Ne sacrifiez pas l’élevage creusois !
La FDSEA, Jeunes Agriculteurs et la Chambre d’agriculture de la Creuse ont rencontré M. le Député et M. le Préfet lundi 5 février à la Préfecture.
Les représentants de la profession agricole (FDSEA, JA23 et Chambre d’agriculture) ont souhaité interpeller l’administration creusoise sur la révision du zonage ICHN qui sera appliqué en 2019. L’ensemble des filières du territoire étaient représentées et ont fait part de leurs inquiétudes auprès du député Jean-Baptiste Moreau et du préfet Philippe Chopin sur de nombreux sujets agricoles : promotion abusive sur la viande de porc, nécessité de maintenir le budget de la PAC, réfléchir à une meilleure prise en charge du congé maternité et nécessité de réformer les régimes de retraites.
Révision de la cartographie ICHN
Ce rendez-vous est important pour la profession agricole qui depuis l’annonce des vœux au monde rural du président de la République Emmanuel Macron à Clermont-Ferrand est plus qu’inquiète. Aucun financement supplémentaire n’est prévu pour abonder l’ICHN alors que l’Europe demande une révision des zonages et que des communes actuellement en dehors du zonage vont pouvoir y rentrer. En Creuse, trois zones coexistent : zone défavorisée simple, piémont et zone de montagne. Cette dernière n’est pas remise en question pour l’instant. La nouvelle cartographie impacte notre département par la disparition de notre spécificité : la zone piémont. Elle représente plus d’un tiers du département en surface et concerne 851 exploitations. La zone piémont rejoindra la zone défavorisée simple pour former une seule zone. Les éleveurs en piémont perdraient 9 euros/ha sur les 25 premiers hectares et 7 euros/ha sur les 25 ha suivants. « Nous voulons conserver en l’état les sommes touchées par les exploitations » insiste Thierry Jamot, président de la FDSEA de la Creuse. Il manque 35 millions d’euros pour abonder ce projet de nouvelle cartographie. « Dans cette enveloppe est englobée la prime à l’herbe (anciennement PHAE) qui doit rester à destination des éleveurs » revendiquent les syndicats agricoles. Ils attendent que leur député, de surcroît agriculteur, aille défendre la position des éleveurs creusois. Il faut réaffirmer en haut lieu qu’il faut défendre les zones herbagères. Il est inadmissible que le budget de l’ICHN parte en région céréalière à fort rendement. Les Jeunes Agriculteurs alarment le Député et le Préfet « l’ICHN c’est notre revenu ! Déjà en 2017 il n’y avait pas assez d’argent pour payer, alors l’État a pioché dans le budget du premier pilier pour le réinjecter dans le second. Les jeunes ne savent pas où ils vont et les tensions montent dans les campagnes » Les charges augmentent alors que le revenu baisse. Les chiffres de l’installation 2017 le prouvent, « en moyenne sur le département nous installons 70 jeunes, l’an dernier nous sommes descendus à 50 installations. Un seul jeune pour trois départs en retraites le renouvellement est faible et ne présage rien de bon pour l’avenir », témoigne Aurélien Desforges, secrétaire général de Jeunes Agriculteurs de Creuse. Le manque de visibilité des cours et des versements des aides PAC ne motive pas la jeunesse à s’installer.
États généraux de l’alimentation et Mercosur
Les agriculteurs sont perdus. Pour eux le discours du président de la République est incohérent. D’un côté il veut interdire le glyphosate dans trois ans et dans un autre temps il cautionne l’entrée massive sur le territoire français de viande en provenance du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela) qui n’ont aucune traçabilité au niveau sanitaire comme l’a démontré l’affaire de la viande avariée. C’est tromper le consommateur et se moquer des agriculteurs que de leur demander de produire toujours mieux au niveau environnemental et en qualité alors qu’on leur impose des produits importés ne respectant pas les normes françaises.
Suite aux différents chantiers des États généraux de l’alimentation, une loi doit être votée pour répartir la richesse dans la filière alimentaire. Jean-Baptiste Moreau sera le rapporteur pour ce texte de loi qui doit être discuté à partir de la mi- mars à l’Assemblée Nationale. Il précise d’ailleurs « la loi n’est pas assez contraignante sur certains points, il reste encore du travail à faire. Il faut progresser sur l’étiquetage (mode de production, origine des produits) ». Certains distributeurs, comme Leclerc, sentant le vent tourner, sont déjà en prospection pour installer des plates-formes en Belgique afin de ne pas être soumis au droit français. Les accords internationaux avec le CETA sont actifs depuis fin septembre. Jean-Baptiste Moreau se veut rassurant : « Je ne suis pas inquiet plus que ça car la filière canadienne n’est pas assez organisée pour nous inonder en viande ». Christian Arvis, secrétaire général de la FDSEA de la Creuse et président de la section bovine, ne partage pas ce sentiment. Après le CETA, c’est l’accord avec le Mercosur qu’envisage de signer l’État français : « ce sont 30 000 éleveurs qui sont en voie de disparition avec l’arrivée massive de 99 000 tonnes de viande sud-américaine où le mode de production n’est pas vérifiable. Ces viandes sans aucune traçabilité reconnue seront incorporées dans des plats cuisinés, c’est une honte ! » Combien de contrôleurs vérifient l’origine et la qualité des viandes importées ? Il devrait exister des moyens de vérifications et ainsi faire repartir les viandes impropres. La crédibilité des annonces des États Généraux de l’Alimentation est entachée par les multiples discours incohérents du Gouvernement. Les syndicats agricoles ont donné rendez-vous à leur député lors de leurs congrès (le vendredi 23 mars à Lavaveix-les-Mines pour la FDSEA et le jeudi 29 mars pour JA23) où ils attendront des bonnes nouvelles pour l’avenir.