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Maïs / Bassin rhénan
« Dans notre quotidien, le maïs est omniprésent »

La Dépêche - Le Petit Meunier : Le village d’Ostheim, en Alsace, accueillera du 11 au 13 septembre le salon Euromaïs. Quelle est la place de cette culture dans la région ?
Christophe Klotz : Quelque 300 000 ha sont consacrés au maïs dans le bassin rhénan. Le fleuve est en effet bordé d’une grande plaine avec, du côté allemand, des terres agricoles parmi les plus riches du pays. Du côté français, le maïs occupe 40 % des 340 000 ha de SAU. 140 000 ha sont consacrés au maïs grain et 12 000 ha aux variétés fourragères.
Les Allemands cultivent davantage de maïs fourrage, qui occupe 82 000 ha du Bade-Wurtemberg, le Land situé de l’autre côté de la frontière, contre 65 000 ha de maïs grain.

LD-LPM : Comment expliquer cet ancrage ?
C. K. :
Notre force est notre climat adapté au maïs, qui a besoin d’eau et de chaleur. Son cycle de développement s’étale sur six mois et correspond au climat continental, avec un passage brusque de l’hiver à l’été. Par ailleurs, nos sols, profonds, stockent l’eau de manière efficace. En année correcte, le rendement moyen est de 100 à 105 q/ha, même sans irrigation ! Comme partout, dans les terres plus légères, situées le long du Rhin notamment, il faut arroser. Mais, sur 70 000 ha cultivés dans le Bas-Rhin, 85 % le sont en non-irrigué. Un chiffre à souligner alors que cette culture est stigmatisée sur la question de gestion de l’eau.

LD-LPM : Un tissu industriel s’est-il développé en conséquence ?
C. K. :
Effectivement. D’importants outils de transformation sont implantés le long du Rhin. Une position stratégique qui permet d’exporter de gros volumes vers les grands ports du nord de l’UE. Les principaux débouchés sont l’alimentation animale, la semoulerie et l’amidonnerie. Roquette et Tereos, avec sa filiale Syral, sont implantés dans la région, ainsi que Costimex, la plus grosse semoulerie de maïs européenne. Ces trois entités captent 40 % de la production alsacienne, qui s’est portée à 1,23 Mt en 2008 (sur 15,7 Mt en France). 60 % de ces maïs sont exportés. Si l’on y ajoute les utilisateurs d’Allemagne et des Pays-Bas, l’industrie absorbe 76 % de la production régionale.
Un schéma différent du reste de la France, où 80 % des volumes sont consacrés à l’alimentation du bétail. La place et l’avenir du maïs dans le bassin rhénan, et notamment sa contribution à l’emploi, seront mis en avant lors du salon Euromaïs qui se tiendra à la rentrée dans la région.

LD-LPM : C’est la première fois qu’une manifestation d’une telle ampleur est consacrée à une seule culture en France. Qu’y est-il prévu ?
C. K. :
Cela fait un an que les partenaires de la filière maïs, français et allemands, travaillent à son organisation. L’événement, plate-forme de démonstration au champ animée par plus de cent experts, proposera des conférences en vue d’informer les professionnels des innovations dans la filière. Il est aussi ouvert au grand public. Le but est de répondre à toutes les questions qu’on pourrait se poser sur le maïs, sans parti pris.
Nous attendons également les élus locaux, qui doivent être sensibilisés aux enjeux et perspectives qu’offre cette culture, pourtant traditionnelle dans la région. En tout, 5 à 6 000 visiteurs devraient arpenter les 10 ha du salon.

