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Grippe aviaire : Coop de France demande des aides pour les Fab

La baisse de consommation de volailles affecte le niveau de production des fabricants d’aliments. Les coopérateurs tirent la sonnette d’alarme.

LA BAISSE DE consommation due à la grippe aviaire a affecté l’activité de l’ensemble de la filière. Les fabricants d’aliments composés n’ont bien sûr pas été épargnés, même si les conséquences négatives se font pour eux ressentir avec un décalage dans le temps. Stable jusque janvier, la production d’aliments volailles a aujourd’hui décroché. La baisse des tonnages pourrait, selon le Syncopac, atteindre 50 % dans certaines zones. Après avoir examiné les conséquences de cette crise de la consommation de produits de la filière avicole, Coop de France demande «l’extension des mesures de soutien déjà décidées, aux organisations de producteurs et aux fabricants d’aliments du bétail les plus touchés», comme elle le développe dans un communiqué du 16 mars. A moyen terme, «compte tenu du caractère durable de la crise», l’organisation professionnelle appelle à une «réflexion stratégique en partenariat avec la profession permettant de maintenir les capacités de production de volailles françaises et européennes techniquement performantes et économiquement viables». Pour Philippe Mangin, président de Coop de France, «la France et l’UE doivent mobiliser leurs moyens financiers et adapter les outils de soutien des marchés, pour aider la filière avicole».

Chute de 20 à 50 % des volumes d’aliments volailles, selon les régions

Si la baisse de consommation de viande de volailles par les ménages se situe entre 7 et 10 % par rapport à la même semaine de 2005, selon les dernières estimations, elle a atteint jusqu’à 25 % au plus fort de la crise. Les ventes à l’export hors Europe ont même chuté de près de 50 %. La progression de la grippe aviaire dans le monde et la psychose qu’elle a suscitée chez les consommateurs ont en fait eu deux influences distinctes sur l’activité des fabricants d’aliments composés comme l’explique Jo Bessemoulin du Syncopac. En premier lieu, face à la chute des ventes de volailles, les éleveurs ont allongé les vides sanitaires pour ne pas mettre en place de nouveaux lots qui ne pourraient être commercialisés. Cette situation sous-tendait une baisse de la demande en aliments.

La seconde conséquence est liée au prolongement de la durée de vie des animaux. Certains lots, dont les abattoirs n’ont pas voulu, ont en effet dû être maintenus dans les élevages. Cela s’est traduit par une augmentation de la consommation d’aliments jusqu’au mois de janvier. Par ces deux phénomènes, les volumes d’aliments fabriqués se sont maintenus plus ou moins en équilibre sur la fin de l’année 2005 et le début 2006 par rapport à 2004/2005. Cela explique pourquoi les Fab n’avaient jusqu’ici pas fait entendre leur voix. Mais «depuis février, l’enquête que nous avons menée auprès des fabricants montre une accélération de la réduction des plannings», rapporte Jo Bessemoulin. Le nombre de stockage sur pied a diminué. En effet, leur maintien devenant trop cher, des élevages ont dû être détruits. Ces opérations ont été réalisées à la charge des organisations de producteurs. «Cette situation va entraîner un recul de la production d’aliments volailles de l’ordre de 20 à 30 %» dans les zones qui ne sont pas vouées à l’export pays tiers. «Pour celles tournées vers l’export, comme la Vendée ou la Bretagne, les industriels de l’alimentation animale pourraient même enregistrer une chute de 50 % de leurs volumes». Certaines unités s’orientent vers le chômage technique et des restructurations ne sont pas à écarter. Les producteurs bretons, déjà en situation de surproduction avant la crise, n’avaient pas besoin de cela. Le Syncopac et Coop de France ont l’intention d’adresser au ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, une lettre pour solliciter un entretien et faire en sorte que la situation des Fab les plus touchés soit prise en compte.

Un report de consommation difficile à exploiter

Quant à un report sur les autres productions, «personne n’arrive pour le moment à les quantifier». La banque de France rapporte néanmoins, en février, un niveau de consommation de viande bovine élevé pour la période, du fait de la désaffection des consommateurs pour la volaille. Le report de la demande était, en comparaison, bien plus marqué lors de la crise de l’ESB. Mais la situation est différente. La filière avicole, bénéficiant d’une rotation rapide, avait à l’époque pu répondre à l’accroissement brusque de la demande en volailles. Là, la situation est inversée, les filières susceptibles de satisfaire les consommateurs présentent des cycles plus longs et l’offre est donc plus difficile à mettre en œuvre. Notons que les mises en place vont reprendre dans les élevages avicoles, avec un nombre de poussins plus limité néanmoins, la prudence restant de rigueur.

REPERES production française d’aliments composés en 2004 En 2004, le secteur de l’alimentation animale a produit 22,32 Mt d’aliments composés. Cela portait la baisse d’activité à 1,2 Mt sur trois ans. Les aliments volailles constituent le premier poste de ce secteur avec 9,24 Mt fabriquées en 2004 (contre 6,67 Mt d’aliments porcs et 4,31 Mt d’aliments bovins). La France est le premier producteur européen d’aliments composés, toutes catégories confondues, et leader sur le marché des aliments volailles.

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