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Fourrages
Pour des prairies vertes tout l’été, mieux vaut sortir couvert !

Le climat du Cantal se rapproche de plus en plus de celui du Sud-ouest. Pour palier ce changement, le semis couvert végétal peut s’avérer la solution gagnante dans les prairies. 

Face aux étés de plus en plus secs et aux pluies violentes, des clés sont données aux éleveurs. 
© R. Saint-André

Face au changement climatique

“Entre les épisodes de pluie diluvienne et les canicules, installer une prairie sur un sol nu devient délicat.” Le ton est donné par Vincent Vigier, conseiller fourrager à la Chambre d’agriculture du Cantal, alors qu’il s’adresse aux adhérents des Groupements de vulgarisation agricole (GVA) de Saint-Cernin et de Pleaux-Mauriac-Salers. Sur une prairie du Gaec Fabre de l’Hôpital, à Saint-Cirgues-de-Malbert, les éleveurs découvrent des techniques inédites pour faire face aux bouleversements climatiques.  

Une jeune prairie a besoin de 60 jours pour s’installer, mais elle n’est pas taillée pour affronter des températures de 37 ou 38°C comme celles qu’on connaît désormais”, Vincent Vigier, conseiller fourrager. 

Les pratiques traditionnelles, comme le semis sur sol nu après la récolte des céréales, ne suffisent plus. “Avant, on semait en disant : “Débrouille-toi, ma grande !” Aujourd’hui, avec les orages qui lessivent les sols en pente ou les sécheresses qui tuent les jeunes pousses, il faut changer de méthode.” 

Trouver un... “parasol” 

La solution préconisée par la Chambre d’agriculture : semer sous couvert d’avoine. “L’avoine pousse plus vite et protège les autres varités comme un parasol. Elle limite aussi le salissement, c’est-à-dire la prolifération des mauvaises herbes comme le mouron ou les ravenelles, qui étouffent les graminées à l’automne”, détaille Vincent Vigier. Pour illustrer son propos, une parcelle a été choisie pour une démonstration de semis direct, avec le matériel de la Cuma de Saint-Cernin. 

LIRE AUSSI : Semis direct, une technique encore peu développée. 

De quoi proposer, si tout va bien, un mélange intéressant à faucher... ou à pâturer.   Le pâturage régénératif est en effet présenté comme une piste prometteuse, là où poussent au moins 20 % de trèfles.  Pour étayer son discours, Vincent Vigier prend l’exemple de Jonathan Costes, éleveur laitier bio dans le Lot, qui a opté pour le report d’herbe sur pied. “On laisse la prairie monter en graines pendant 50 à 75 jours avant de la faire pâturer. Ça protège le sol des coups de chaleur et évite de semer chaque année”, explique-t-il. Sur ses 47 hectares de SAU, il en a ainsi retenu 11 cette année.  

Prairie verte en août 

Groupe d'agriculteur autour d'un semoir
Le semoir direct de la Cuma de Saint-Cernin, un bel outil pour procéder à un semis couvert, comme l’explique le président Jacques Phialip.

“Les vaches commandent : si le lait baisse ou si les bouses sont trop dures, c’est qu’il faut agrandir la surface pâturée.” Résultat ? “En fin de lactation, elles produisent 14 litres de lait par jour en monotraite, sans concentré supplémentaire, et la flore reste verte même en août.” Visuellement, le plus impressionnant, quand tout est sec, partout autour. Depuis 2022, cet éleveur n’a ni semé ni broyé les refus : les prairies se régénèrent toutes seules

Une herbe haute de 70 à 75 cm permet un sol bien plus frais qui favorise la croissance végétale. 

Une économie non négligeable, alors que les coûts des semences explosent. La luzerne, l’alliée méconnue  Autre atout : la luzerne, souvent perçue à tort comme exigeante. “Elle n’a pas besoin d’un pH élevé, mais d’un sol filtrant. Semée sous couvert d’avoine ou de sorgho, elle peut produire jusqu’à 10 tonnes de matière sèche à l’hectare”, souligne Vincent Vigier. La Chambre d’agriculture recommande d’associer deux variétés et d’apporter 300 unités de potasse et de calcium par an. “Avec une bonne fertilisation en soufre, on gagne 5 points de protéines.”  

Cinq techniques préconisées

Cinq techniques préconisées ont été présentées lors de cette journée technique : semis d’automne avec avoine, un excellent fourrage au printemps et la possibilité d’une seconde coupe ; semis sous méteil céréalier, qui réduit de 40 % les mauvaises herbes et augmente le rendement de 5 tonnes sur deux ans ; semis direct dans une dérobée gélive, comme le sudan grass ou dans du sorgho ; semis printanier dans une céréale d’automne, idéal pour la luzerne, idéalement avec un combiné herse-étrille / semoir-rouleau ; semis direct dans une prairie vivante, avec un gain de 50 % en première et deuxième coupe. “Le changement climatique nous oblige à innover, mais ces méthodes marchent”, promet Vincent Vigier.    

 

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