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Coopérative / stratégie
Axéréal cherche à “cumuler de la valeur” en consolidant son engagement dans la première transformation

Pour faire face à la volatilité et sécuriser ses débouchés, le groupe continue d’investir sur l’aval

“LES MÉTIERS du grain restent notre priorité numéro un”, assurait Dominique Bamas, directeur général d’Axéréal, lors d’une conférence de presse, le 9 février à Paris. Le groupe constitue la première coopérative française et européenne en terme de collecte. A 5 Mt (dont 46 % de blé tendre), ce volume représente cependant moins de 10 % du total français. Sur un “marché atomisé, nous ne sommes pas capables de dicter une position” regrettait le d.g. du groupe. Dans un contexte par ailleurs marqué par la dérégulation et la réduction des marges, “nous cherchons à cumuler de la valeur, en intégrant de plus en plus de maillons”, expliquait encore Dominique Bamas ajoutant : “Nous voulons prendre notre destin en main en assurant nos débouchés et en permettant une valorisation décente de notre travail”. Né du rapprochement de deux unions, Agralys et Epicentre, Axéréal investit donc dans la première transformation. Dernière illustration en date : la reprise de Greencore malt, annoncée le 11 février dernier.

La dimension internationale indispensable à la vente d’orges de brasserie
    Meunerie, malterie, nutrition animale, chimie verte… En 2008/09, les filières dans lesquelles le groupe a investi ont absorbé 2,2 Mt en France. Axéréal s’est construit une réelle force de transformation et de consommation bien au-delà de son périmètre historique du centre de la France. Avec l’achat, il y a six ans de Boortmalt, la malterie est sa première activité historique et la “ filière reste fondamentale pour Axéréal”. La récente acquisition de Greencore hisse le groupe de la 7e à la 5e place mondiale avec une capacité d’1,1Mt. Il dispose désormais de 11 malteries en Europe. L’intérêt d’autant de points d’ancrage ? 4 brasseurs (ABInbev, SabMiller, Heineken et Carlsberg) font plus de la moitié du marché, rappelle Dominique Bamas. Leurs fournisseurs se classent en trois catégories : les locaux qui n’ont aucune chance de travailler avec eux, les régionaux, qu’ils sollicitent pour du spot, et les mondiaux, avec qui ils s’engagent sur le rapproché mais aussi sur des contrats à très long terme, trois à cinq ans. “ Le brasseur sécurise ainsi ses qualités et quantités, et nous nos ventes (…) Si l’on veut commercialiser des orges de brasserie, on doit avoir une approche mondiale et accompagner la concentration du secteur ”, assure le d.g. d’Axéréal. Basée à Anvers, le groupe Boortmalt dispose d’une unité de production et de capacités de stockage amenées à s’accroître. “ Plus de 40 % du malt exporté depuis l’UE transitent pas nos installations ”.

Axiane, 3e groupe meunier Français
    Avec une capacité de production de farine passée, avec ses récents achats, à 400.000 t/an, la filiale meunerie d’Axéréal, Axiane Groupe, occupe la 3e place du palmarès français du secteur. Elle compte 15 moulins répartis sur l’ensemble du territoire et deux plateformes de distribution, dans le sud, pour un CA de 200 M€. Les boulangeries artisanales représentent 32 % de ses ventes, les industrielles 23 %, les industries utilisatrices 18 %, les farines en sachets en GMS 14 % et leurs laboratoires 13 %. Une diversification à la répartition équilibrée, “qui permet de ne pas dépendre d’un seul débouché et de faire face aux évolutions de marché” souligne François Pignolet, d.g. adjoint Métiers du grain. Le groupe développe plusieurs marques, en copropriété, avec Banette et Francine par exemple, ou en compte propre avec Lemaire et Terblec. 70 % des blés utilisés par Axiane proviennent d’Axéréal. Les coûts d’approche demeurant fondamentaux sur des produits à faible valeur ajoutée, “pour des raisons géographiques”, le groupe ne fournit pas l’intégralité des blés transformés par ses moulins. “Nous espérons que le développement du groupe fera évoluer ce ratio”, précise François Pignolet.
    La filiale Thivat nutrition animale, qui capte 250.000 t/an de grains, commercialise 600.000 t d’aliments composés. Cette activité s’intègre dans un pôle Animal avec productions de volailles, bovins et ovins. Enfin, 11 % de la collecte d’Axéréal est valorisée en biocarburants, avec 210.000 t de colza et 300.000 t de blé absorbées. “ C’est la somme de tous nos débouchés qui forme le prix de nos matières premières ” résume le vice-président, Jean-François Loiseau, pour démontrer l’importance de ces filières dans l’équilibre économique d’une structure comme Axéréal. Et d’ajouter : “ la diversification des débouchés réduit les risques sur nos exploitations ”.

L’exportation un débouché porteur
     La filiale d’Axéréal, Granit Négoce, a assuré, en 2008/09, 14,2 % des exportations maritimes françaises. Ce chiffre atteint 42 % si l’on ne s’intéresse qu’au blé dur. “ Nous souhaitons conforter nos positions” à l’international, “sur un marché plutôt en croissance” indique François Pignolet qui explique qu’“Axéréal gère l’export, comme un débouché industriel”. Et pour cause, plus de 40 % de ses blés partent hors de nos frontières. En tout, ce sont 3,35 Mt qui ont été exportées sur 300 clients de proximité, essentiellement du bassin méditerranéen. 73 % des grains provenaient de l’Hexagone, 10 % d’Europe centrale et 5 % de la mer Noire, précise François Pignolet. Un moyen, explique-t-il, de conserver le lien avec leurs clients quand l’origine française n’est pas compétitive sur le marché mondial.
    Les grains rejoignent Rouen, La Pallice, Anvers (où le groupe dispose de 300.000 t de capacité de stockage et 1,9 Mt/an de malt et grains y transitent) ou encore, au sud, Port-La-Nouvelle et Sète. Axéréal détient sur cette place 100.000 t de capacité de stockage qui permet de traiter 0,7 à 1 Mt/an. Le groupe investit à Sète dans un nouveau silo de 3.900 t et 16.500 t de stockage à plat.

Offrir au producteur le choix du niveau de risque dans sa mise en marché
    En parallèle des projets d’aval, pour sécuriser encore le revenu de ses adhérents, Axéréal encourage le recours aux « prix construits », calculés sur une période fixée par le producteur. « L’agriculteur doit avoir le choix, selon sa sensibilité ou son aversion au risque, et ce dans un cadre sécurisé ». Dans cette logique, les équipes travaillent au lancement d’un produit « mixant engrais et céréales » et permettant de « fixer la marge globale » sur tout ou partie de la collecte.

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