Courtage
La société Émeric fête ses cent ans !
La société du Sud-Ouest a joué un rôle moteur dans le développement des flux régionaux.
Créée il y a un siècle par Jean Émeric, la société de courtage en grains éponyme a toujours cultivé « une philosophie d’ouverture à l’international, que nous nous employons à perpétuer », explique Philippe Duriava, spécialiste des oléagineux. Unique représentant en France des moulins de Dakar jusqu’à l’indépendance du Sénégal en 1960, l’entreprise, basée à Toulouse, prend part au marché italien dans les années 60. Durant les 60 ‘s, alors que le marché des oléagineux se libéralise, l’entreprise accompagne le développement de la culture du tournesol dans le Sud-Ouest. Au début des 90’s, la suppression des frontières avec l’Espagne ouvre un débouché de choix pour les productions régionales et en particulier le blé, « culture historique » d’Émeric. Et depuis l’avènement du nouveau millénaire, le cabinet de courtage s’attache à mettre en place des flux d’approvisionnement du sud de l’Europe (France, Espagne, Portugal et Italie), notamment en graines oléagineuses d’origines mer Noire, Australie et Canada. La société, qui emploie aujourd’hui 7 personnes, participe à la commercialisation d’un million de tonnes d’oléagineux par an pour un volume total de 2,5 Mt de grains gérées.
L’Espagne comme premier consommateur
Basés dans une zone où les ratios de production sont bien inférieurs à ceux des grandes régions céréalières, comme l’explique Christian Crispel, courtier spécialiste des blés, « nous sommes sur des marchés atomisés, très marketés et moins standardisés » que ne peuvent l’être des opérateurs situés à proximité des ports d’exportation. Du fait de leur caractère étroit, certains marchés, comme ceux du blé dur ou des oléagineux, s’affranchissent d’ailleurs des évolutions des places électroniques. Dans le Sud-Ouest, les rendements avoisinent en effet les 2,5 t/ha en tournesol, 4 t/ha en blé dur et 5 t/ha en tendre. L’accent est alors mis sur la qualité. La société Émeric a, là encore, joué un rôle important dans l’essor de la production de blés de force pour répondre aux besoins de meuniers transpyrénéens. Ces derniers écrasent 5 à 6 fois plus que les industriels locaux qui, eux, travaillent 50 à 60.000 t/an.
Si les Italiens restent des clients privilégiés, l’Espagne constitue le bassin de consommation naturel des productions du Sud-Ouest. « Les provinces du nord de l’Espagne sont pour nous l’équivalent de ce qu’est la Bretagne et ses fabricants d’aliments du bétail ainsi que la ceinture parisienne et ses meuniers » pour les céréaliers du nord-Loire, comme l’image Christian Crispel. Et « dans la mesure où il s’agit de matières premières destinées à la production de biens alimentaires, la demande y est moins affectée par la crise économique actuelle », estiment les courtiers. En revanche, « le timing de gestion des achats, réalisés au dernier moment, illustre le manque de visibilité, même si le marché à terme du blé tempère cette tendance » des industriels.
Perpétuant l’idée « d’aller voir ce qui se fait de bien au-delà de nos frontières », l’équipe de la société Émeric a toujours à cœur « d’entretenir la proximité avec ses partenaires commerciaux. Nous restons des locaux ! », assure-t-elle. Et pour fêter ses 100 ans, la société a donné un coup de jeune à son logo et son site Internet.