Aller au contenu principal

Approvisionnement
La nutrition animale alerte sur la hausse des prix agricoles

Les fortes augmentations de prix des matières premières entrant en alimentation animale vont probablement durer et fortement impacter les filières.

La Chine est devenue structurellement déficitaire en maïs depuis plusieurs années.
© SolennDelhayeBoloh

Le président du Snia, François Cholat constate, dans un communiqué en date du 7 janvier, la hausse forte des prix depuis l’été pour le blé tendre fourrager, le maïs et l’orge mais aussi pour le soja et le colza. Il s’inquiète d’une tendance haussière « amenée à s’installer pour encore quelques mois, selon les analystes des marchés », et ce, alors que les couvertures, assurées à des prix d’avant la plus forte hausse, vont peu à peu tomber. Patricia Le Cadre, directrice des études Alimentation & filières animales au Céréopa et éditrice de la lettre d’analyse VigieMP, confirme les causes de cette hausse durable, qu'elle avait analysées à la mi-décembre lors de la session AFZ.

La crise du Covid-19, oui mais...

« La crise Covid n’est pas la seule cause de cette hausse tarifaire. Par exemple, la hausse du prix des céréales est emmenée par le maïs depuis août. Les importateurs de blé pour l’alimentation humaine ont effectivement réalisé des achats de précautions face à la crise sanitaire », explique Patricia Le Cadre. Un mouvement accentué par la hausse du prix du riz par suite de difficultés logistiques majeures dans certains pays exportateurs.« Le second étage de la fusée c’est la forte demande de blé pour l’alimentation animale. La Chine va montrer son vrai visage ou plutôt celui de ses stocks probablement très insuffisants pour faire face à sa demande intérieure. » Son retour sur le marché mondial est probablement durable puisque le pays est devenu structurellement déficitaire en maïs depuis plusieurs années - « de l’ordre de 30 Mt entre sa production et sa consommation en 2020 » - et tape rapidement dans ses réserves, par ailleurs surestimées dans les bilans. « C’est donc bien cette demande forte en maïs qui entraîne la hausse des cours de blé », souligne Patricia Le Cadre. Pour François Cholat, le fait que certains pays exportateurs de céréales comme la Russie indiquent des restrictions, en raison de la sécheresse qui les ont frappés, renforce toutes les tensions économiques.

Du côté des protéines, Patricia Le Cadre estime que la planète n’en manque pas depuis deux ans en volume. Mais les fermiers argentins font de la rétention de graine dans la peur d’une nouvelle dévaluation de leur monnaie et 40 % des stocks mondiaux y seront bloqués fin septembre. « Aujourd’hui, il n’y a qu’un magasin de soja ouvert, ce sont les Etats-Unis. Le Brésil a déjà vendu une bonne part de sa future récolte, et à pas cher, donc il ne bradera pas sa marchandise. Les fermiers états-uniens réalisent de belles performances et devraient encore augmenter leurs surfaces de maïs comme de soja mais cela ne devrait pas compenser la baisse des stock de cette année », poursuit l'analyste. Et tout cela sans omettre la question des monnaies, la baisse du dollar alimentant la hausse des prix à Chicago. La production européenne de colza, avec ses 15% de volume en moins par rapport à la moyenne quinquennale ne pourra pas desserrer la pression sur les acheteurs. « Nous mettons, comme toujours, tout notre savoir-faire au service de l’élevage pour garantir sa performance et sa résilience. L’exercice a ses limites et l’augmentation du coût de l’alimentation des animaux, liée à celle des matières premières, est une réalité que les filières françaises doivent intégrer dans leur stratégie », conclut François Cholat.

Les plus lus

Prix du blé : un marché attendu très lourd en 2025-2026, qui risque de peser sur les cours

Pour Maxence Devillers, analyste agriculture chez Argus Media, il faut s’attendre à un bilan français de blé tendre…

Biocarburants : « La critique du B100 et de l’HVO par l’État est incompréhensible, à la limite de l’inacceptable »

La filière biocarburants ainsi que les acteurs du transport routier de marchandises sont vent debout contre un récent rapport…

Les exportations de blé origine Roumanie et Bulgarie
Marché à terme : un premier mois de négociations réussi pour le contrat blé CVB du CME

Le Chicago Mercantile Exchange (CME) vient de publier quelques informations concernant son nouveau contrat à terme blé origine…

Champ de céréales aux environs de Mateur, Tunisie en avril 2025
Moisson 2025 en Afrique du Nord : malgré la progression de la production de céréales, une hausse des importations à prévoir en 2025-2026

En Algérie, en Égypte, au Maroc et en Tunisie, la production de blé et d’orge devrait progresser de 12 % en 2025-2026. En…

Graphique prix colza tournesol France au 13 août 2025
Marché des oléagineux du 13 août 2025 - Revirement à la hausse du prix du colza français à l'image du marché mondial des oléagineux et du pétrole

L’évolution des prix du colza et du tournesol français entre le 12 et le 13 août 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Marché des céréales et du sucre du 13 au 20 août 2025 - Les prix du blé poursuivent leur baisse avec l’arrivée des récoltes de la mer Noire

L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie, maïs et autres…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne