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Saint-Vincent-de-Salers
Pourquoi parle-t-on de "réouverture du temple sacré" à propos du Café Mathieu?

Quatrième génération de femmes à tenir le Café Mathieu à Saint-Vincent-de-Salers, Myriam vient de rouvrir le bistrot familial,  fermé depuis près de quinze ans. Une nouvelle vie, entre convivialité, simplicité et ancrage local.

Une femme derrière un comptoir sert un verre de liqueur sur un zinc.
En clin d’œil à Françoise, patronne de 1969 à 2010, un portrait noir et blanc qui veille encore sur le café... et les clients. Une histoire de “femmes-ille”, comme aime à le souligner Myriam qui vient de prendre la suite. 
© Renaud Saint-André

Arrière petite-fille des fondateurs du Café Mathieu

À Saint-Vincent-de-Salers, village de montagne d’environ 70 habitants, le bistrot du coin a rouvert ses portes le 18 juillet en fin de journée. Une date qui marque la renaissance d’un lieu déserté depuis près de 15 ans, suite à la fermeture du café en 2010, comme d’ailleurs l’épicerie d’en face, la même année. À l’origine de cette réouverture très attendue : Myriam Mathieu, arrière-petite-fille des fondateurs du Café Mathieu, décidée à redonner vie à ce commerce emblématique, sans le dénaturer. 

Après le Canada et le sud de la France, elle est de retour au pays en 2019. C’est là que l’idée a germé pour la première fois, lors d’un marché bio organisé au village, ponctué de petites conférences sur les arbres fruitiers ou la dynamisation de l’eau. Plutôt qu’une salle polyvalente impersonnelle, c’est dans l’ancien bistrot qu’elles sont organisées. 

Le café était rempli. C’est là 

que j’ai eu le flash”, Myriam Mathieu. 

L’idée fait son chemin, mais la concrétisation prendra du temps. En 2020, elle entame un stage obligatoire pour obtenir le permis d’exploitation, mais la crise du Covid retarde ses ambitions. Elle en profite pour accompagner sa mère vieillissante, Françoise, dernière tenancière du bistrot, décédée en avril 2022. 

Projet de réouverture mûri 

Myriam ne se précipite pas. Elle choisit d’avancer à son rythme, s’attachant d’abord à la mise en conformité électrique, aux questions de sécurité et à l’obtention d’une licence III, gratuite pour les communes de moins de 450 habitants. Celle-ci lui permet de vendre de l’alcool jusqu’à 18°, ce qui lui suffit amplement. 

“Je n’ai pas besoin de licence IV. Pour passer un bon moment, on peut parfaitement se passer de pastis ou de cognac”, sourit-elle. Elle propose ainsi du vin, quelques apéritifs doux comme la gentiane ou des vins cuits, mais surtout de la bière bio et locale, fournie par la brasserie 360 de Saint-Martin-Valmeroux. Pour les vins, elle fait le choix de la variété, avec des “vins du moment” régulièrement renouvelés. 

Succès dès le premier soir

Dès le premier week-end, l’ambiance était au rendez-vous. Rassembler Jusqu’à 80 personnes ont répondu présent le vendredi soir, une bonne trentaine lors des ouvertures suivantes. Le Café Mathieu est désormais ouvert les vendredis, samedis et dimanches à partir de 18 heures. Un choix d’horaires pensé pour préserver l’envie et éviter la dispersion. “Ne pas diluer dans le temps”, résume-t-elle. "L’objectif, c'est que chacun se dise “chouette, c’est le week-end, on va aller boire un coup chez Myriam !” 

Je suis porteuse de quelque chose. Il ne fallait pas se tromper. C’est en quelque sorte la réouverture du temple sacré”, confie Myriam, en pensant à sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère, tenancières avant elle, comme en témoignent des photos anciennes. 

La patronne veille aussi à maintenir des tarifs très accessibles pour les grands, comme pour les plus petits : des enfants viennent avec 0,50 € en poche pour un sirop à l’eau. Et comme ces jeunes voisins n’ont pas encore de téléphone portable, ils communiquent avec leurs parents à l’aide de talkies-walkies à piles. Une scène à l’image du lieu. Familial. 

(1) Chaque fin de semaine Le Café Mathieu est ouvert les vendredis, samedis et dimanches  à partir de 18 heures, sauf animations ou évènements particuliers, annoncés en amont sur des affichettes, mais aussi  sur la page Facebook dédiée  ou sur le compte Instagram cafe_mathieu_stvincent 

façade d'un bistrot marqué "Café Mathieu".


Une histoire de "Femmes-ille" 

L’histoire du Café Mathieu est d’abord celle d’une famille, où les femmes tiennent le premier rôle. Tout commence en 1896, quand Louis-Guy Mathieu aménage un café pour son épouse Marie-Léonie, lui tenant la forge juste en dessous. Un modèle qui perdure au fil des générations. 
De 1941 à 1969, Jean-Marie et Léonie prennent le relais : lui à la forge, elle au bistrot. Puis idem pour Michou et Françoise, jusqu’en 2000. Françoise le tiendra seule jusqu’à sa retraite. Une date notée dans son agenda : le 19 septembre 2010, elle écrit “Dernier jour”, puis “Retraite” sur la page suivante. La page se tourne, le café ferme. Mais les lieux, eux, ne changent guère.  
À l’intérieur, le zinc d’origine est toujours là. À l’extérieur, la calligraphie “Café Mathieu” reste inchangée depuis près de 130 ans. 
Et le mobilier ? “C’était mon salon. C’est pour ça qu’il y a encore des fauteuils ou un buffet”, sourit Myriam, qui fait renaître l’entreprise familiale. Avec elle, le Café Mathieu retrouve une vocation bien au-delà du comptoir : un vrai lieu de rencontre, chaleureux et vivant, ouvert à toutes les générations. 
Prendre le temps Le lieu invite à s’attarder. On peut s’installer, au choix, sur un tabouret de bar, dans un fauteuil moelleux, autour d’une table basse ou dans un recoin tranquille pour lire. Lumière tamisée, mobilier varié, ambiance chaleureuse : tout est fait pour prendre le temps. 
Un baby-foot trône dans un coin, des jeux de société sont en libre accès, quelques livres à prêter attendent les lecteurs. Et ce n’est qu’un début.  Le café est pensé pour accueillir des animations, au gré des envies. Myriam envisage des lectures, soirées contes, mini-conférences, ateliers de couture, dessin, écriture, voire sophrologie ou yoga. Mais sans programme figé : “Les idées viendront des gens, des habitués, des voisins. Ça peut aussi être juste pour papoter un peu.” 
Ce café ressuscité est une invitation à se retrouver, à créer du lien, à ne plus rester chacun chez soi. Un lieu simple mais précieux.

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