Export de blé, un caractère essentiel pas assez mesuré par les autorités ?
Plus de 1.000 professionnels du monde des céréales ont pris part, le 16 juin à l'évènement “Génération Blé” marquant les 90 ans de l'AGPB. Stéphane Le Foll, représentant François Hollande (qui a adressé un courrier à la fédération), s'est joint aux festivités, recevant la feuille de route “Ambition Céréales 2030” (cf. n°4056) des mains de Philippe Pinta, président de l'AGPB.
Se sentir soutenus...
« Les céréales restent un enjeu prioritaire pour la France », ont tenu à rassurer les représentants de l'État. Avec plus de 50 % de sa production valorisée à l'exportation, le secteur dégage un excédent commercial de 10 Md€/an, rappelle le chef de l'État. Et les producteurs français entendent « contribuer à relever le défi alimentaire mondial », en pouvant produire plus, a résumé Philippe Pinta. Mais, « au quotidien, nous n'avons pas l'impression que les céréales soient soutenues, a témoigné Jean-Philippe Everling, directeur de Granit Négoce, lors de la table-ronde “Le blé, un atout stratégique pour la France”. Alors qu'il s'agit du « seul marché en croissance », cela « ne semble pas un enjeu majeur pour nos politiques », insiste-t-il.
« Quand une délégation égyptienne va en Russie, elle rencontre Medvedev. Lors du dernier voyage de Fabius en Algérie, nous avons dû faire des pieds et des mains pour qu'il y ait un céréalier. » Or « nous avons besoin que nos clients sentent que nous sommes reconnus par notre propre gouvernement ». Mais « il ne s'agit pas de contrats négociés d'État à État, vous vous débrouillez bien seuls et les ventes sont régulières », riposte Pascal Bonni-face, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégique (Iris). Régulier certes, mais pas assez pour le président de Granit : le marché export, « alimentant des industriels, doit être approvisionné » en continu. « Si l'on doit tout commercialiser qu'entre avril et juin, c'est plus compliqué »… La reconquête de la rémunération des producteurs au prix moyen serait une réponse.
Quant à la compétitivité, sa composante logistique sera de plus en plus déterminante, assure Pascal Lamy, ex-DG de l'OMC. Et l'enjeu dépasse le seul revenu des céréaliers : « Si notre pays perd des parts de marché, il sera une moins grande puissance géopolitique », met en garde Pascal Bonniface.