Services / Matériel de contrôle
Le Mixolab, couteau suisse de l’analyse céréalière
De la sélection des blés au contrôle des pâtes en ligne, l’outil a de quoi fédérer la filière
Lancé en 2005, le Mixolab, outil d’analyse permettant de tout savoir ou presque des caractéristiques d’une farine, est voué à un avenir prometteur. Mais ses ventes ont décollé plus rapidement à l’étranger que sur le marché français, confie Catherine Matt, directrice du département France de Chopin Technologie, société qui réalise 75 % de son chiffre d’affaires à l’international. En constante évolution, l’appareil n’a pas dit son dernier mot et ouvre même de nouvelles perspectives de connaissance des produits céréaliers.
Du contrôle à l’outil de pilotage de process
Le Mixolab permet de mesurer la consistance d’une pâte soumise à une double contrainte de pétrissage et d’augmentation de température. Le graphique obtenu renseigne sur la qualité des protéines, la gélatinisation et la rétrogradation de l’amidon, et l’activité amylasique. Des informations traditionnellement obtenues dans la filière par une batterie d’analyses. Elément novateur sur le marché : le Mixolab est applicable à une mouture intégrale. Cela présente un intérêt pour l’amont de la filière, avec des applications en sélection variétale ou pour l’alotement. Mais l’aval n’est pas en reste : du contrôle des blés à celui des farines et même de la texture d’une pâte prélevée sur la chaîne de production, les applications sont multiples. « Cet outil permet une approche fonctionnelle et pas uniquement analytique », souligne Catherine Matt. Et celles-ci ne se limitent pas à la filière blé tendre. Sur des couscous par exemple, l’appareil met en évidence des différences entre les procédés de production industriel et traditionnel, préféré des consommateurs. « Il permet ainsi au fabricant de piloter son usine pour tendre vers la qualité recherchée. »
La philosophie de conception du Mixolab était d’apporter quelque chose de nouveau à la filière. Sa polyvalence constituait déjà en soi une avancée, mais l’analyse des graphiques a permis d’aller plus loin : elle a révélé des interactions « très répétables » entre l’amidon et les protéines encore insoupçonnées. « Des chercheurs travaillent aujourd’hui sur cette question qui pourrait fournir une nouvelle information de caractérisation », anticipe Arnaud Dubat, directeur Marketing et applications de Chopin. Autre exemple, l’interrogation d’un industriel de la seconde transformation qui constatait des anomalies de comportement à la transformation de certaines farines alors que toutes semblaient conformes à son cahier des charges sur la base des tests classiques. Le Mixolab a été à même de discriminer les “bonnes” des “mauvaises” farines assure Olivier Lebrun, chargé de projet Applications de la société.
Composer avec les habitudes de la filière
« Alors qu’en Roumanie, pays le plus pauvre de l’UE, 9 Mixolab sont en application, que 8 ont été vendus en Egypte,… dans l’Hexagone on en dénombre que 15 » sur plus de 200 placés chez des industriels du monde entier, indique Catherine Matt. Farino, alvéo, test de panification, temps de chute,… Les opérateurs français restent attachés à leurs analyses traditionnelles. Face à cette frilosité, les techniciens de Chopin ont d’ailleurs intégré au Mixolab une fonction farinographe fournissant même les résultats en unités Brabender. « Environ 20 % de la courbe du Mixolab correspondent aux données du Farino. Les 80 restant fournissent donc de nouvelles informations», insiste la directrice du département France. Chopin peut également établir des équivalences avec l’alvéographe en mettant au point une formule, propre à chaque moulin, de calcul du P/L à partir des données Mixolab. Enfin, des travaux, réalisés avec Arvalis, sont en cours pour prédire les résultats de tests de panification. La reconnaissance par les instances de normalisation, avec l’obtention de certifications AACC et Afnor en 2010, après celle de l’ICC en 2006, devrait aussi aider le Mixolab à s’imposer comme l’outil de référence dans la filière.