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Le négoce épaulera les producteurs

La situation économique des clients agriculteurs préoccupe bien entendu les professionnels du négoce qui s’engagent à leurs côtés

« UN CHARTISTE aurait, il y a cinq mois, tracé un tunnel haussier ou horizontal. Ceci nous rappelle qu’il faut rester humble devant les marchés qui, à la fin du jour, ont toujours raison » , analysait Christophe Viger, président de la Fédération du négoce agricole (FNA), lors du congrès annuel de la profession qui s’est tenu le 28 novembre à Paris. Evolution de la Pac, Grenelle de l’environnement ou encore volatilité des prix étaient bien entendu de la partie. L’occasion pour le dirigeant de rappeler à ses adhérents que « leur métier n’est pas de spéculer mais d’approvisionner une filière quantitativement, qualitativement et durablement car nous travaillons dans la durée avec nos clients agriculteurs et nos acheteurs industriels ». Le congrès 2008 se voulait en effet celui du retour aux fondamentaux dans un contexte radicalement opposé à celui de 2007. Du vert, tous les feux sont en effet passés au rouge, imageait le représentant des négociants. Si le rendez-vous était marqué l’an dernier par une certaine « euphorie », liée au haut niveau des prix, l’ambiance était cette fois conditionnée par la crise.

L’application du bilan de santé de la Pac suppose d’être vigilant

Le congrès s’étant tenu quelques jours après la fin des négociations autour du bilan de santé de la Pac, le sujet a bien entendu été commenté. La profession sera attentive « à l’utilisation des fonds issus de la suppression des paiements recouplés dans la filière », assure M. Viger dans son discours de clôture. Si les pistes d’évolution validées par Bruxelles pouvaient se justifier dans un contexte de prix élevés, l’environnement économique est totalement différent, a-t-il souligné : le marché s’est retourné mais les charges se sont fortement appréciées. Dans ce contexte, le découplage, associé à l’accroissement de la modulation des aides et le déshabillage de l’intervention, devient « dangereux ».

Par ailleurs, concédant que les opérateurs de la filière ont été « en moyenne » favorisés par la volatilité haussière, ils redoutent la gestion de la baisse. Le brusque repli des cours, accentué selon Christophe Viger « par une sur-réaction à la baisse des opérateurs », comme l’avait été la hausse en 2007, augmente les risques pour la profession.

Si celui du prix peut être géré par un recours au marché à terme, il n’est pas le seul risque encouru. En effet, la conjoncture fragilise les clients des négociants. En amont notamment : pressurés par la hausse du marché de l’agrofourniture et la baisse des prix des productions, les agriculteurs rencontrent des problèmes de trésorerie. Un éventail d’outils peut aider à modérer le risque, comme l’engagement de sûretés de paiement (cessions de créances, warrants…), la signature de contrats d’achat, le développement de l’assurance récolte pour leurs clients agriculteurs ou encore par la souscription d’assurances crédit.

Vers une réduction des délais de paiement

Vu la fragilisation de la situation économique des entreprises agricoles, la loi de modernisation de l’économie (LME) ne semble pas vraiment opportune, comme le soulignent les négociants. Ces derniers saluent néanmoins cette évolution, qui prévoit la réduction des délais de paiement à 45 ou 60 jours, « saine pour l’économie ». Le hic, c’est que sur le terrain « on est bien loin du compte ». Certains producteurs sont habitués à s’acquitter de leurs factures de consommations intermédiaires à plus de 60 jours, voire plus de 180 ! Or, le coût de ces consommations pour l’ensemble de la ferme France se solderait à 37 Md€. Un mois de pénalité de retard selon la LME représente 1 %, soit 370 Me par mois ! Mais étonnamment, les producteurs ne semblaient pas vraiment informés de ce changement, ni donc de ses conséquences pour leur porte-monnaie. D’où la nécessité, relayée auprès du ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, par la profession, d’aménager une période de transition. La FNA étudie la possibilité d’un « accord interprofessionnel dérogatoire » autorisant la réduction progressive de ces délais de paiement « au moins dans certains secteurs ». Ce projet ne se fera, bien sûr, pas sans consultation des établissements bancaires qui devront accompagner les agriculteurs.

Autres grands dossiers de l’année, le Grenelle de l’environnement et le plan Ecophytos 2018 auxquels la FNA a pris part. Elle se dit satisfaite du texte relatif au conseil et à la vente des produits phytopharmaceutiques, ainsi que du Grenelle 2 qui se dessine. Celui-ci modifiera la loi sur l’agrément des distributeurs. « Elle répond à ce que j’ai annoncé ici même il y a deux ans, rappelait Christophe Viger : une démarche de certification des entreprises de conseil et de distribution sur la base d’un référentiel auditable et certifiable par un organisme accrédité ». Et de commenter : « Nous pensons que tout ce qui tend vers le professionnalisme, la responsabilité, est bon pour l’entreprise, bon pour l’utilisateur agricole, bon pour les firmes, bon pour la recherche et le développement […], bon pour l’environnement ».

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