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Marché mondial
La dynamique sur l'Afrique de l'Ouest dope l'estimation d'export de blé vers pays tiers de FranceAgriMer

L'épidémie de Covid-19 ne semble pas pour le moment pénaliser les expéditions hexagonales de céréales. FranceAgriMer revoit donc à la hausse les exportations de blé tendre de 0,1 Mt sur pays-tiers d'un mois sur l'autre.

© Sénalia-Elie

"Nous étions très prudents quant à notre prévision d'exportation de blé tendre le mois dernier. C'est pourquoi nous le relevons de 0,1 Mt sur pays-tiers à 12,7 Mt pour la campagne 2019/2020", s'est exprimé Marion Duval, adjointe du chef de l'unité grains et sucre de FranceAgriMer (Fam) lors de la conférence de presse suivant le conseil spécialisé des céréales de l'organisme public le 11 mars à Paris.

La France confirme son retour sur l'Afrique de l'Ouest

La révision haussière des expéditions hexagonales sur pays-tiers s'explique d'abord par le bon mois de février, avec 1,45 Mt expédiées environ rapporte Fam. Les chargements vers l'Afrique de l'Ouest s'avèrent très bons. "Nous avons repris des parts de marché, et nous sommes au même niveau qu'avant 2016 désormais", appuie Marc Zribi, chef de l'unité grains et sucre. Fam estime les exportations sur un ensemble de pays (Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Cameroun et l'Angola) à 0,750 Mt depuis le début de la présente campagne. Si les chargements destinés à la Chine se sont essoufflés par rapport au début de campagne récemment, ces derniers se poursuivent. Marc Zribi rappelle que les opérateurs français espèrent toujours y placer 1,2 Mt environ. "Nous y avons expédié 763 000 t entre juillet 2019 et février 2020", ajoute-t-il. L'épidémie de Covid-19 n'a globalement pas d'impact pour le moment sur les exportations de céréales françaises, rapportent les analystes de Fam. Et ce alors que deux pays très touchés, soit l'Italie et la Chine, font partie des clients de l'Hexagone. Fort heureusement pour la France, "les bateaux de céréales vont essentiellement se décharger dans les ports du sud de la Chine, qui souffrent moins de difficultés logistiques que ceux du nord du pays, soit Shangaï et Pékin notamment", complète Virginie Nicolet, responsable communication de l'organisme public. En Italie, des perturbations dans les livraisons ont été rapportées, mais pas au point de réduire les flux, signalent les experts de Fam. "Les trains continuent de fonctionner, les flux portuaires se poursuivent, malgré des mises en quarantaine de bateaux...Il est difficile d'y voir clair", rapporte Marc Zribi. Un communiqué publié le 11 mars par le ministère de l'agriculture français va dans ce sens, indiquant que "les transports professionnels de marchandises à destination de l’Italie restent possibles, en particulier des produits agroalimentaires et des animaux vivants, sous réserve du respect par les transporteurs de certaines exigences (une auto-déclaration doit être présentée aux forces de l’ordre en cas de contrôle, permettant de justifier de la circulation en Italie)". Ce sont surtout les flux Hongrie-Italie qui auraient été touchés, rapporte Fam. "Des transporteurs hongrois ont fait valoir leur droit de retrait, refusant d'entrer en Italie pour livrer", précise Marc Zribi. Ainsi, les expéditions hexagonales passent entre les gouttes pour le moment. "Les opérateurs restent tout de même attentifs. Pour l'instant, les effets du Covid-19 ne se font pas ressentir sur les exportations françaises, nous rapportent-ils, mais que se passera-t-il si la France passe au stade 3?", complète l'analyste.

L’Ukraine n'est plus une menace selon Fam, attention à la Russie

Autre élément de nature à rendre les opérateurs français optimistes: "le CIC (Conseil international des céréales) estime que 100 % des exportations ukrainiennes de blé tendre sont contractualisées. Nous ne devrions donc guère voir les ukrainiens sur le marché mondial", indique Marc Zribi. La récolte ukrainienne devrait se situer aux alentours des 25-26 Mt, rapporte Fam pour 2020/2021, un bon chiffre, mais inférieur à l'an passé (29 Mt selon le dernier rapport de l'USDA du 10 mars). En revanche, la Russie reste une menace. "Les Russes ont la capacité d'expédier environ 2 Mt par mois jusqu'à la fin de la campagne", alerte le chef de l'unité grains et sucre de Fam. La Russie devrait être en mesure d'expédier 32-33 Mt en 2019/2020, un chiffre inférieur à celui de l'USDA, qui table sur 35 Mt. "Le marché a été quelque peu surpris par cette révision à la hausse des exports russes, passant de 34 à 35 Mt entre février et mars selon l'USDA. Nous croyons plus au chiffre de 32-33 Mt, donné notamment par Ukragroconsult", prévient Marc Zribi. La concurrence France/Russie restera rude jusqu'à juin 2020, notamment sur l'Afrique de l'Ouest. Surtout si le rouble continue de reculer avec la baisse des prix du pétrole, suite au conflit commercial Arabie Saoudite/Russie, dopant la compétitivité Russe. "Vers l'Egypte, nous ne sommes actuellement plus compétitifs", souligne Marc Zribi. De plus, les bonnes conditions de cultures en Russie laissent espérer une très bonne récolte pour 2020/2021, supérieure à 80 Mt. Enfin, les chiffres à destination de l'Algérie déçoivent quelque peu, toujours en raison de l'absence d'appel d'offres en octobre.

