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L'amidonnerie se refait une santé en 2021 mais s'inquiète pour 2022

L'Usipa (Union des Syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés) réclame un prolongement des aides gouvernementales en 2023 pour faire face à la crise énergétique. 

Ce sont 1,9 Mt de maïs qui sont transformées par l'industrie amidonnière en une année, contre 3,4 Mt de blé tendre et 1,2 Mt de pommes de terre féculières et pois.
© mute_gemini-Pixabay

Le chiffre d’affaires des amidonniers français a progressé de 9,2 % entre 2020 et 2021, à 3,2 milliards d’euros, se réjouit Claude Risac, président de l’Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés (Usipa), lors d’une conférence de presse le 29 septembre à Paris. Toutefois, le secteur craint l’année 2022, marquée par la flambée des prix de l’énergie, renchérissant par ricochet les coûts de production des industriels.

Le dirigeant de l’Usipa rappelle que la filière avait subi un effritement de ses ventes entre 2019 et 2020 de 6 %, à cause de la pandémie de Covid-19. Ainsi, le rebond de 2021 est bienvenu, sachant que « 73 % de la production des amidonniers a été exportée », contribuant à la balance commerciale française et confortant« son rôle de leader du secteur en Europe », précise Claude Risac.

Consommation de matières premières agricoles en hausse de 0,5 Mt

L’Usipa indique que 6,5 Mt de matières premières (blé, maïs, pois, pommes de terre féculières), dont 97 % d’origine française, ont été transformées par les usines en 2021, soit une hausse de 500 000 t par rapport à 2020.  

Les débouchés de l’amidonnerie restent semblables en proportion par rapport aux années antérieures : 54 % vers l’industrie alimentaire (boulangerie, pâtisserie, charcuterie, nutrition infantile…) et le reste vers le non alimentaire. « On constate une nette progression (+4 points) des usages par les industries pharmaceutique et chimique. L’amidon est en effet largement utilisé comme excipient dans nombre de médicaments, et le dextrose, un de ses dérivés, est indispensable dans les hôpitaux en soins post-opératoires », précise le communiqué des amidonniers.

Mais les industriels du secteur se sont pas sereins pour 2022 et même 2023. Comme les autres représentants d’industries alimentaires (ANMF, Intercéréales, La Coopération agricole, etc.), la flambée des coûts de l’énergie inquiète, sachant que l’amidonnerie constitue une activité fortement consommatrice. « Les prix ont atteint un niveau tel qu’ils génèrent des risques majeurs pour la compétitivité de l’activité alors même qu’un ralentissement économique se profile », alerte l’Usipa.

Demande d’exemption d’un hypothétique rationnement de l’énergie

L’amidonnerie demande des actions du gouvernement, à commencer par une exemption d’un potentiel rationnement de l’énergie. « Ces dernières années, l’amidonnerie française a déjà largement optimisé l’efficacité énergétique de ses usines. Le moindre rationnement signifierait donc une baisse symétrique de notre production. Or nous fonctionnons, comme nos clients, en flux tendus : quelques jours de rationnement de la production signifieraient très rapidement des pénuries en cascade chez nos clients de l’alimentaire ou de la santé. C’est pourquoi nous demandons, comme le cadre européen le prévoit, que nos activités soient considérées comme « essentielles aux besoins de la Nation », et donc exemptées de telles mesures », argue l’Usipa.

Les amidonniers « continueront à prendre leur part dans les actions de sobriété énergétique auxquelles nous sommes collectivement appelés », tempère toutefois Claude Risac. La filière déclare avoir achevé cette année sa feuille de route de décarbonation. Elle espère réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 35 % entre 2015 et 2030, sachant qu’elle est déjà parvenue à les réduire de 12 % entre 2015 et 2020. « Mais cet objectif suppose que la profession sauvegarde sa compétitivité afin de pouvoir financer les investissements nécessaires à sa transition écologique », prévient l’Usipa.

Le syndicat réclame un prolongement en 2023 des dispositifs gouvernementaux permettant de limiter l’inflation des prix de l’énergie, et, comme La Coopération agricole, « la révision des critères d’éligibilité et la prise en compte de son statut de secteur particulièrement affecté ».

Les déclarations de l’Usipa, de l’ANMF, d’Intercéréales, de La Coopération agricole... interviennent dans un contexte où le président de l’Ania (Association nationale des industries alimentaires), Jean-Philippe André, expliquait, le 28 septembre sur Franceinfo, que les industriels sont devant « un tsunami de coûts dans le secteur alimentaire ».

Des distributeurs pointés du doigt par les autorités

Par ailleurs, le gouvernement a critiqué l'attitude des distributeurs dans un communiqué du 29 septembre, alertant sur le recours abusif aux pénalités logistiques, qu'elles infligent aux fournisseurs agro-industriels lorsqu'ils ne livrent pas leurs produits dans les délais réclamés. Par conséquent, les autorités ont demandé aux distributeurs un moratoire sur ces pénalités logistiques.

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