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Euromalt
« Le retard de l'UE dans la négociation d'accords bilatéraux inquiète l'industrie de la malterie »

Échange avec Nicholas King, récemment réélu à la présidence d'Euromalt, qui fédère les associations européennes des malteurs. Il entame son 5e mandat.

La Dépêche – Le Petit Meunier : Quels sont les principaux dossiers qui vous mobilisent ?

Nicholas King : Sur le volet commercial, le retard pris par l'UE dans la négociation d'accords bilatéraux nous inquiète, alors que nos principaux concurrents, australiens, canadiens et chinois notamment, eux, avancent.

Nous n'avons pas besoin d'aides, mais juste de ne pas être défavorisés par des taxes, dont nos concurrents seraient exonérés.

Notre secteur est exportateur naturel. Nous disposons des matières premières, avec une production régulière, d'outils performants, et d'avantages logistiques qui nous permettent d'être compétitifs sur toutes les destinations. Nous n'avons pas besoin d'aides, mais juste de ne pas être défavorisés par des taxes, dont nos concurrents se trouvent exonérés, grâce aux accords commerciaux qu'ils mettent en place, en Asie notamment.

LD-LPM : Comment expliquer cette relative inertie de l'institution européenne ?

N. K. : Nous sommes noyés dans la masse des préoccupations de la Commission, et notre secteur d'activité représente un revenu moins essentiel qu'il ne l'est au Canada ou en Australie. L'exemple des droits d'accise en France est édifiant : on a taxé la bière sous couvert de croisade contre la consommation d'alcool, sans toucher aux alcools forts ou au vin. C'était la solution de facilité alors que les viticulteurs sont, en France, plus nombreux. Mais en voulant cibler de grands groupes internationaux tels Heineken et Kronenbourg (groupe Carlsberg), l'ensemble des brasseurs français a été touché. La production est de ce fait attendue en repli de 5 à 10 % cette année en France. Rappelons que la consommation y est de 30 l/hab/an, déjà bien inférieure à la moyenne européenne de 78 l/hab/an.

LD-LPM : D'autres sujets prioritaires ?

N. K. : Euromalt axe également ses efforts sur les questions de sécurité sanitaire, comme la présence de mycotoxines ou de métaux lourds, par exemple. Avec l'ensemble des acteurs de la filière, Copa-Cogeca (agriculture) et Brewers of Europe, nous œuvrons pour que la Commission européenne fixe des seuils réalistes, justifiés par une solide base scientifique et adaptés au risque du consommateur. Nous représentons des malts produits dans différents pays européens. En unifiant notre discours et nos travaux, nous gagnons en visibilité vis-à-vis des instances européennes et du grand public qui, bien souvent, ne sait pas comment est produite la bière qu'il consomme.

LD-LPM : Que dire du marché des orges de brasserie ?

N. K. : La récolte 2013 a été abondante et de qualité dans toute l'Europe, avec des cours qui se sont détendus au fil des mois. Nous anticipons en revanche une situation plus tendue l'an prochain. Les surfaces d'orge de printemps risquent de continuer à diminuer en Allemagne et en Europe centrale, sous la concurrence des cultures énergétiques, tels que le maïs utilisé pour la méthanisation par exemple. Ces difficultés peuvent être surmontées et nous ambitionnons de conserver une industrie européenne fortement exportatrice, à condition, encore une fois, d'avoir le support actif des instances de Bruxelles.

Repères

Euromalt est l'association européenne qui représente les intérêts des transformateurs d'orge de brasserie et producteurs de malt en Europe. Les membres d'Euromalt représentent plus de 60 % du commerce mondial du malt : avec plus de 190 installations en Europe, le secteur fournit près de 28.000 emplois directs. Ses membres traitent 12 Mt d'orge de brasserie d'origine européenne pour produire plus de 9 Mt de malt à destination de l'industrie brassicole dans l'UE, à l'exportation vers tous les autres continents, ainsi que pour les industries de distillation et d'alimentation. Les recettes en devises provenant des exportations de malt sont d'environ 900 M€.

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