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Elargir l’horizon du blé tendre

La France prospecte de nouveaux pays tiers pour le blé tendre, l’export restant prépondérant pour l’équilibre du marché

« Le total des certificats de ventes sur pays tiers attribués par l’UE en blé tendre, blé dur et farines atteint 25 Mt. A 500.000 t des Etats-Unis ! » et donc des leaders, a souligné Michel Ferret, chef du service marché de FranceAgriMer, lors de la réunion du Conseil spécialisé céréales du 8 juillet. Les exportations françaises de blé tendre sont, dans ce contexte exceptionnel, maintenues à 9,75 Mt, un niveau plus égalé depuis vingt ans ! Alors que, selon les premières estimations, la récolte de blé tendre se situerait à 36 Mt, contre 37 Mt en 2008, ce rendez-vous a été l’occasion d’esquisser les perspectives offertes par le marché mondial. Si le disponible export de la France devrait être semblable à celui de 2008/09, il faut s’attendre, en 2009/10 à un rééquilibrage des ventes entre les pays tiers et l’UE. Celles-ci pourraient augmenter en raison de moindres récoltes – affectées par un temps chaud et sec – en Europe centrale, qui devrait s’avérer moins concurrentielle. Le différentiel de prix par rapport au maïs devrait également gonfler la demande en fourrager sur le nord de l’UE. Sur pays tiers en revanche, les importateurs traditionnels du Maghreb se feront plus discrets. De fait, « nous attaquons dès maintenant des marchés non habituels », ont assuré les représentants de FranceAgriMer.

Le Brésil, une destination convoitée
Les perspectives de récolte en Argentine, qui fait face à un nouvel épisode de sécheresse, sont « préoccupantes », a rappelé Michel Ferret. Le pays, qui écoule des volumes importants sur le Brésil, « sera handicapé pour cette campagne ». Or, ce dernier a importé 6,1 Mt en 2008/2009 et devrait commander 6,5 Mt en 2009/2010. Mais la baisse de production argentine n’est pas que conjoncturelle. Le pays mise en effet sur le soja et se détourne du blé. Le Buenos Aires Exchange a ainsi estimé l’emblavement pour 2009/2010 à 2,8 Mha, soit une chute de 40 % sur un an, contre plus de 6,5 Mha en 1999. Ses exportations de blé, à 7,3 Mt pour 2008/09 (contre 10 Mt en 2007/08 et 11,9 en 2006/07) ne devraient pas dépasser 4 Mt en 2009/10, selon le CIC. Une situation que la France entend exploiter : « Nous allons relancer les actions de promotion actives des blés français sur le Brésil », indique François Gâtel, directeur de France Export Céréales interrogé par La Dépêche-Le Petit Meunier. Clients des Argentins, les meuniers brésiliens sont habitués à des blés de qualité pouvant être travaillés dans les conditions climatiques du pays. Cependant, ils ne semblent pas exploiter à 100 % le potentiel de ces blés. « L’enjeu, pour nous, est de mieux cerner leurs habitudes de panification et leurs exigences techniques. Puis, de montrer que notre offre peut y répondre. » Mais si l’érosion du potentiel d’exportation argentin « est une opportunité, elle l’est pour l’ensemble des exportateurs. L’UE et la France certes, mais également la Russie », tempère François Gâtel.

L’Egypte privilégie pour le moment l’origine française
La concurrence russe a d’ailleurs été évoquée lors de la réunion de FranceAgriMer. Alors que les blés français ont été retenus dans les deux derniers appels d’offres du Gasc et les blés russes évincés, Michel Ferret s’inter­rogeait : « La Russie va-t-elle rester longtemps au piquet ? » Pour FEC, l’office national égyptien a juste « réaffirmé ses exigences en matière de qualité. » « Les forts différentiels de prix observés dans certains appels d’offres semblaient parfois surprenants. Il y avait sans doute une justification », commente son directeur. Selon les témoignages recueillis en Egypte, les meuniers jugent les blés français « de bonne qualité ». Ils auraient même été à l’affût des cargaisons de l’Hexagone alors qu’ils renforçaient les contrôles sur les blés russes. La capacité d’exportation sur cette destination sera déterminante pour l’équilibre du bilan de fin de campagne 2009/10. Si FEC cherche à pérenniser la présence des blés français sur les marchés où ils sont déjà référencés, comme l’Egypte, il cherche aussi à en « ouvrir de nouveaux. » « L’export sur pays tiers est en effet l’un des seuls débouchés, avec le non-alimentaire, encore susceptible de se développer. »

Le Nigeria, un marché à explorer
A cet égard, le Nigeria, représente « un très gros marché » d’importation (3 Mt environ) sur lequel les blés français sont peu présents. « C’est une zone que nous entendons prospecter », confie le représentant de FEC. Si des achats ont récemment été réalisés, un seul meunier nigérian travaille parfois avec des blés hexagonaux. Les industriels du pays, équipés de très gros moulins, commandent des volumes importants d’HRW, plus adapté à la fabrication de pain de mie. Parmi les autres destinations potentiellement clientes de la France, le Moyen-Orient et l’Arabie saoudite notamment. Elle a basculé, rappelons-le, en position d’importateur, et ses besoins sont voués à s’accroître. Les saoudiens sont eux aussi clients des blés américains, comme l’Irak d’ailleurs (3,9 Mt en 2008/09 et 3,3 en 2008/09), qui « souhaite diversifier ses sources d’appro­visionnement ». Peut-être une opportunité pour les blés français ?

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