Les exportations françaises de blé tendre sont revues en légère hausse sur l'UE, de 60 000 t, passant de 8,018 Mt à 8,073 Mt entre février et mars, rapporte Fam. Ceci en raison d'un récent rebond de la demande des consommateurs du Nord-UE. Les besoins des fabricants d'aliments pour animaux (Fab) français sont revus en baisse de 0,1 Mt sur la même période, ces derniers se tournant davantage vers le maïs (hausse de 0,1 Mt, à 2,65 Mt). Les réserves de blé tendre français pour 2019/2020 sont à peu près stables, passant de 2,438 Mt à 2,446 Mt. La collecte nationale passe de son côté de 35,847 Mt à 35,910 Mt.

Fermeture d'une amidonnerie, baisse de la consommation de maïs en éthanolerie

Du côté du maïs, Marc Zribi souligne que l'Ukraine n'a exporté "que 60% de son objectif. Elle restera donc présente jusqu'à la fin de la présente campagne". L'Espagne se montre friande d'origines ukrainiennes (1,5 Mt importées depuis le début de la campagne), mais aussi brésiliennes (3 Mt importées depuis le début de 2019/2020), précise l'institution public. Les exportations françaises sur l'UE sont revues en très légère baisse d'un mois sur l'autre, de 15 000 t, à 3,75 Mt. Les opérateurs sont surpris de la meilleure compétitivité du maïs par rapport au blé tendre, justifiant la hausse de la consommation des Fab nationaux. Toutefois, les stocks français 2019/2020 sont revus en légère hausse entre février et mars, passant de 2,206 Mt à 2,267 Mt, compte tenu de la baisse de la consommation de l'amidonnerie et de l'éthanolerie, qui reculent respectivement de 100 000 t et 40 000 t, à 2,05 Mt et 0,54 Mt. "Une amidonnerie va fermer définitivement ses portes durant l'automne 2020, et réduit sa consommation de maïs. Concernant l'éthanol, une usine dans le Sud-Ouest (Lacq) avait annoncé une hausse de sa production, mais des problèmes techniques inconnus ont changé la donne", détaille Marion Duval. Les experts de Fam ont indiqué ne pas connaître l'identité de l'amidonnerie qui allait fermer.

Les chargements d'orges se redynamisent sur février-mars

En orge, les exportations hexagonales se sont redynamisées en février sur pays-tiers, souligne Marion Duval : "l'Algérie a fait l'acquisition en février de 138 000 t, et de 90 000 t pour le Maroc, confirmant le contexte climatique actuellement compliqué dans le pays". Elle ajoute que 50 000 t ont été chargées à destination de l'Arabie Saoudite en février, et déjà 145 000 t lors de la première semaine de mars. Toutefois, les exportations françaises sur pays-tiers sont maintenues à 3,5 Mt d'un mois sur l'autre. Ceci en raison notamment d'une baisse de la consommation de bière de 70% en Chine depuis décembre 2019, du fait des restrictions sur les rassemblements publics dans le pays liées à l'épidémie de Covid-19, selon les données de Li Zhao Yu, responsable du bureau de Pékin de France Export Céréales (Fec). Les exportations françaises sur l'UE sont revues en légère hausse, passant de 3,677 Mt à 3,785 Mt. Les réserves françaises 2019/2020 passent de 1,965 Mt à 1,839 Mt.

Hausse de la consommation des semouliers français?

"Nous avons entendu parler d'une hausse de l'activité des semouleries, en raison de la hausse des achats de pâtes des consommateurs finaux en grande surfaces en raison de l'épidémie de coronavirus. Mais nous n'avons pas encore revu en hausse la consommation des semouliers, que nous maintenons à 490 000 t. Nous observons la situation", a rapporté Marc Zribi. Ainsi, Fam pourrait revoir ce chiffre à la hausse le mois prochain. Les exportations de semoules sont revues en progression de 10 000 t d'un mois sur l'autre par l'organisme public, compte tenu d'une augmentation de la demande des pays-tiers.Dernière information: "les stocks à la ferme seraient plus importants que prévus", souligne Marion Duval. Fam table sur des stocks de fin de campagne 2019/2020 à 63 000 t, contre 57 000 t le mois dernier.

 

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