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Le Caire a commandé du blé français

Si les prix ne sont pas trop élevés, l’Égypte apprécie la qualité française

RETOUR. Si l’activité d’exportation française se montre dynamique depuis le début de campagne (2,8 Mt de licences émises au 23 octobre), l’Hexagone ne parvenait pas à remporter les appels d’offres des grands pays importateurs. C’est maintenant chose faite : l’Egypte a commandé la semaine dernière 175 000 t de blé français ! Un achat intervenu au lendemain de la 13e journée franco-égyptienne des céréales, orchestrée le 21 octobre au Caire par l’organisme de promotion des blés hexagonaux : France Export Céréales (FEC). Des opérateurs portuaires aux transformateurs, quelque 250 participants locaux et internationaux ont pris part à ce rendez-vous annuel. Avec des besoins d’importation de 7 à 8 Mt par campagne, le pays est le premier acheteur mondial. La France dispose cette année d’un potentiel exportable de 8 à 10 Mt selon l’Onigc. « Le retour de l’Egypte parmi nos clients est un élément important pour écouler ces volumes », explique Laurent Dornon, responsable de la zone Proche et Moyen-Orient chez FEC. A défaut de quoi, la France pourrait se retrouver avec un stock de report alourdi et pénalisant pour les prix. « L’Egypte est donc un client à bien considérer ! »

L’Égypte demandeuse de blés panifiables

Si Le Caire soumet maintenant des appels d’offres pour des quantités unitaires de 30 000 t ou 60 0000 t, il a, comme à son habitude, commandé un bien plus gros volume : 175 000 t ; ce qui porte à 295 000 t les blés français achetés par le GASC, l’office national d’approvisionnement, depuis septembre. Une proposition russe, inférieure de 2 $/t, a été écartée pour des raisons qualitatives. Le GASC avait fait savoir le mois dernier qu’il n’accepterait plus autant de blé punaisé. Un seuil de 1 % avait été introduit. A la faveur de la chute des cours et de la baisse de la parité euro/dollar et du fret, « le blé français redevient compétitif et le GASC a dans cette opération donné un encouragement à la qualité », analyse Laurent Dornon. Une preuve supplémentaire qu’auprès de cet « exigeant » client, « rien est acquis ». Les exportateurs de la zone mer Noire (qui ont déjà vendu 2 Mt) en font, cette fois, les frais. L’an dernier, ce sont les Français qui avaient déploré l’absence de ce client récurrent. Après une campagne 2006/07 également décevante avec 240 000 t exportées vers l’Egypte, les ventes n’avaient pas dépassé les 120 000 t en 2007/08. Pour rappel, la moyenne des expéditions françaises atteignait le million de tonnes sur les campagnes précédentes. Si le pays souhaite diversifier ses sources d’approvisionnement, l’argument économique garde ses droits. Une politique qui se justifiait d’autant plus l’an dernier que les prix enregistraient des records à la hausse. Le manque de compétitivité des Français lors de la dernière campagne « nous a été reproché », rapporte Laurent Dornon. Mais la modification du cahier des charges égyptien, obtenue par FEC, est arrivée tardivement. De plus, si une fenêtre de tir – liée à la suspension des ventes de certains grands pays exportateurs – s’était ouverte au printemps, la marchandise française n’avait pas su en tirer parti. Les prix ne s’étaient en effet pas repliés aussi rapidement qu’à Chicago. Cela a fait passer les exportateurs français à côté des dernières 460 000 t contractées par Le Caire. Pourtant, l’origine tricolore bénéficiait à l’époque d’un atout de poids : la proximité, alors que les coûts de frets atteignaient des sommets. La volonté du Caire d’élargir son pool de fournisseurs s’illustre davantage cette année, du fait du contexte bien différent : le prix de la tonne de blé a été divisé par deux en un an ! Au 21 octobre, l’Egypte a ainsi commandé 3,02 Mt auprès de 7 pays différents, contre 4,055 Mt de 3 origines l’an passé à la même époque.

De meilleurs rendements farine avec les blés français

Le secteur privé égyptien affiche également un intérêt pour l’origine française. « Nous ressentons, là aussi, une vraie demande pour du blé panifiable », ce qui a conduit les organisateurs du séminaire franco-égyptien à opter pour des interventions relatives à la mouture. « Les rendements de blés français sont en moyenne 2 % supérieurs à la concurrence, soit un gain de 4 $/t », indique le communiqué de FEC. Un atout à mettre en avant et à même de faire peser la balance du côté français. Dans une optique de fidélisation, FEC a lancé un nouveau partenariat avec le Centre de Technologies Alimentaires et l’Ecole de meunerie du Caire : « Nous allons les aider à trouver des stagiaires », explique Laurent Dornon. L’idée est de fournir au secteur des professionnels habitués à travailler la qualité hexagonale et donc attachés à cette matière première. La semaine a également été marquée par une deuxième vente de blés français “en délivré”. Ce mode de commercialisation représente, avec les ventes en sortie de port, environ la moitié des transactions. Seules 50 % sont désormais traitées en FOB. Pour Laurent Dornon, « c’est une nouvelle donne du marché à prendre en compte ». Les résultats des prochains appels d’offres seront intéressants à suivre sur plusieurs aspects.

La situation de l’Egypte, explosive l’an dernier, s’est détendue. « La récession qui frappe le monde a contribué à une baisse des prix des commodités au niveau mondial. L’Egypte a commencé à en sentir les fruits et cela continuera », a indiqué le ministre des Finances, Youssef Boutros-Ghali, lors de la conférence Euro­money qui s’est récemment tenue au Caire. Les conséquences dramatiques de la hausse des cours – ayant conduit à un accroissement de la demande en pain subventionné – ont fait place à des problèmes de qualité. Mais, « si les Egyptiens sont sortis de la crise alimentaire, leur quotidien n’est toujours pas simple », témoigne le représentant de FEC. L’inflation est supérieure à 20 % ! Mais avec une croissance annuelle qui serait attendue à près de 7 %.

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