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Marché mondial
La filière Céréales face à l’évolution des besoins mondiaux

Les intervenants de la journée France Export Céréales ont fait le point sur les leviers d’actions pour renforcer les positions françaises à l’export.

Chaque année, la France exporte près de la moitié de sa production de blé tendre, vers les pays tiers ou au sein de l'Union européenne.
© Huskyherz (Pixabay)

Le message de la journée France Exports Céréales (FEC) le 24 mars se résume ainsi : la demande des clients UE et des pays-tiers évolue, et les exportateurs hexagonaux de grains doivent s’y adapter.

Afrique de l’Ouest : demande de qualité

En Afrique subsaharienne (ou plutôt Afrique de l’ouest), zone d’expertise de Yann Lebeau, responsable du bureau FEC de Casablanca, les besoins des populations changent. « Au départ, les consommateurs africains mangeaient un pain d’assez basse qualité : peu de goût mais volumineux, permettant de manger à sa faim. Aujourd’hui, ils veulent davantage de qualité ». Cela implique une meilleure formation des meuniers locaux et impose à la France d’intensifier ses efforts dans ce domaine : « former les meuniers et les formateurs à l’utilisation de nos blés. L’aspect logistique est aussi important. Il faudra dans les dix années à venir insister sur la coopération technique », argue-t-il.

Yann Lebeau évoque la croissance du marché des céréales, et surtout du blé tendre dans son secteur. Les capacités d’écrasement sont passées de 10 Mt en 2010 à 19 Mt en 2020. Côté consommation, « elle croît en moyenne de 5 % par an, et il y a de la marge. Je rappelle que la consommation française de pain est de 75 kg/hab/an, de près de 200 kg/hab/an en Afrique du nord et à seulement 20 kg/hab/an en Afrique subsaharienne. Mais je ne crois pas que la France ait la volonté d’augmenter son offre de 5 % par an non plus. Ainsi, il faudra se spécialiser », analyse-t-il. Sans oublier qu’il ne faut surtout pas se reposer sur ses lauriers et penser que les clients resteront fidèles quoiqu’il arrive. « Par exemple, le marché nigérian du blé était une citadelle imprenable réservée au blé US. Puis, les Russes sont arrivés, très compétitifs, et y ont déversé 1 Mt ! », prévient Yann Lebeau.

Moyen Orient : répondre aux demandes du secteur privé

Concernant les clients du Moyen-Orient (Égypte et Arabie saoudite) et l’Algérie, Roland Guiragossian, responsable du bureau du Caire et d’Alger de FEC, rappelle que ces dernières années, « 98 % des achats de céréales françaises ont été réalisés par des organismes publiques ». Des acquisitions qui servent souvent à financer des politiques de subventions de consommation de pains.

Ces dernières années, le secteur privé a progressé dans les filières céréalières selon Roland Guiragossian. « En Égypte, cela fait 2-3 ans qu’un quota de subvention a été mis en place. En Algérie, la baisse des revenus pétroliers a incité les autorités à restreindre les subventions au seul blé tendre servant à produire du pain. En Arabie Saoudite, un mouvement de privatisation des moulins est initié ».

Ces pays cherchent aussi à développer leurs productions. Ainsi, « il faudra de plus en plus traiter avec des opérateurs privés et bien analyser leurs besoins, plus techniques, les offices publics raisonnant avec un cahier des charges et au meilleur prix. Il faudra assurer une homogénéité des chargements et une logistique efficace », prévient-il.

Roland Guiragossian rappelle que les clients du Moyen-Orient observent avec intérêt le taux de gluten humide. Et que les acheteurs privés égyptiens jugent le taux d’humidité dans les grains français trop élevé.

Chine : essor des produits de boulangerie français

Li Zhao Yu, responsable du bureau FEC de Pékin, explique que le blé français est proche de celui chinois en qualité : un taux de protéine assez faible, servant à la fabrication de produits standards chinois, comme les nouilles et les raviolis. Mais pour la boulangerie et des produits de plus haute valeur, les blés français servent souvent de complément.

Pourtant, « la demande en produits de boulangerie à la française ne cesse de grimper. Il y a des opportunités, et nous travaillons à la formation des meuniers chinois aux blés français », prévient Li Zhao Yu. Ainsi, un potentiel de progression ou stabilisation des flux français vers la Chine existe, à condition d’améliorer la qualité. « Il faudra faire face à de nouveau exportateurs, comme le Kazakhstan », alerte l’expert.

Intracommunautaire : des clients très variés

Benoît Meleard Responsable pôle Qualité d’Arvalis-institut du végétal, a insisté sur la complexité du marché intracommunautaire. « La clientèle est multiple et pointue », analyse-t-il, insistant sur la nécessité de réfléchir en zone géographique plutôt qu’en termes de nations, celles-ci étant souvent trop vastes et présentant des particularités propres d’une région d’un pays à une autre.

Sur le marché de la nutrition animale, le blé français répond largement à tous les critères techniques, « mais les exigences sont de plus en plus proches de celles de l’alimentation humaine au niveau de la qualité sanitaire des grains dans certaines zones » a-t-il prévenu.

Concernant la demande des industriels de l’agroalimentaire, les blés français sont un peu plus à la peine, les qualités techniques des grains exigées pour entrer dans les cahiers des charges en alimentation humaine sont trop élevées, a décrit Benoît Meleard. Le blé hexagonal intervient « en complément », plutôt utilisé en mélange, pour le spécialiste.

 

 

 

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