LD-LPM : Quels types de produits finis sont fabriqués à partir des maïs régionaux ?
C. K. :
La gamme est large et touche chacun de nous au quotidien, même si on ne le soupçonne pas. Les semoules de maïs sont utilisées pour la fabrication de corn-flakes. Un débouché très important. Elles entrent aussi dans les recettes des tacos ou de gâteaux apéritifs extrudés. Les semoules peuvent également être incorporées en brasserie. Si les précédents débouchés sont stables, ce dernier est plus dépendant de la loi des marchés, et notamment du prix des orges !
Les sucres issus de l’hydrolyse de l’amidon, et toutes leurs recombinaisons, constituent une valorisation majeure. L’exemple du sorbitol, au goût sucré et frais, et non métabolisable par les bactéries responsables des caries, est une bonne illustration des perspectives offertes par cette industrie.
La qualité structurante de l’amidon est aussi exploitée. Dans des aliments, mais pas seulement. Certains produits amidonniers se substituent à des dérivés du pétrole dans la composition des colles et peintures, ou encore pour réguler le séchage du béton ou limiter les fissures des terres cuites. A l’heure où la société cherche à remplacer les sources de carbone fossiles par la biomasse, nous sommes sur un marché porteur ! Une autre utilisation perce en Allemagne : la production de biogaz à partir de maïs. Il s’agit de variétés développant beaucoup de biomasse. On dirait des bambous géants ! 25 000 ha y sont consacrés outre-Rhin.

LD-LPM : Et le développement durable ?
C. K. :
L’implantation en bordure du Rhin est un atout. Comme la valorisation dans des usines proches des zones de culture, d’ailleurs. En effet, mieux vaut véhiculer du glucose quasi pur que du maïs à 15 % d’humidité ! Un corn-flakes produit dans la région ne peut donc être comparé à un autre fabriqué à des milliers de kilomètres. Cette proximité des consommateurs nous donne des cartouches pour l’avenir. Il faudra dès lors prendre garde à l’étiquetage « développement durable ». Par ailleurs, nos circuits ne génèrent aucun déchet ultime. Tout est réutilisé. En semoulerie par exemple, le germe est valorisé par les éleveurs. Une mini-ferme présentera au salon le débouché maïs fourrage et la valorisation des coproduits industriels, essentielle à l’équilibre de notre modèle économique.
Les rafles elles-mêmes sont exploitées. Elles sont souvent restituées aux sols, ce qui est capital pour leur pérennité. La structure alvéolée des rafles en fait un isolant intéressant. Elles peuvent aussi être utilisées comme combustible, brûlées telles quelles dans les chaudières ou broyées puis pelletisées. Des machines séparant les grains et récupérant les rafles à la moisson seront présentées lors d’Euromaïs.

LD-LPM : Le maïs est souvent associé aux OGM. Ce thème sera-t-il abordé ?
C. K. :
Il y a quinze ans, les industriels régionaux ont fait le choix de ne pas recourir aux OGM. Compte tenu des problèmes de ségrégation des filières, ils ont joué la carte de la prudence. Néanmoins, l’un des pôles techniques proposés lors du salon s’intéressera au progrès, avec un atelier sur l’évolution de la génétique. L’apport des biotechnologies à la sélection classique et les OGM y seront abordés. L’Inra et Arvalis-Institut du végétal proposeront une ouverture sur les possibilités qu’offrent les biotechnologies. L’idée est de faire réfléchir, sans éluder la moindre question.

LD-LPM : Comment se présente la récolte ?
C. K. :
Très bien. Nous avons joué à cache-cache avec les pluies, ce qui a fait naître des craintes sur la qualité des blés. Les conditions sont en revanche excellentes pour les maïs ! Par contre la chrysomèle s’est bel et bien installée en Alsace. Nous sommes passés en un an de quelques dizaines à quelques centaines d’individus capturés dans les pièges à phéromones. En cette fin août, on en trouve encore ça et là. Les mesures de traitement systématiques pour éradiquer le fléau ont du mal à passer auprès des producteurs et de la population. Mais le pire reste à venir. Avec des mesures de rotation dans des périmètres bien définis, ce sont plusieurs centaines voire milliers d’hectares de maïs qui vont disparaître. Si cela pose question au niveau de la transformation, cela aura clairement des répercussions sur le revenu des producteurs. On ne remplace pas d’un claquement de doigt la culture la plus rémunératrice de la région. Euromaïs arrive donc à point nommé pour que l’on aborde toutes ces questions avec les producteurs !

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