrir les 38 Mt nécessaires à la consommation ». Notons néanmoins que le stock de début de campagne des 3 principaux exportateurs s’élève à 4,7 Mt, contre 3,9 Mt en 2009/10 et 1,7 Mt en 2008/09, selon le CIC. Mais les volumes récoltés au Canada ont chuté de 40 %, tombant à 2,8 Mt. Ce repli s’explique par de fortes précipitations et des semis en net repli, les producteurs ayant limité la part de leurs surfaces consacrée à cette culture en raison du repli des cours en 2009 et de la perspective d’un important stock de fin de campagne. L’offre du pays reculerait finalement de 19 % à 5,9 Mt. Or le Canada assure a lui seul 60 % des échanges mondiaux de blé dur. Et la demande internationale devrait être bien présente. Cette chute de la production se répercute donc automatiquement sur les prix mondiaux. Autre facteur de fermeté : le faible niveau de la récolte italienne. A 3,9 Mt selon le CIC, la récolte du pays, premier producteur mondial, est inférieure de 15 % à la normale. Proche de son niveau de 2008, elle entérine « surtout un déficit d’1,5 Mt par rapport à la consommation » nationale comme le soulignent les syndicats de professionnels français. Résultat, hors Barilla, De Cecco, et Agnesi, beaucoup d’usines italiennes tourneraient à perte, selon Xavier Riescher. Et pour enfoncer le clou, les blés du nord de l’Italie posent des problèmes qualitatifs.

Répercussion de la hausse en rayons « dans des délais courts »
Les transformateurs de blé dur ne peuvent assumer seuls cette tension des cours de la matière première, qui représente aujourd’hui 70 % du prix de revient, comme l’assure Xavier Riescher. D’autant que la tendance s’inscrit dans la durée. « Les industriels seront dans l’obligation de répercuter la hausse dans leur prix de vente, et en l’absence de capacité de stockage significative, cette répercussion aura nécessairement lieu dans des délais courts », précise Christine Petit. Néanmoins, « l’impact de la hausse du blé ne dépassera pas quelques centimes par mois pour le consommateur » pour qui les pâtes restent un aliment de base. Il est même le moins cher puisqu’il permet de servir un plat pour quatre personnes à moins de 50 centimes ! Sur une base de 11 kg/foyer/an, le budget pâtes des ménages s’affiche à 1,30 €/mois.

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