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Nutrition animale / Développement durable
“L’efficacité alimentaire, bon levier de maîtrise de l’impact environnemental”

Suite à la réalisation en 2008 d’une grande enquête auprès de ses adhérents, Terrena a inscrit dans sa stratégie d’entreprise à échéance 2015 la nécessité de repenser la production sous un angle plus durable. Anticipant les exigences légales en matière d’affichage environnemental, le pôle nutrition animale communique depuis 2010 à ses clients des données sur l’impact carbone de ses aliments. L’entreprise, qui s’est basée sur les premières intentions gouvernementales, affiche, dans une logique de filière, le bilan carbone de ses productions. Prévue pour 1er janvier 2011, l’obligation d’étiquetage environnemental des produits de grande consommation en rayon a été reportée à juillet prochain, à titre expérimental.

La Dépêche - Le Petit Meunier : A quelles grandes conclusions vos travaux sur l’impact environnemental ont-ils abouti ?
Nicolas Destombes :
Ils nous ont fait relativiser l’influence de certains postes et leviers d’action pour le modérer. Selon le critère d’émission de gaz à effet de serre (GES), les matières premières contribuent pour 92 % en moyenne à l’impact global de la fabrication d’un aliment, du fait de leur culture notamment. Nous menons une réflexion sur les choix d’approvisionnement. En formulation nous avons ajouté dans nos logiciels le critère carbone à la liste des nutriments, au même titre que l’apport en amidon ou en protéines. Si nous pouvons jouer sur ce critère, le coût de revient progresse de manière exponentielle (cf. n°3875). Travailler sur les itinéraires culturaux peut se révéler plus efficace. Un écueil est à éviter néanmoins si l’on s’intéresse aux intrants utilisés : trop diminuer les apports en azote affecte la teneur finale des grains de blé. Résultat, ce sont moins de protéines apportées dans les formules. Il faut alors recourir à d’autres sources, comme le soja. Une aberration ! Toute piste est donc à relativiser. De toute manière, ce qui compte vraiment, c’est l’affichage de l’impact sur le kilo de viande ou le litre de lait. Il est donc pertinent de travailler sur l’efficacité alimentaire. Il pourrait être, dans certains cas, judicieux de proposer un aliment au bilan environnemental plus lourd mais mieux valorisé par l’animal qui donnera une meilleure note sur le produit fini. L’efficacité alimentaire est en fait un bon levier d’action !

LD-LPM : Vos travaux ont, entre autres mesures concrètes, conduit à un affichage du bilan carbone de vos aliments. Quelle forme celui-ci prend-il ?
N D :
Nous avons présenté nos résultats et actions à l’occasion du salon Les Terrenales en 2010. Pour les concrétiser, nous avons décidé de procéder à l’affichage environnemental à titre pédagogique. Et nous apposons cette donnée sur tous nos bons de livraison depuis cet été. Nous avons opté pour un affichage selon un code lettre dans l’esprit de ce qui se fait pour l’électroménager. Pour les gens, cela est plus parlant que des kilos de CO2 par tonne ! Les bilans des formules s’échelonnent de A à F, lettre qui correspond aux aliments les plus concentrés en tourteaux ou huile. Les moins denses sont ceux contenant beaucoup de céréales et coproduits, comme les aliments de production pour bovins. Ceux pour porc et volaille présentent des concentrations intermédiaires.

LD-LPM : Les formules varient en fonction de la qualité, des disponibilités, du rapport de prix des matières premières. La note est-elle alors ajustée dans le temps ?
N D :
Oui, la matrice est rééquilibrée durant la campagne. Les formules sont optimisées. La note carbone peut donc varier. Mais sur une classe de produits, le bilan et la catégorie évoluent finalement peu dans le temps.

LD-LPM : Les prix des engrais, jouant sur les choix d’apports des producteurs, doivent aussi avoir un impact sur les résultats.
N D :
Effectivement, sur les deux dernières campagnes, nous avons actualisé nos données avec les utilisations d’intrants et les rendements observés sur le terrain. Les variations peuvent être très importantes. La baisse des utilisations se ressent une nouvelle fois sur les caractéristiques des blés par exemple.

LD-LPM : Au niveau des choix culturaux, on entend de plus en plus parler de semis mixtes de blé et pois sur un même champ. Confirmez-vous cette tendance ?
N D :
Cette technique, assez commune en agriculture biologique, a séduit davantage de producteurs en conventionnel cette année. Une plateforme d’essais a d’ailleurs été mise en place à leur intention. En culture, il faut veiller à orienter ses choix variétaux vers des pois tardifs et des blés précoces pour synchroniser au mieux les maturités. La difficulté se situe plus dans la séparation des différents éléments après récolte. Les organismes stockeurs n’y sont pas habitués et cette étape a un coût. La répartition des volumes pour fixer la rémunération des producteurs complexifie aussi la gestion.

LD-LPM : Comment cet affichage est-il perçu ?
N D : 
Pendant les Terrenales, les éleveurs se sont surtout intéressés à l’impact relatif des matières premières. L’occasion de tordre le cou à certaines idées reçues : beaucoup pensent que le bilan carbone du tourteau de soja, à la note finale supérieure à celle du tourteau de colza, est très lourd. Un tourteau de colza, dont la graine est produite en Beauce puis transformée à Rouen, parcourt 20 fois moins de kilomètres qu’un tourteau de soja importé du Brésil. Mais le transport du premier dégage 30 kg de CO2 par tonne et celui du second seulement 60. La distance ne pèse pas beaucoup car les tourteaux de soja sont acheminés par de gros navires consommant peu d’énergie. Cette analyse a donc permis de relativiser beaucoup de choses.
    Nous avons désormais fait notre part du travail en vu d’un affichage de l’impact environnemental des produits de grande consommation et identifié des leviers de réduction. Nous sommes en mesure de travailler avec nos partenaires des filières animales. Nous pouvons notamment aider les producteurs à établir leurs bilans carbone. En aval, certains clients sont sensibles à la question et travaillent sur le sujet, mais de manière encore confidentielle…

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