Essai Deutz-Fahr 6140.4 TTV – Un tracteur haut de gamme, confortable et polyvalent

Au travail – Le frein moteur hydraulique très efficace

Pour accrocher l’épandeur d’engrais, les bras de relevage assez courts du tracteur Deutz-Fahr 6140.4 TTV ne facilitent pas l’attelage. Mieux vaut être filiforme pour aller raccorder la transmission et les flexibles hydrauliques. De plus, la cuve passe à ras du bout des ailes et de l’éclairage de la plaque d’immatriculation. Le fait que les bras de relevage soient courts nous a par ailleurs empêchés d’atteler une de nos herses rotatives équipée à l’avant de dents efface-traces. L’épandage d’une fumure de fond a été l’occasion de tester le guidage automatique. Alors que je n’utilise qu’une barre de guidage sur mes tracteurs, je n’ai rencontré aucun souci à engager l’autoguidage. L’écran tactile est fluide et le menu dédié est assez intuitif. Il est facile de définir les points A et B, en mode ligne droite ou en courbe. La programmation des outils pourrait en revanche être plus intuitive, car le menu déroule du bas vers le haut, à l’inverse des logiques habituelles. Le chantier avec l’épandeur d’engrais porté a aussi permis de valider le confort. Les différentes suspensions de ce tracteur absorbent bien les à-coups transmis par les irrégularités du sol.

Le fanage a mis en avant l’intérêt des programmations les plus simples. J’ai par exemple enregistré deux mémoires de régime moteur et de vitesse d’avancement, afin de rouler plus lentement avec un plus faible régime des toupies de la faneuse lors du détourage. Le premier tour terminé, il me suffisait d’appuyer sur un bouton pour rouler plus vite et augmenter le régime de prise de force. Avec la herse rotative de 3 mètres, j'ai aussi programmé la vitesse d'avancement et le régime moteur en autorisant une chute de 300 tr/min. Le 6140.4 TTV était bien occupé et roulait au maximum à 4,5 km/h derrière un passage de cultivateur.

Le fort ensoleillement au moment de réaliser ces travaux a par ailleurs été l’occasion de juger la climatisation, qui se révèle performante avec ses multiples bouches de ventilation.Ce qui me gêne est le manque de sécurité pour le démarrage, car il n’est pas nécessaire d’appuyer sur la pédale d’embrayage ou de frein pour mettre le moteur en route. Même si le tracteur est équipé d’un freinage actif en position neutre, je considère qu'un enfant peut facilement le faire avancer, comme le frein à main électronique s’enlève dès que l’avancement est engagé.

Au transport, le tracteur est très confortable, grâce à la conjugaison du pont avant suspendu, de la cabine à suspension pneumatique et au siège haut de gamme à suspension pneumatique. Les rétroviseurs sont efficaces et leur réglage électrique est appréciable. En entrant dans les parcelles, il ne faut pas oublier de passer la transmission en mode champ, afin qu’elle ne se mette pas en sécurité. Le changement de gamme s’opère en roulant, grâce au bouton paramétré pour l’essai sur le levier multifonction principal. Dans notre secteur vallonné, le tracteur à moteur quatre cylindres de 3,8 l est bien occupé avec la benne. Dans la côte à fort dénivelé à proximité de la ferme, le Deutz-Fahr monte à 22-23 km/h, là où notre tracteur à moteur 6,7 l six cylindres de 140 ch grimpe à 28 km/h.

Dans les descentes, la transmission TTV garantit un bon frein moteur, contrairement à celle de nos tracteurs de marque concurrente. De plus, le 6140.4 TTV dispose d’un frein moteur hydraulique, qui engage notamment le ventilateur à viscocoupleur et s’actionne à l’aide d’une pédale spécifique située entre celles d’embrayage et de frein. Cette fonctionnalité très efficace évite de faire chauffer les freins pour maintenir l’allure. Il faut juste prendre l’habitude de bien doser la pression exercée sur la pédale. Lors du bennage, comme nous utilisons l’hydraulique du tracteur, il est recommandé ne pas accélérer en fin de course de vérin pour bénéficier de l’intégralité du volume d’huile exportable (46 litres).

Non équipés de leviers de décompression, les quatre distributeurs électrohydrauliques arrière, inclus de série, sont identifiés par un code couleur au niveau des prises. Le chauffeur les affecte, depuis le terminal, selon ses choix sur les deux interrupteurs fingertips ou le joystick. Le tracteur Deutz-Fahr bénéficie d’une alimentation Power Beyond et d’une prise pour le retour libre. Il dispose à l’arrière d’une prise Isobus, d’une alimentation en 12 volts et d’un connecteur pour raccorder une caméra.

