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Alimentation pour animaux
Les produits à base de plantes, une passion dévorante

L’interdiction des facteurs de croissance a conduit le secteur de la nutrition animale à se tourner vers d’autres solutions, dont certains produits à base de plantes. Tour d’horizon.

© Yanne Boloh

Depuis le milieu des années 90 et l’interdiction des facteurs de croissance antibiotiques, la nutrition animale intègre des produits à base de plantes. Les questions sociétales, dont le bien-être animal, motivent aussi l’innovation. Mais la réglementation européenne laisse des zones grises d’incertitudes pour les metteurs en marché.

Plusieurs centaines de produits issus des plantes sont couramment utilisés en nutrition animale, de la mélisse au gingembre, du raisin au yucca, du piment à l’eucalyptus. Mais la R&D et la mise en marché de solutions incorporant ces produits à des fins spécifiques comme le soutien de l’immunité, la réduction du stress ou celle des coccidioses sont contraintes par la réglementation européenne. À l’heure du grand toilettage prévu quant aux autorisations des additifs, le secteur dans son ensemble craint d’ailleurs que le nombre de produits utilisables ne se réduise de moitié, voire d’un tiers.

Les produits à base de plantes se classent en effet soit en matières premières (et donc sans allégation d’efficacité), soit en additifs (en général sensoriels avec des allégations d’appétence uniquement). Certains produits, rares, disposent d’une homologation en tant qu’additif zootechnique et peuvent se prévaloir d’une efficacité « fonctionnelle » comme le Biostron 510 EC de l’autrichien Delacon, destiné aux volailles et autorisé depuis 2017. L’innovation est très active et ouvre de nouveaux champs comme l’additif phytogénique Inedia, le xénosenseur de Biodevas couronné par un Innov’space 2020 qui, en stimulant le métabolisme des xénobiotiques augmente les seuils de tolérances des animaux aux mycotoxines.

Une très large diversité

L’utilisation du terme « extrait » désigne une très vaste réalité : huiles essentielles, jus, poudres, teintures et oléorésines… « Les produits à base de plantes ont toute leur place pour répondre aux enjeux de santé et de bien-être des animaux d’élevage », résume Géraldine Chanu, directrice de l’Afca-Cial, le syndicat français des fabricants d’aliments complémentaires, de prémélanges d’additifs comme les fournisseurs d’additifs et d’ingrédients fonctionnels pour la nutrition animale. L’Afca-Cial vient même d’éditer son guide de bonnes pratiques (lire p. 5). L’étude que le syndicat avait réalisée en 2018 auprès de ses adhérents montrait déjà une forte adhésion dans l’Hexagone, 87 % des répondants en incorporaient alors dans leurs aliments ou prémélanges.

Trois voies de distribution en élevage coexistent : le fabricant d’aliment (qui incorpore des noyaux fournis généralement par sa firme service), la distribution de produits dans l’eau de boisson, le réseau vétérinaire.

Si le bio est traditionnellement utilisateur d’extraits de plantes, ce sont désormais toutes les productions qui en consomment. À côté de la démédication qui a longtemps été le principal moteur d’innovation combinant soutien de l’immunité, réduction de l’oxydation et attaque des pathogènes, le bien-être animal a le vent en poupe. « Pendant longtemps, il a surtout fallu convaincre les utilisateurs dont certains étaient très réticents, sauf en bio, mais ils sont désormais demandeurs », confirme Gilles Caby, expert en phytothérapie pour le groupe Cargill, qui voit clairement monter depuis deux ans les demandes relatives au bien-être animal, en lien avec les demandes sociétales. Le champ est vaste, du bien-être digestif aux animaux plus calmes, un peu comme ce que les consommateurs recherchent pour eux-mêmes dans certains compléments alimentaires. Un animal stressé est en effet plus susceptible de tomber malade. Et les évolutions réglementaires, comme l’arrêt de la caudectomie ou de la castration des porcelets, génèrent de nouvelles attentes.

Quid de la production française ?
L’enjeu des produits à base de plantes est important pour les productions animales mais aussi pour la filière des plantes à parfum, aromatique et médicinale (PPAM). Si 3 % des aliments pour volailles produits en France incorporaient par exemple 1 % d’un extrait d’échinacée, qui stimule le système immunitaire, cette filière devrait fournir 2 100 t d’extraits et, donc, mobiliser 4 200 ha, soit 10 % de la surface utilisée pour les PPAM dans l’Hexagone selon l’Itavi. La filière française des plantes à parfum, aromatique et médicinale, suivie par FranceAgriMer, comporte plus de 150 espèces, cultivées ou sauvages, qui approvisionnent l’agroalimentaire, la nutrition animale, la pharmacie, la cosmétique ou la parfumerie. Elles occupent 58 800 ha, dominés par les plantes à parfum de Provence (32 000 ha de lavandin, lavande et sauge saclée). Les plantes aromatiques et médicinales (mélisse, menthe, camomille, bourgeons de cassis…) occupent 26 800 ha. Le Maine-et-Loire est un important centre de production et accueille l’Iteipmai, institut technique spécialisé de la filière. Ne serait-ce que pour les huiles essentielles, tous usages confondus, la France est le troisième exportateur (377 M€ en 2019) mais aussi le troisième importateur mondial (354 M€), friands que nous sommes d’orange, de citron et de menthe poivrée notamment.
 

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