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Oléagineux
Colza et tournesol - Quelle teneur en huile pour la campagne 2022/2023 ?

Les conditions climatiques en France durant l'été 2022 se sont avérées favorables aux teneurs en huile dans les graines de colza, bien moins pour celles de tournesol.

Plaine de Versailles, septembre 2021
© Gabriel Omnès-Réussir Grandes Cultures

Le taux d’huile moyen contenu dans les graines françaises de tournesol ne devrait pas être mirobolant cette année. « Il est certain que les taux d’huile de tournesol de la campagne culturale 2021-2022 (campagne commerciale 2022-2023) seront inférieurs à ceux de l’an dernier. Le repli devrait dépasser les 1,5 %, ce qui est significatif », déplore Françoise Labalette, responsable du pôle amont de Terres Univia. Ce qui contraste avec 2021, qui affichait 45,8 %, un plus haut depuis 2017 (cf. graph).

 

 

Aucun chiffre n’est pour le moment communicable concernant le taux d'huile, « les résultats n’étant pas encore tous parvenus », regrette l’experte de Terres Univia. Les conditions climatiques défavorables de l’été, à savoir de fortes températures et surtout le déficit hydrique, ont fortement affecté les plantes, justifiant les craintes des opérateurs. Or, la fin de cycle est essentielle : de la luminosité et de l’eau sont nécessaires, relève Afsaneh Lellahi, directrice des actions régionales et du transfert à Terres Inovia.

À tel point que « pour certains organismes stockeurs, il sera plus difficile que d’habitude de constituer des lots répondant à la norme des 44 % de taux d’huile minimum dans les graines de tournesol », alerte Françoise Labalette.

Les résultats risquent d’être très hétérogènes. Les régions davantage arrosées durant l’été et les situations en sol profond s’en sortiront le mieux, et vice versa. Ainsi, le Sud-Ouest subirait quelques déboires, tout comme les sols superficiels de Poitou-Charentes ou encore ceux des zones continentales, comme le quart nord-est de l’Hexagone.

Climat favorable au taux d’acide oléique

Un point positif est toutefois à souligner : la teneur en acide oléique (critère définissant la qualité de l’huile de tournesol oléique, permettant une meilleure résistance à la cuisson que les qualités standards ou linoléiques en alimentation humaine) pourrait être bonne cette année. « On recherche des taux compris entre 80 et 88 %, l’idéal se situant autour de 82-83 %, voire un peu au-dessus. Il faut des températures élevées pour obtenir des taux d’acide oléique acceptables. De ce côté, nous avons été servis », explique Françoise Labalette.

« On voit ici les effets du changement climatique. Les étés sont de plus en plus chauds et secs, masquant notamment les progrès de la génétique », Afsaneh Lellahi, directrice des actions régionales et du transfert à Terres Inovia.

Les taux d’huile de tournesol n’ont plus dépassé les 47 % depuis 2014. « On voit ici les effets du changement climatique. Les étés sont de plus en plus chauds et secs, masquant notamment les progrès de la génétique », se désole Afsaneh Lellahi. Ainsi, l’avenir est-il davantage au colza ? « Non, car le tournesol dispose d’autres vertus. C’est une plante moins gourmande en intrants azote, phosphore, etc. –, moins exigeante en eau… Et elle produit tout de même beaucoup d’huile en rapport avec les ressources consommées », rappelle la spécialiste.

Un taux d’huile de colza français 2022-2023 à 44,4 %

Le discours est totalement inverse quant au taux d’huile de colza 2022-2023. Ce dernier est évalué à 44,4 % en moyenne par l’interprofession, un chiffre très proche de l’estimation donnée par Terres Univia et Terres Inovia dès l’été 2022. « Les colzas ont été arrosés au bon moment, et ont bénéficié d’une luminosité adéquate. Les résultats sont assez homogènes et largement acceptables partout. Bien entendu, le Sud connaît les taux les moins élevés, mais cela reste globalement excellent. Dans le quart nord-est de la France, on observe des records, des secteurs affichant 48-49 % de taux d’huile ! » témoigne Françoise Labalette.

Afsaneh Lellahi rappelle que l’obtention d’un bon taux d’huile est liée à trois paramètres : la variété (donc la génétique), la fertilisation azotée et, le plus important, les conditions de culture, spécialement en fin de cycle. « Cette année a été bonne en matière de climat pour le colza, souligne-t-elle. Il y a eu, certes, des inquiétudes quant au déficit hydrique au printemps, mais il y a eu des pluies en avril et en juin, et la luminosité a été bonne. »

Les deux facteurs eau et luminosité sont cruciaux lors de la fin de cycle, allant de la floraison jusqu’à la formation des siliques et le remplissage des grains, relève l’experte. Mais le reste n’est pas non plus à négliger. « Une bonne implantation en colza est importante afin que la plante développe une biomasse suffisante et, donc, les feuilles nécessaires à la photosynthèse », complète l’experte de Terres Inovia. Et encore une fois, le climat s’est avéré clément en début et milieu de campagne.

Les conditions d’implantation se sont révélées favorables, avec suffisamment d’humidité lors des semis. Cela a permis aux cultures de bien se développer et de résister aux attaques des altises adultes et ensuite des larves. « Les producteurs ont un objectif : que la plante atteigne le stade quatre feuilles autour du 20 septembre. Cela a pu se produire », se réjouit Afsaneh Lellahi. Sachant qu’un coup de gel lors du mois de novembre a éliminé les ravageurs, ajoute-t-elle.

Les plantes de colza ont donc pu produire un grand nombre de feuilles et se retrouver dans un état satisfaisant en sortie d’hiver. Vigoureuses, elles ont bien assimilé l’azote, puis l’eau et la lumière sur la période avril-juin. « La conduite de la fertilisation azotée a son importance, sans déficit ni excès. On considère qu’un point d’huile est perdu pour 40-50 unités d’azote en trop. Mais un déficit d’azote peut provoquer une perte de biomasse, pénalisant la production d’huile », explique la spécialiste de Terres Inovia.

Des taux d’oméga 3 proche de la moyenne quinquennale

Le taux d’acide linolénique 2022-2023, appelé communément oméga 3, très recherché pour l’alimentation humaine, est proche de la moyenne quinquennale, relève Françoise Labalette. « Il faut des taux compris entre 7 et 9 %. Cette année est correcte, mais il est vrai que certains secteurs donneront des résultats plus bas que d’habitude. Il faut des températures modérées ainsi qu’une faible différence thermique entre le jour et la nuit durant la période de formation des grains, soit mai-juin. C’est pour cela que la façade ouest, secteur où les températures sont douces grâce à l’influence de l’océan, donne traditionnellement les meilleurs résultats. Or, on a connu des fortes chaleurs à cette période dans certains secteurs de l’Hexagone », explique-t-elle. Le sud du pays pourrait donc donner les résultats les moins élevés cette année, comme certaines régions du Centre-Ouest.

 

Bonnes conditions de culture en colza 2023-2024

Pour la campagne 2023-2024, les cultures de colza semblent, pour le moment, dans un état correct, bien que légèrement inférieur à l’an dernier à pareille époque. En début de cycle, le déficit hydrique retardait les semis, obligeant certains agriculteurs à « semer tardivement, avec un risque accru d’exposition aux attaques de ravageurs. Mais la douceur du mois d’octobre et les pluies ont permis aux colzas de se développer plus rapidement que les attaques d’altises », indique Afsaneh Lellahi, directrice des actions régionales et du transfert à Terres Inovia. Et le froid du mois de décembre permet d’éliminer des nuisibles, ajoute-t-elle.

 

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