En cabine – Une prise en main facile grâce au code couleur

Entourée de puissants phares à leds, la cabine à six montants, dont la structure est reprise aux premiers Agrotron sortis en 1995, est souvent critiquée pour son habitabilité. C’est vrai que le passager manque un peu de place, mais elle convient pour travailler seul à bord. Elle est bien insonorisée et dégage une bonne visibilité, notamment au chargeur frontal grâce à son toit vitré. Sur le plan du confort, elle profite de la suspension pneumatique, une option peu coûteuse en raison de la présence sur le tracteur de freins à air.

Le tracteur Deutz-Fahr essayé disposant de la transmission TTV bénéficie en standard de la cabine haut de gamme MaxiVisionPro équipée de base de l’accoudoir multifonction MaxCom et de quatre distributeurs électrohydrauliques. Il est prédisposé pour l’autoguidage Smart Farming Solutions. En termes de rangements, le 6140.4 TTV propose deux petits coffres fermés, un compartiment réfrigéré sous le siège passager contenant une bouteille de 1,5 litre  et un petit frigo amovible à l’avant droit. Un support de téléphone est prévu et un rail, en haut côté droit, sert à fixer le boîtier électronique de l’outil attelé. Il accueille aussi une tablette tactile, qui, par connexion wifi avec le terminal du tracteur, duplique la page du système de guidage, ou bien celle de l’outil Isobus attelé.

Le code couleur, caractéristique de Deutz-Fahr, identifie les familles de fonctions : orange pour la transmission, vert pour le relevage, bleu pour l’hydraulique et jaune pour la prise de force (sélection électrique des régimes normalisés). L’accoudoir haut de gamme du modèle essayé loge le levier multifonction gérant notamment le relevage arrière, la mémorisation de deux allures (Cruise), l’inverseur de marche et deux distributeurs électrohydrauliques au choix parmi les quatre de série. Il dispose à l’arrière d’un bouton de validation, pour confirmer l’inversion du sens de marche, par exemple. Ses deux boutons noirs en partie supérieure sont, eux, attribuables à la fonction souhaitée par le chauffeur. Pour l’essai, l’un était affecté à la sélection du mode de travail route ou champ. L’autre assurait l’engagement du guidage automatique. À noter que les distributeurs électrohydrauliques arrière ne sont pas dédiés à une commande précise. Le chauffeur décide pour chacun d’eux de quelle manière il l’actionne : interrupteurs fingertips ou joystick.

Optionnel, l’écran tactile Imonitor de 12 pouces, capable d’afficher les images de quatre caméras, est fluide et plutôt simple d’utilisation, grâce aux icônes assez explicites. L’accès à ses fonctionnalités Isobus est déverrouillé d’origine, notamment pour le contrôle de sections et la modulation de dose. Ce terminal propose un grand nombre de réglages, qui demandent une certaine habitude pour tout maîtriser. Comme le chargeur frontal Stoll est piloté par Isobus, il n’est pas possible de l’utiliser avant que l’écran soit opérationnel. Le délai est d’une minute, car trois validations sont à effectuer pour activer le joystick contrôlant ses fonctions hydrauliques. Sur la page dédiée au chargeur frontal Stoll, il est facile de personnaliser les actions gérées par les boutons du joystick intégré de série à l’accoudoir et de profiter des différents automatismes : réglage des butées haute et basse, progressivité, mémorisation d'une séquence de mouvements, activation de la suspension, verrouillage et déverrouillage hydraulique des outils, secouage automatique... Le système de pesée intégré est efficace et facile d’usage. Comme il est ici paramétré, il suffit d’appuyer sur le bouton P1 situé sur le haut du pommeau et de donner une impulsion vers l’arrière sur le joystick pour que le brancard se positionne automatiquement dans la zone de mesure.

Entretien – Seul le condenseur de climatisation coulisse

Le capot moteur s’ouvre facilement à l’aide de la clé de contact ou d’un tournevis plat. Il dégage un accès direct au filtre à air PowerCore situé à hauteur d’homme. Pour nettoyer les radiateurs, pas de montage en accordéon, seul le condenseur de climatisation coulisse côté gauche. Deux tamis amovibles devant les radiateurs retiennent les plus grosses particules. La jauge à huile et les autres filtres prennent place du côté droit du moteur et leur remplacement demande de retirer, sans outil, le panneau latéral. Si les deux filtres à GNR sont ensuite directement accessibles, celui pour l’huile moteur est partiellement caché par le bâti du chargeur.

La batterie se trouve côté droit dans un coffre situé derrière la petite échelle utilisable, par exemple, pour nettoyer la vitre latérale. Des vis sont à enlever pour l’atteindre, mais une borne positive dissimulée derrière une petite trappe permet de brancher les câbles. Les filtres d’habitacle intégrés dans les montants latéraux de la cabine n’ont pas gagné en facilité de démontage, le constructeur argumentant que leur position les expose moins à l’encrassement.