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Alimentation animale - Le bien-être animal ne révolutionne pas la consommation de grains

Plusieurs filières animales font évoluer leurs modèles de production vers plus de bien être animal avec, en général, plus d’espace disponible par animal et l’accès à l’extérieur ou, tout au moins, à la lumière du jour. Quant aux rations, elles sont assez similaires, en tous cas pas de nature à modifier profondément l’approvisionnement en grains des fabricants d’aliments pour animaux.

Rémi Cristoforetti, directeur général du groupe coopératif Le Gouessant, lors de la présentation de Physior au SIA 2024.
© Yanne Boloh

Dans les modèles d’élevages intermédiaires entre le conventionnel et le bio, les segments « bien-être » animal, les animaux ont tendance à consommer plus d’aliments mais les volumes ne vont pas révolutionner les marchés. Les animaux ont des besoins d’entretien un peu supérieur en raison de l’augmentation de leur activité et les formules alimentaires varient entre l’été et l’hiver pour ceux qui sortent. Mais, l’optimisation technico économique et la conduite d’élevage « premium » ne font au final pas augmenter très significativement les indices de consommation. Matthew Loeul chiffre ainsi la « surconsommation » à 0,2 sur un indice moyen national de 3,3 pour les lapins des élevages « Lapins & Bien », marque créée pour promouvoir ce nouveau mode d'élevage plus respectueux du bien-être animal. Le prix de revient est donc légèrement supérieur mais sans impacter les marchés de matières premières. 

Physior, le nouveau modèle "bien-être" d'élevage porcin de Le Gouessant

C’est assez similaire en porc, comme l’explique Le Gouessant. Exposant pour la première fois au Salon international de l’agriculture (SIA 2024), le groupe coopératif y présentait son modèle d’élevage porcin Physior. Bien qu’il augmente de 20 % la surface disponible par animal, les performances nutritionnelles sont très similaires à celles des élevages standards. Ainsi, l’élevage de la Maison Neuve, le premier à être 100 % Physior, affiche un indice de consommation de 2,65 ce qui le place dans le tiers supérieur des élevages porcins. « Nous travaillons pour optimiser encore », explique Rémi Cristoforetti, directeur général de Le Gouessant. Les perspectives sont de descendre encore pour atteindre 2,60.  

L’un des deux autres élevages qui ont passé leur engraissement dans ce modèle affiche même un indice de consommation  à 2,4 pour le bâtiment Physior, similaire à celui de ses autres bâtiments restés pour l’instant en conventionnel. « Nous ne pouvons peut être pas faire de lien direct entre le modèle Physior et une amélioration de l’indice de consommation, c’est statistiquement trop tôt pour le dire. Par contre, nous pouvons déjà conclure qu’a minima notre modèle permet de maintenir de très bonnes performances », explique Caroline Vignon-Nogues, responsable communication et marketing de Le Gouessant.

Le développement des élevages "bien-être" sans réel impact sur les rations

Les matières premières utilisées tant en quantité qu’en qualité ne seront donc pas forcément impactées par le développement probable de tels modèles dans le futur. « Le modèle Physior est né d’une analyse des tendances de marché et des attentes des consommateurs en matière de bientraitance animale », rappelle Rémi Cristoforetti. Le stand Le Gouessant au SIA 2024 a attiré à la fois le grand public et les éleveurs porcins, intéressés par la reconstitution du bâtiment qui s’organise en trois zones : couchage sur sol plein (et paille), courette extérieure pour l’alimentation et les activités, zone de déjection.


L’idée d’un tel projet d’élevage alternatif prémium est née en 2017. Le groupe coopératif a soutenu l’investissement d’un éleveur de Plestan (Côtes-d'Armor), Pierre Morfouace, qui s’est lancé dans la démarche car son neveu était intéressé pour poursuivre l’élevage porcin. Les porcs, dont les premiers ont été commercialisés en 2022, sont distribués par le groupe E.Leclerc. L’élevage pilote intègre tous les stades physiologiques, de la mise-bas en totale liberté à l’engraissement par lots de 20 porcs. Deux autres élevages, uniquement d’engraissement, se sont lancés depuis et le groupe coopératif espère bien passer à 20 sites d’ici cinq ans pour atteindre un volume suffisant pour une différenciation identifiée jusqu’au consommateur. 

Certaines cases dites « sentinelles » de l’élevage pilote sont équipés de capteurs et de caméras pour suivre les performances technico-économiques des porcs (équipés de puces RFID) et continuer dans l’optimisation du modèle.

Lire aussi : "Cargill et Le Gouessant - Des clés pour faire face à des crises de long terme en nutrition animale"

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