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Filière biologique
Les défis du 100 % bio en alimentation animale

Repoussée d’un an en raison de la Covid-19, l’application du nouveau règlement européen bio 2018/848 va imposer, dès le 1er janvier 2022, des formules d’aliments pour animaux totalement bio. La possibilité d’utiliser 5 % de matières très protéinées non bio (gluten de maïs ou concentré protéique de pommes de terre) touche à sa fin. « Mais de nombreuses interrogations subsistent sur les conséquences zootechniques, agronomiques et économiques de cette mesure », résume Antoine Roinsard de l'Institut technique de l’agriculture biologique (1).

© Marc Descamps

Cette échéance, prévue depuis 2010, et plusieurs fois repoussée, inquiète. « Les industriels amidonniers ne sont pas encore prêts à proposer en bio du gluten de maïs et du concentré  protéique de  pommes de terre, mais cela pourrait évoluer », note La Coopération agricole. En attendant, malgré des recherches menées sur des alternatives, difficile de trouver des solutions satisfaisantes sans baisse de performances et surcoûts. A noter que deux catégories d’animaux bénéficient d’un report, au 31 décembre 2026, du 100 % bio dans leurs aliments : les jeunes volailles, dont la définition française est discutée au Comité national de l’agriculture bio (Cnab) de l’Inao (elle concernerait les animaux non arrivés à maturité sexuelle, donc les poulettes pour les pondeuses et les poulets de chair), et les porcs de moins de 35 kilos. Autre évolution au 1er janvier 2022 : le lien au sol pour les monogastriques passe de 20 à 30 %. Les éleveurs devront prouver que l’aliment de leurs animaux provient pour presqu’un tiers, de leur ferme, leur région ou à défaut, du territoire national (2).

Vers une hausse des incorporations de soja bio ?

Dans les formulations, la réglementation bio interdit déjà les acides aminés de synthèse, certains additifs comme des enzymes, notamment des phytases. Réussir à équilibrer les formules  en lysine et méthionine, indispensables aux performances technico-économiques, impose aux fabricants de trouver des matières premières riches en ces acides aminés. Le 100 % bio va donc impliquer la baisse de l’incorporation de pois et féveroles, remise en cause, surtout en poulettes, en raison des profils antinutritionnels de ces graines. Pourtant en bio, les protéagineux sont indispensables aux rotations pour le maintien de la fertilité. « Seul le tourteau de soja, et dans une moindre mesure celui de tournesol et aussi celui de sésame, apportent les nutriments nécessaires. Mais la France en étant déficitaire, notre dépendance aux importations va augmenter. », admettent les professionnels. La majorité du soja bio vient de Roumanie, d’Inde, de Chine, un peu du Brésil et, de plus en plus, d’Afrique. « Les besoins vont augmenter de 40 à 50 % », estime La Coopération agricole. D’où les actions menées pour déployer cette culture en France. Si des usines de triturations bio se multiplient sur le territoire national, réussir la culture du soja reste difficile hors des zones du Sud-Ouest ou Sud-Est, voire Est. « Il faut adapter les variétés et les itinéraires techniques », précise Arvalis-Institut du végétal. De plus, pour ne pas abandonner  protéagineux et légumineuses, la piste des concentrés protéiques de pois ou de luzerne est à l’étude, prometteuse malgré les surcoûts.

(1) Informations recueillies lors du live des grandes cultures bio, organisé en visioconférence le 4 février  par Arvalis, l’Itab et Terre Inovia, à revoir en replay. 

(2) Précisions dans le guide de lecture de l’Inao.

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