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Randonneurs, trailers, touristes : restez sur les sentiers battus !

Alors que la saison touristique a débuté sur les chapeaux de roue au Grand site du Puy Mary au pont de l’Ascension, Jean-Philippe Reygade, garde nature, rappelle des règles simples pour ne pas perturber une faune exceptionnelle.

Un homme debout avec des enfants qui regardent un paysage de montagne à la longue vue.
Une sensibilisation qui débute dès le plus jeune âge, avec des enfants, ici en balade avec leurs parents, ravis de voir les marmottes de plus près sans les déranger.
© Patricia Olivieri

8 h 30, vendredi du pont de l’Ascension, le soleil, déjà chaud, baigne la vallée de l’Impradine. Les premiers randonneurs et trailers sont partis à l’assaut du Puy Mary, profitant du calme matinal, qui ne va pas durer. Une marmotte bien dodue lézarde sur un rocher, tandis qu’une de ses voisines monte la garde, son sifflement strident avertissant la colonie du vol menaçant d’un rapace ou du passage discret d’un renard à l’affût. Sur le bord de la route depuis le col d’Eylac, l’attraction ce sont elles : les marmottes dont la cote de popularité égale presque celle du volcan. Au point que certains n’hésitent pas à s’approcher pour tenter un selfie avec l’animal. Mission impossible et surtout inconsciente, prévient Jean-Philippe Reygade, garde nature au parc naturel régional des Volcans d’Auvergne. Également détaché auprès du Grand Site du Puy Mary, il suit depuis des années cette colonie de marmottes. 

Lire aussi : La marmotte des volcans

Selfie avec la marmotte, on oublie

Observateur de la faune sauvage du Grand site mais aussi de l’évolution du comportement de ses concitoyens, en particulier depuis le Covid. Une anecdote suffit à l’illustrer : celle de ce père de famille, bien décidé, carton à la main, à capturer et emmener une marmotte pour ses enfants ! Un cas, certes unique, mais qui témoigne d’une société qui, depuis les confinements, aspire à “consommer” sans retenue la nature vue comme un jardin. 

Alors inlassablement, mais plus fermement qu’auparavant, Jean-Philippe Reygade, explique à ceux qui s’écartent des sentiers battus - “une minorité” tient- il à préciser -, l’impact de leur conduite : “En s’approchant des marmottes installées dans cette ancienne tourbière, c’est toute une flore rare que les gens piétinent, comme la drosera... On dégrade un milieu, on dérange des animaux, pas seulement les marmottes, mais aussi les chamois, le grand cerf... qui se plaisent sur le versant nord de la vallée, ou encore le couple de monticoles de roche qui nidifie ici."

Si on sort des chemins, c’est problématique pour toute cette faune dont les refuges, les habitats sanctuaires, sont réduits", Jean-Philippe Reygade

Pas question cependant pour l’enfant du pays de jouer les pères fouettards, même s’il doit parfois user de son pouvoir de Police : “ Je comprends que les gens qui viennent passer une semaine dans le Cantal aient envie de s’évader mais il faut trouver le juste milieu, d’autant que le territoire est sillonné de chemins de randonnée qui permettent d’accéder en une heure à tous les sommets.” 

À l'école du Grand site

Un message et une sensibilisation qu’il répète avec pédagogie aux touristes mais aussi à la population locale à laquelle des sorties nature sont depuis peu dédiées. “C’est en s’adressant aux Cantaliens, que le message passera plus vite, la prochaine fois qu’ils feront une balade, ils oseront dire aux autres : “Restez sur le chemin”, plaide Jean-Philippe Reygade, se félicitant de cette nouvelle initiative du Grand site Puy Mary. Autres ambassadeurs de choix : les enfants avec des animations auprès des classes élémentaires de Saint-Jacques-des-Blats et Thiézac qui vont s’étendre aux autres écoles du territoire. 

Un juste équilibre

Certes cette faune s’adapte, mais plus mal que bien à ces incursions humaines : lors des pics d’affluence en plein mois d’août, les chamois peuvent voir défiler un bon millier de randonneurs sur le GR 400, les obligeant à ne sortir des espaces boisés que la nuit. Quant aux marmottes, le garde nature a constaté ces dernières années un déplacement de la colonie s’éloignant de l’agitation et du bruit de la route, même si ce jour-là des individus semblent être revenus dans le secteur, constate-t-il, armé de jumelles. 
Ancien trailer au beau palmarès, Jean-Philippe sait la propension des coureurs à vouloir explorer et imprimer de nouvelles traces, immortalisées et partagées sur des applications dédiées. C’est ainsi qu’en l’espace de deux ou trois ans, d’insoupçonnés sentiers de chamois sont devenus des pistes ultra fréquentées des trailers, de jour comme de nuit, déplore-t-il, estimant que les 350 km de chemins balisés du Grand site doivent largement suffire à étancher cette soif de liberté.

Les chiens... en laisse sur les chemins

Autre cause de stress pour cette faune discrète du massif : le meilleur ami de l’homme, le chien, dont ce dernier peine à se séparer même en randonnée, en oubliant régulièrement de le tenir en laisse. “Combien de fois j’entends : “Mon chien, il ne bouge pas...”, et deux minutes plus tard je vois le dit-chien dévaler la prairie parce qu’il a vu quelque chose bouger...” Avec le risque élevé - et avéré - de semer la panique dans un troupeau et de voir une vache charger pour protéger son veau. Des accidents récents en témoignent. En divaguant ainsi, le canidé dépose son odeur, une odeur à laquelle la faune sauvage est hyper sensible, “et un chamois comme une marmotte ne fait pas la différence entre l’odeur d’un chien et celle d’un loup, pour lui c’est un prédateur”.
 

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