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Moulin Marion
Bio et à la pointe

L'entreprise familiale développe, depuis les années 1980, des filières biologiques en Rhône-Alpes, dans un souci environnemental mais aussi sociétal. Pas de secret : sa rentabilité passe par l'innovation et l'anticipation.

« Préserver l'économie locale et travailler en industriel, mais en limitant au maximum l'impact sur l'environnement et la santé publique », tels sont les principes qui guident Moulin Marion, assure sa présidente, Maria Pelletier, aux manettes de l'entreprise basée à Saint-Jean-sur-Veyle (Ain). « Il y a trente ans, on nous prenait pour des fous de ne mettre ni insecticides ni pesticides. Cela demande plus de matériel et de main d'œuvre mais, économiquement, nous y sommes arrivés. » Moulin Marion travaille avec un millier de céréaliers et éleveurs. En 2012, ils ont produit 5.000 t de farine, en majorité sur meule de pierre, et 12.000 t d'aliments bio pour un CA de 9 M€. « Nous ne rêvons pas d'avoir une multinationale, ce qui ne nous empêche pas de nous moderniser, anticiper et gagner en compétitivité », souligne Maria Pelletier. Elle n'a d'ailleurs pas hésité à faire table rase de l'existant pour mieux se développer en demandant à son époux Michel, le technicien de la maison, de plancher sur un projet industriel. En 2000, la nouvelle usine d'aliments du bétail sort de terre. En 2008, le moulin est érigé à ses côtés. « Ils ont été conçus dans une logique de développement durable. »

Pionniers de la bio

En 1984, Maria et Michel Pelletier, arrière-petit-fils de Célestin qui a racheté le moulin en 1917, décident de se lancer dans le bio. « Nous avons accompagné les conversions, dès le milieu des années 80. Le marché français n'étant pas mûr, nous prenions notre voiture pour commercialiser les produits en Allemagne. » Un hic néanmoins : à la tête d'un moulin, « nous ne pouvions valoriser que les blés meuniers des agriculteurs ». Difficile dès lors pour les producteurs de gérer les rotations en culture. Qu'à cela ne tienne, fin des années 80, les deux entrepreneurs se lancent dans la nutrition animale, pour valoriser toutes leurs productions.

Produire Bio demande plus de matériel et de main d'œuvre.

« Aujourd'hui encore, nous nous engageons à acheter leur marchandise à un prix minimum, indique Michel Pelletier. Une promesse avant tout morale, qui dure avec certains depuis trente ans », insiste-t-il. Trois techniciens (sur 27 employés) assurent le conseil sur le terrain. Pour la culture, du choix des semences à la gestion des rotations, pour la collecte et le stockage, mais aussi pour l'élevage. « Nos formules d'aliments ne doivent pas fragiliser l'animal, pour éviter des traitements allopathiques non autorisés en bio. Nous assurons de la R&D, avec les firmes services. »

À la pointe du développement durable

« En bio, nous privilégions l'investissement dans le personnel et le matériel, plutôt que dans les traitements et additifs. Deux postes sont, par exemple, dédiés à la qualité », souligne Michel Pelletier. Ventilation et refroidissement au stockage, aspiration et nettoyage renforcés des grains, transport uniquement pneumatique après le conditionnement, le process est sécurisé d'un point de vue sanitaire. L'entreprise, certifiée IFS V6, est même pilote pour l'IFS food environnemental. Car ce n'est pas tout : isolation au chanvre limitant le bruit, zéro rejet de poussière, machines bruyantes enterrées ou encore environnement de bocage s'intégrant au paysage, la démarche durable est globale. Une réflexion sur la pénibilité a aussi été menée, en réduisant la manutention de sacs, l'exposition au bruit et le stress. « Le moulin tourne seul la nuit. Nous avons amené une sérénité au personnel. Nos équipes ne sont plus manutentionnaires mais employées pour prendre des décisions. Cela permet aussi de les fidéliser », assure Michel Pelletier.

Une usine d'aliments, 3 outils de mouture

Notre spécialité est la Meule-lé bio Bise, présentant le meil-eur équilibre entre la T80 et la 110 », souligne Julien-Boris elletier, qui a troqué son poste ans l'aéronautique pour l'aven-ure familiale l'été dernier. La ajorité de la farine, parant à 70 % aux artisans égionaux, est produite sur eules, mais le site dispose ussi d'appareils à cylin-res et d'un moulin à attri-ion pour travailler d'autres raines. L'outil alimente elui de nutrition animale en issues. En bio,« c'est un vrai casse-tête, car nous n'avons, par exemple, pas le droit d'incorporer des acides aminés de synthèse aux aliments. Tout doit être apporté par les matières premières. Ainsi, pour colorer les œufs, on peut ajouter du paprika dans la formule. » Au-delà du broyeur à marteaux, trois appareils à cylindres, superposés, permettent d'obtenir un produit concassé, moins gourmand en énergie !

Une boîte à idées

Inventeur dans l'âme, Michel Pelletier a fait développer, pour alimenter la presse, un générateur de vapeur basse pression à partir de biomasse. Le 3e prototype, mis au point en 2008, a été le bon ! Malgré le renchérissement des granulés de bois, le coût reste inférieur de 20 % à celui des énergies fossiles. Il a aussi fait concevoir un camion à farine, mixte, avec une partie sacs « carrée pour pouvoir y rentrer le chariot apportant les palettes ». En projet : générer de l'énergie en installant des panneaux photovoltaïques sur l'ancien bâtiment et ré-exploiter la force de la rivière, dont les installations se sont éloignées.

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