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Conjoncture
Le blé dur se laisse influencer à la hausse

La tension des cours des autres céréales déteint sur les prix du blé dur, malgré une production nord-américaine qui s’annonce conséquente, tout comme la moisson hexagonale.

« La fermeté des autres marchés céréaliers a dopé les valeurs mondiales du blé dur courant juillet », note le CIC dans son rapport du 26. « Nous avons, comme tout le monde, de grosses craintes concernant le marché du maïs, directeur actuellement du blé tendre et, par ricochet, du blé dur », confirme Aymeric Berton, responsable achats de Rivoire et Carret-Lustucru. Or, «  si l’on regarde nos fondamentaux, les volumes devraient être au rendez-vous en France et en Italie », souligne Jean-Victor Bregliano, directeur général de la semoulerie de Bellevue de Panzani. Dans l’Hexagone la moisson pourrait en effet atteindre 2,4 Mt, un volume supérieur de 11 % à la moyenne des cinq dernières années, indiquait le ministère de l’Agriculture, le 31 juillet. Plus encore, « dans le nord des Etats-Unis, où sont cultivés les blés durs, et au Canada, les semis affichent une hausse sensible ». La production canadienne progresserait à 4,6 Mt en 2012, contre 4,2 Mt en 2011, et celle des USA atteindrait 2,3 Mt, contre tout juste 1,4 Mt l’an dernier, en raison d’une hausse des emblavements. Après une chute à 0,7 Mt, son disponible exportable retrouverait un niveau plus en ligne avec la normale, à 1,1 Mt. L’alternance de pluies et de soleil a été favorable aux cultures, même si la sécheresse a quelque peu affecté les blés durs américains fin juillet.

L’Algérie et l’Italie devraient être moins demandeuses
    Côté consommation, la production de l’Algérie, premier importateur mondial serait bonne, au niveau quantitatif, à 3 Mt (2,5 Mt) mais aussi en qualité. Le pays a d’ailleurs indiqué qu’il ne solliciterait pas le marché mondial en 2012. Les Algériens devraient en tout état de cause au moins « attendre de cerner le profil de la récolte nord-américaine », avant de se manifester. En Italie, la récolte est estimée à 4 Mt (3,9 Mt). Les industriels transalpins devraient donc moins solliciter les exportateurs. Mais le pays reste structurellement déficitaire. La qualité semblant aussi au rendez-vous, les industriels italiens, adeptes des assemblages, pourraient alors « privilégier à l’importation les blés économiquement intéressants », anticipe Jean-Victor Bregliano. Quant aux pays du Maghreb, ils auraient déjà avancé leurs couvertures. Notons cependant que la moisson marocaine se situerait à 1 Mt contre 1,7 Mt en 2011. Autres élément haussier : la production mondiale, anticipée à 35,2 Mt (36,7 Mt), inclut une nette baisse des volumes de l’UE, avec 7,6 Mt attendues contre 8,2 Mt l’an dernier et 9,1 en 2010. La récolte espagnole, affectée par le temps chaud et sec, chuterait notamment de 0,9 Mt à 0,4 Mt. Celle de la Grèce, compte parmi les points d’interrogations de cette campagne. Son niveau serait difficile à cerner réellement, selon certains opérateurs. Le CIC l’anticipe à 0,7 Mt, contre 0,9 Mt l’an passé et 1,3 Mt en 2010 et 2009. Quant au stock de report attendu pour la fin 2012/13, il devrait glisser à son plus bas niveau depuis cinq ans, à 6,9 Mt, et ce malgré une baisse de la demande mondiale de 2,5 %.

Composer avec une qualité hétérogène
    En France, où la récolte est en cours, les volumes seraient donc abondants avec des rendements stables dans le Centre (62,5 q/ha), mais en nette hausse en Midi-Pyrénées (57,5 q/ha). L’inconnue reste le profil qualitatif de la récolte. Celle-ci s’annonce hétérogène avec des taux de mitadins élevés dans le Sud-Ouest et dans le Centre notamment, cette zone connaissant aussi des problèmes de germination. Reste à évaluer les volumes concernés. Face a cette variabilité, les OS auront un rôle essentiel à jouer. « La qualité va orienter les prix et segmenter le marché. Les prochains jours vont être déterminants, indique Jean-Victor Bregliano, poursuivant : « le mois d’août va permettre de qualifier la récolte » et donc les prix.

Une définition de prix multifactorielle
    Au-delà des éléments propres au blé dur, « il faut rester attentif à l’ajustement de l’ensemble des marchés » poursuit le dirigeant de la semoulerie de Bellevue. Aux Etats-Unis, la demande en maïs des bioéthanoleries fléchit ; en Russie, la récolte de blé tendre s’avèrerait de bonne qualité et en France la météo a permis un bon remplissage des grains... Les marchés, pleins de surprises, peuvent donc encore se rééquilibrer selon les opérateurs. Mais il faut aussi garder un œil sur l’hémisphère sud, alors que les conditions sèches en Argentine commencent à être évoquées. « De nombreux paramètres sont en jeu, et tout peu aller très vite », rappelle Jean-Victor Bregliano, confirmant que les marchés sont de plus en plus difficiles à anticiper et déconnectés des fondamentaux. Pour Aymeric Bernet, d’ailleurs, le marché risque d’être « très volatil au moins jusqu’à ce que les maïs américains soient récoltés ».

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