Aller au contenu principal

Soutien à l'économie
[Coronavirus Covid 19] Le Sénat fait des propositions pour soutenir l’agriculture et l’agroalimentaire

En 5 axes et 15 mesures, le Sénat apporte sa contribution pour soutenir la production alimentaire, de la crise actuelle à la relance. Tour d'horizon.

© Jacques Gaimard/Pixabay

L’axe 1 concerne le niveau européen et international. Dans l’UE, la France doit pousser dès aujourd’hui l’activation de plusieurs mécanismes exceptionnels. Il s’agit notamment de déclencher urgemment tous les mécanismes de crise au niveau européen pour rééquilibrer les marchés, notamment en favorisant les aides au stockage privé. S’agissant plus spécifiquement des secteurs éthanolier et sucrier, le Sénat constate que « si les sites de production français sont très investis dans la production d’alcool pharmaceutique, les volumes ne seront pas suffisants pour redresser les cours à terme. Sont à attendre des difficultés majeures pour les grands groupes sucriers. Or s'ajoute à ce risque un afflux d'importations notamment américaines (et à terme brésiliennes) vers l'UE, les deux producteurs représentant 80 % de la production mondiale d’éthanol » et rappelle que « l’article194 du règlement n°1308/2013 dit «OCM» permet à la Commission européenne de prendre des «mesures de sauvegarde» sur certains produits importés, conformément aux règles de l’OMC, en cas d’une hausse des importations d’un produit qui cause ou menace de causer un dommage grave à une branche de production. Il importe de l’activer dans les secteurs où cela est utile ».

Au niveau mondial, il convient de « préparer la crise à venir dans les autres continents en mettant en place, de manière exceptionnelle, dérogatoire et compte tenu de la crise épidémique et humanitaire mondiale, des restitutions de prix sur certains produits de première nécessité ». Et le Sénat de rappeler l’existence de l’article196 du règlement n° 1308/2013 dit « OCM », qui prévoit que, « pour permettre la réalisation des exportations sur la base des cours ou des prix du marché mondial, notamment quand les mécanismes de crise précédemment évoqués sont déclenchés, la Commission peut mettre en place des « restitutions de prix » à l’exportation, en payant aux producteurs la différence entre les prix mondiaux et les prix de l'Union européenne. Pour gérer la pandémie, surtout avec les mécanismes de stockage, les restitutions de prix à l’exportation pourraient permettre d’offrir un prix garanti à l’export, dans un marché durablement en berne, notamment pour venir alimenter les pays qui pourraient être touchés plus tardivement par l’épidémie (notamment le continent africain). Les règles de l’OMC pourraient s’adapter à la situation à titre temporaire ».

Les sénateurs recommandent aussi d’adapter les règles des aides PAC à la gestion de crise.

Approvisionnement, transport et débouchés

L’axe 2 traite de la garantie de l’approvisionnement alimentaire des citoyens sans alourdir les charges des agriculteurs et des industries agroalimentaires. Il prévoit notamment la gratuité des péages durant la durée du confinement, tout en maintenant la fermeture des barrières afin de garantir le maintien des contrôles et aides à l’export pour compenser le surcoût du transport international. Sur ce sujet, « les transporteurs sont confrontés à un taux d’absentéisme élevé et doivent rouler à vide pour le retour. Pour équilibrer leur modèle économique, ils doivent imputer un surcoût à leurs clients, qui pourrait ne pas compenser la baisse du coût de l’essence et du gazole constatée à la pompe » note le plan sénatoriale. Ces aides à la logistique pourraient se décider au titre de la gestion de crise selon le Sénat.

Cet axe recommande aussi de faire participer l’État au paiement de la prime de 1000 € à 2000 € pour les PME/TPE en lui faisant financer exceptionnellement les cotisations salariales des employés concernés ; de ne pas ajouter de contraintes aux producteurs en décalant l’entrée en vigueur de certains dispositifs augmentant les charges des producteurs agricoles et des entreprises de l’agroalimentaire et d’adapter les règles d’éligibilité du fonds de solidarité aux producteurs agricoles et garantir un bon accès aux crédits garantis par l’État.

L’axe 3 souhaite ouvrir des débouchés aux filières agroalimentaires, dans le strict respect des règles sanitaires requises pour endiguer l’épidémie et l’axe 4 garantir l’équilibre des relations commerciales entre producteurs, industriels et distributeurs. Il conseille aussi la création, dès aujourd’hui, « auprès du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, en présence de parlementaires chargés du contrôle de l’action du Gouvernement, et des interprofessions, une cellule de surveillance des prix d’achat et des prix de vente en grandes surfaces, bénéficiant de l’appui de l’Observatoire de la formation des prix et des marges et du médiateur des relations commerciales agricoles ».

L’axe 5, enfin, veut prévoir dès aujourd’hui la sortie de crise : il propose de créer immédiatement « un groupe de travail associant Gouvernement, parlementaires et interprofessions afin d’évaluer le besoin d’indemnisation des pertes d’activité et de mettre en place un système de sortie de crise indemnisant les producteurs de leur perte de revenus ».

Les plus lus

Prix du blé : un marché attendu très lourd en 2025-2026, qui risque de peser sur les cours

Pour Maxence Devillers, analyste agriculture chez Argus Media, il faut s’attendre à un bilan français de blé tendre…

Champ de céréales aux environs de Mateur, Tunisie en avril 2025
Moisson 2025 en Afrique du Nord : malgré la progression de la production de céréales, une hausse des importations à prévoir en 2025-2026

En Algérie, en Égypte, au Maroc et en Tunisie, la production de blé et d’orge devrait progresser de 12 % en 2025-2026. En…

Philippe Heusele, secrétaire général et Éric Thirouin, président de l'AGPB, lors de la conférence de presse de rentrée le 16 septembre 2025
Prix du blé : les producteurs demandent une revalorisation des prix d’intervention

Lors de la conférence de presse de rentrée de l’AGPB le 16 septembre, les représentants de la profession ont fait part de leur…

Champ de maïs, Isère, août 2025.
Céréales et oléoprotéagineux bio : marché peu actif avant la rentrée

Le marché des grains bio tourne au ralenti en cette fin août. 

participants à la bourse décentralisée organisée par AgroParisBourse au Casino barrière de Deauville le 12 septembre 2025
Bourse décentralisée de Deauville : incertitudes sur les destinations du blé français

La Bourse décentralisée organisée par AgroParisBourse à Deauville le 12 septembre a réuni 160 participants. Les opérateurs…

Marché des céréales du 28 août 2025 - Blé et maïs en hausse sur le Cbot mais en baisse sur Euronext

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 27 et le 28 août 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne