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Céréales / France
La Russie, arbitre de nos bilans ?

L’Onigc s’attend à une seconde partie de campagne d’exportations toujours dynamique… si l’origine mer Noire ne vient pas jouer les trouble-fêtes

L’OPTIMISME reste de mise concernant la capacité d’exportation française pour 2008/2009. Une activité qui sera déterminante pour l’équilibre des marchés. L’Onigc a notamment maintenu, à l’issue de la réunion du conseil spécialisé céréales du 14 janvier, son estimation des expéditions françaises de blé sur pays tiers à 9 Mt, compte tenu de la « très bonne dynamique » observée depuis le début de campagne, a justifié Christian Vanier, directeur adjoint de l’office. Avec 5 Mt expédiées, contre à peine 2 Mt la campagne passée, l’objectif est en effet déjà « réalisé pour plus de moitié. » L’office souligne cependant les difficultés rencontrées sur l’Egypte où la France « demeure peu compétitive », notamment vis-à-vis des offres de la zone mer Noire et notamment russes. Celles-ci remportent régulièrement la mise dans les appels d’offres en se positionnant « quelques dollars en dessous » des prix hexagonaux, et même près de 20 $/t lors d’un récent achat du Caire. L’agressivité des offres de cette région constitue une vraie « zone d’ombre » pour le déroulement de la seconde partie de campagne.

Le comportement de la Russie est en particulier difficile à anticiper dans la mesure où le pays met en place un système semblable à notre intervention (cf. encadré) pour réguler son marché intérieur et assurer l’alimentation des ses outils de production. Les blés français se heurtent également à la concurrence des pays de l’Est sur le marché européen, notamment sur l’Espagne et la Grèce. En dépit des bons chiffres à l’export, le stock de report national est donc ajusté à la hausse de 100.000 t sur un mois et porté à 3,7 Mt. Cette révision illustre aussi la contraction des utilisations par les Fab.

Au niveau européen, le rythme des demandes de certificats d’exportation est resté soutenu en décembre, avec 800.000 t octroyées durant le mois pourtant marqué par la trêve des confiseurs. Quelque 11,8 Mt de licences avaient été délivrées en ce début d’année, contre 3,3 Mt l’an passé. L’accroissement général des échanges mondiaux (117 Mt, contre 110 Mt en 2007/08) –favorisés entre autres par le repli des coûts d’affrètement– et le retrait partiel des Etats-Unis (26 Mt/34,2 Mt) expliquent ces bons résultats. L’Onigc souligne à cet égard la performance de l’Allemagne qui affiche « un dynamisme relativement plus important » que celui de l’Hexagone et s’impose comme un exportateur européen de premier ordre. Les demandes de certificats du pays atteignent 3 Mt. Prisés pour leur qualité protéique, les blés germaniques sont cette année disponibles en quantité (26 Mt en 2008, contre 20,8 Mt en 2007). Ce dynamisme surprend néanmoins les opérateurs français.

Ventes de maïs UE au plus haut

Autre élément marquant relevé par l’Onigc : l’UE est devenue exportatrice nette de maïs sur pays tiers. Une première ! Et sans restitution. Faut-il y voir « les signaux d’un changement ?», s’interrogeait Christian Vanier lors de la conférence de l’Onigc. « Nous le souhaitons », assurait-il, car comme en blé, cette activité est déterminante pour l’équilibre du marché. Le stock de fin de campagne français est à cet égard modéré de 300.000 t par rapport au dernier bilan établi par l’office, en raison des bonnes perspectives de ventes sur le nord de l’UE. La Fran-ce profite notamment sur cette destination des problèmes logistiques rencontrés par les pays de l’Est. A 3,1 Mt, le stock estimé demeure néanmoins élevé. Le total des certificats d’exportation délivrés en maïs atteint désormais 1 Mt, avec, en tête des fournisseurs les Pays-Bas, la Roumanie, la France, l’Allemagne, suivis de la Hongrie.

En orge de mouture en revanche, les exportations européennes se sont nettement essoufflées en fin d’année. Une tendance directement liée à la concurrence de la mer Noire. Le surplus exportable de cette zone de production avoisinant les 6,5 Mt, contre 2 Mt en 2007/2008, elle devrait confirmer sa position préférentielle sur le marché mondial pour le prochain semestre. L’estimation des exportations d’orges françaises sur pays tiers est d’ailleurs abaissée de 250.000 t sur le mois, à 1,4 Mt, et le stock de report est réhaussé à 2,1 Mt.

Les importations dans l’UE demeurent, de leur côté, assez faibles, du fait notamment du rétablissement des droits de douanes. Les tirages dépassent à peine les 2 Mt en maïs, contre 8 Mt l’an dernier. En revanche, comme le note l’office, « les opérateurs se sont rués sur les contingents à droit réduit ou nul» réinstaurés en début d’année en blé et maïs.

Les tranches ouvertes pour le premier semestre ont été épuisées en une semaine ! La Commission a dû appliquer des coefficients correctifs de 0,88 % en maïs et 1 % en blé (10 t allouées pour 1.000 t demandées).

Stabilisation des marchés ?

Par ailleurs, en ce début d’année, « la chute des prix, ininterrompue depuis le début de campagne, semble stoppée », comme le notait Christian Vanier. Si cette stabilisation est intervenue dans un contexte d’échanges limités, comme il l’a tempéré, elle pourrait être annonciatrice d’un raffermissement. Mais les prévisions de stocks s’alourdissent…

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