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Les entreprises de négoce créent leur propre certification RSE

Lors d’une conférence de presse le 4 novembre, NégoA et NégoA-Centre Atlantique ont dévoilé leur nouveau label de responsabilité sociale des entreprises, intitulé Grainéthica.

De gauche à droite : Loïc Morisseau, élu NégoA et référent des projets RSE, Christophe Prouteau, président NégoA Centre-Atlantique, Antoine Pissier, président de NégoA, et Maïlys Borzée, responsable des ressources humaines chez AgriAlliances.
De gauche à droite : Loïc Morisseau, élu NégoA et référent des projets RSE, Christophe Prouteau, président NégoA Centre-Atlantique, Antoine Pissier, président de NégoA, et Maïlys Borzée, responsable des ressources humaines chez AgriAlliances.
© Adèle d'Humières

NégoA (ex-FNA, fédération du négoce agricole) et NégoA Centre-Atlantique ont inauguré leur première certification RSE (responsabilité sociale des entreprises) ce mardi 4 novembre à Paris, « montée par et pour les entreprises de négoce », a déclaré Antoine Pissier, président de NégoA. En gestation depuis 2017, le projet Grainéthica est passé par plusieurs phases : de la création en 2019 d’un groupe de travail avec plusieurs entreprises de négoce volontaires (le groupe La Source, Lamy-Bienaimé, AgriAlliances et le groupe Piveteau), en passant par la publication d’une boîte à outils RSE destinée aux négociants en 2023, jusqu’au lancement officiel cette année. La démarche avait été entamée en parallèle par NégoA et NégoA Centre-Atlantique, qui ont donc décidé d’unir leurs forces.

logo Grainéthica entreprise engagée
logo Grainéthica entreprise certifiée

Deux paliers de certification : « entreprise engagée » et « entreprise certifiée » 

La démarche RSE Grainéthica se base sur le référentiel ISO 26000 et a été développée avec un professionnel de la certification, Certis. Pour être labellisée « engagée », une structure de négoce doit candidater pour le processus dans une démarche « libre et volontaire », et signer une lettre d’engagement validée ensuite par le certificateur. 

Le processus de certification est pensé pour durer au maximum dix-huit mois, pendant lesquels un autodiagnostic est d’abord effectué à partir du référentiel conçu à cet effet dans les six mois après l’engagement, puis des formations sont mises en place, dont deux jours obligatoires et la possibilité de bénéficier d’une formation plus longue. 

Un audit à blanc est ensuite réalisé par les permanents NégoA, avant l’audit de certification valable trois ans qui permet à l’entreprise concernée de pouvoir utiliser le logo « entreprise certifiée ». À noter qu’une association a été créée « avec deux objectifs, préparer l’évolution progressive du référentiel avec une session tous les ans, et régler les litiges éventuels entre le certificateur et les adhérents », a expliqué Loïc Morisseau, élu NégoA et référent des projets RSE.

Le processus de certification est pensé pour durer dix-huit mois

Des investissements différents selon le niveau d’avancement des entreprises et une forte implication de la fédération

NégoA a ainsi embauché une permanente à plein temps pour travailler sur les sujets RSE il y a deux ans. « La volonté des entreprises membres de s’engager bénévolement a aussi été forte », s’est félicité Loïc Morisseau. 

 Le coût de la certification et des formations reviendrait à 2 500 € par an.

Pour les entreprises engagées, le coût de la certification et des formations reviendrait à 2 500 € par an. Les investissements seront bien évidemment différents selon les structures : « pour les onze négociants qui ont déjà rejoint la démarche, il reste environ 20 % des investissements à mettre en place. Pour les autres négoces moins avancés, c’est plutôt de l’ordre de 50 % », a précisé Loïc Morisseau. 

Quatre piliers : gouvernance, économie, environnement, social/sociétal

La démarche Grainéthica repose sur quatre grands axes : la gouvernance, l’économie, l’environnement et le social/sociétal. 

Le référentiel conçu pour les négoces propose des actions pour chaque volet. Concrètement, celles-ci peuvent concerner la sensibilisation du ou de la dirigeant·e, la qualité et la conformité des produits et services, la réduction de l'empreinte environnementale et le bien-être au travail

« Sur le volet social, une des contraintes est l’installation dans chaque dépôt d’un point café, repos et de toilettes, ce qui représente un investissement conséquent pour certains », explique Loïc Morisseau. « Chez AgriAlliances, nous avons par exemple choisi de travailler sur le sujet du recyclage des eaux usées », ajoute Maïlys Borzée, responsable des ressources humaines au sein du groupe AgriAlliances, basé dans le Lot-et-Garonne.

Lire aussi : « La migration vers un modèle durable est inenvisageable avec des prix de marché », explique Ludovic Brindejonc d’Agri-Éthique

Deux objectifs : soigner l’attractivité des entreprises de négoce pour l’emploi des jeunes et se préparer aux exigences réglementaires et bancaires sur la durabilité

Le premier but de la démarche est de fédérer les salariés et surtout les jeunes. « Chez AgriAlliances, les jeunes ont été particulièrement investis dans la démarche », souligne Maïlys Borzée. Le développement de la marque employeur est jugé nécessaire par les structures de négoce. « L’engagement dans Grainéthica a renforcé la fierté d’équipe, nous a permis de gagner en visibilité et crédibilité auprès des partenaires commerciaux et institutionnels », ajoute-t-elle.

Lire aussi : Biodiversité et eau montent en puissance dans les réglementations sur la durabilité

Le projet européen CSRD à l'origine de Grainéthica 

La directive européenne CSRD (Corporate sustainability reporting directive) vise à encadrer les rapports extra-financiers des entreprises en instaurant des obligations de reporting. « Nous avions réfléchi avec Certis sur tous les éléments de la CSRD, et avions intégré le principe de double matérialité dans le référentiel Grainéthica pour nous préparer à l’application de la CSRD », révèle Loïc Morisseau. Le passage de la loi Omnibus cette année a cependant rebattu les cartes avec une introduction différée et un allègement des seuils d’application pour les entreprises (chiffre d’affaires, nombre de salariés). « Maintenant, beaucoup moins d’entreprises de négoce seront concernées. Mais si nous avions dû nous plier à la CSRD telle qu’elle était il y a un an, nous aurions été prêts », explique Loïc Morisseau. 

Des passerelles sont cependant prévues entre Grainéthica et la CSRD, en cas de nouvelle évolution des seuils d’application. Rappelons tout de même que si les entreprises de négoce en tant que telles ne sont quasiment pas concernées par l'application de la CSRD, certains de leurs clients de taille plus importante le seront et seront donc plus exigeants sur les critères RSE.

Lire aussi : Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Grainéthica, un atout pour l’obtention de financements auprès des banques

Les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) sont de plus en plus utilisés par les banques pour catégoriser leurs clients. « Rentrer dans une démarche RSE sera demain une clé d’accès au financement par les banques », explique Antoine Pissier, président de NégoA. « L’engagement dans Grainéthica représente ainsi un moyen de justification dans la démarche auprès des banques », précise-t-il.

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