Loup : les louvetiers diligentés sur le secteur de Murat après une énième attaque
Vingt-quatre heures après une cinquième attaque de brebis, en plein jour à Chastel-sur-Murat dans le Cantal, et une mobilisation syndicale, le préfet a donné son feu vert à l’intervention de lieutenants de louveterie pour stopper la prédation d'un ou plusieurs loups.
Vingt-quatre heures après une cinquième attaque de brebis, en plein jour à Chastel-sur-Murat dans le Cantal, et une mobilisation syndicale, le préfet a donné son feu vert à l’intervention de lieutenants de louveterie pour stopper la prédation d'un ou plusieurs loups.

22 juin : neuf brebis tuées, 26 juin : 35 ovins morts, 13 juillet : 15 ovins sur le carreau, 16 juillet : une brebis tuée, 22 juillet : quatre tuées, quatre blessées. L’attaque de trop pour les trois élevages du secteur Murat-Chavagnac prédatés dont le loup a fait son garde manger. Cinq attaques en moins d’un moins, dont les deux dernières en plein jour, et le sentiment pour les agriculteurs concernés comme pour ceux qui l’ont été avant eux sur le Cézallier : celui que leur métier et le sort de leur troupeau ne valent rien aux yeux des pouvoirs publics comme des pro-loup. Sacrifiés sur l’autel de la biodiversité.
Cinq attaques de loup en un mois, de jour comme de nuit
Mercredi après-midi, 24 heures après l’attaque qui a de nouveau frappé ses brebis, ils étaient plus de 80 éleveurs, des voisins, des moutonniers, des collègues d’un peu plus loin venus les soutenir, à l’appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs qui attendaient une même mobilisation de l’État. Un État physiquement aux abonnés absents - pour cause de déplacements pour certains, de congés pour d’autres - dans les rangs du corps préfectoral. Pas de quoi atténuer l’exaspération et la tension palpables. “Nous sommes ici en raison d’une situation d’urgence, dramatique, avec une concentration d’attaques de loup depuis plusieurs semaines, malgré les mesures de protection prises”, a introduit Joël Piganiol (FDSEA).
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La veille au soir, lors d’un nouvel échange avec le préfet, le président du syndicat a demandé que soit signé dans les plus brefs délais un arrêté autorisant un tir de prélèvement comme le Plan loup le permet en cas de prédations répétées sur un même élevage ; une étape de plus après le tir de défense déjà autorisé chez Jérôme Planchot.
Cet arrêté donnerait le feu vert aux lieutenants de louveterie, formés et équipés (notamment avec du matériel à visée nocturne(1)), pour procéder sur site à un prélèvement dans la foulée. Et non plusieurs mois après les premières attaques comme ce fut le cas il y a deux ans en Margeride avant qu’un allègement du protocole soit obtenu par la profession agricole.
Les louvetiers feront le job" a assuré Delphine Freyssinier (FDSEA)

“J’ai eu Pierre Balez, le président des louvetiers du Cantal, qui m’a assuré qu’ils (NDLR, les sept louvetiers formés) étaient prêts à rester neuf, dix nuits d’affilée si nécessaire”, a enchaîné Delphine Freyssinier, secrétaire générale du syndicat, rappelant l’engagement bénévole des louvetiers, mais aussi leur mobilisation sans faille aux côtés des éleveurs. Et d’évoquer également les liens établis avec la fédération des chasseurs qui renouvelle - le 26 août prochain à Dienne - une demi-journée de formation spécifique pour exercer un tir de défense.
Si dans l’assistance, chacun veut croire à l’efficacité des louvetiers, on s’interroge : la présence de deux loups (un mâle et une femelle) étant avérée dans le secteur et l’existence d’une portée plus que probable, un seul tir de défense suffira-t-il ? Que se passera-t-il quand les louveteaux s’initieront à la chasse avec le carnage généralement associé à ces “exercices” ?
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Loup et pastoralisme : la cœxistence impossible
Et beaucoup de fustiger un Plan loup - qui oblige à des mesures de protection (parcs électrifiés, chien de protection...) - pour prétendre à des indemnisations souvent longues à arriver. Un Plan loup qui, malgré les 35 millions d’euros consommés chaque année pris sur les fonds de la Pac (politique agricole commune), n’enraie ni l’expansion de l’espèce, présente désormais dans tout l’Hexagone, ni l’inflation du nombre d’attaques et de victimes avec, comme ici à Chavagnac, un prédateur qui ne cesse de s’adapter, se déjouant même des filets électriques. Un Plan loup qui finalement donne bonne conscience à l’État, estiment FDSEA et Jeunes agriculteurs. “On exploite des terres que seuls les moutons peuvent valoriser ; si on ne fait pas en sorte de donner envie aux gens d’y rester, que restera-t-il ?”, plaide une agricultrice.
Valentin Delbos, président des Jeunes agriculteurs, réitère la position défendue depuis des années par le syndicalisme majoritaire : “Du loup, on n’en veut pas ! Si on veut installer des jeunes, il faut pouvoir le faire dans de bonnes conditions, aussi l’État doit prendre ses responsabilités. Remplir 25 exemplaires qu’on voit la queue d’un loup, on n’en veut plus !”
En fin de journée, dans un communiqué de presse, le préfet donnait suite à la demande syndicale et confirmait que les lieutenants de louveterie seraient bien mandatés sur l’élevage de Jérôme Planchot.