Cantal
Méthanisation en Pays de Salers : une prise de risque assumée et un lourd héritage financier
Confronté au rapport sévère de la Chambre régionale des comptes, le Pays de Salers assume un lourd héritage. Son président, Louis Chambon, défend désormais une gouvernance fondée sur la transparence.
Confronté au rapport sévère de la Chambre régionale des comptes, le Pays de Salers assume un lourd héritage. Son président, Louis Chambon, défend désormais une gouvernance fondée sur la transparence.

Louis Chambon : "un rapport sévère, mais des actions à défendre"
Louis Chambon a souhaité s’exprimer devant la presse, entre deux conseils communautaires du Pays de Salers. Le président aborde sans détour le rapport de la Chambre régionale des comptes, qui pointe des erreurs passées — notamment liées au projet des méthaniseurs collectifs — et qui continuent de peser sur les finances intercommunales. « L’objectif n’est pas de se limiter au rapport, mais d’évoquer aussi ce qui a été fait pour le territoire », indique-t-il, rappelant qu’« à une époque où l’élu-bashing peut être en route, il faut rester transparents et prudents ».
Prise de risque assumée

Le projet de méthanisation, désormais abandonné, laisse un coût à la collectivité :
- 600 000 € de cautions d’emprunts réclamées par deux banques
- 248 000 € de locations de camions
- 200 000 € de déconstruction à Sainte-Eulalie (ZAC 360)
- 23 500 € pour la mise en conformité des jus de brasserie, que le méthaniseur aurait dû digérer
Quant au grand bâtiment : sera-t-il vendu aux enchères ou rétrocédé à l’intercommunalité ? Vu la demande, il pourrait facilement être loué. La société Salers Développement, opérateur du projet, a été placée en liquidation judiciaire le 9 septembre. La collectivité a jusqu’au 9 novembre pour déclarer ses créances. Par prudence, elle inscrit régulièrement des provisions dans ses budgets pour solder ce dossier, lancé sous la mandature de Bruno Faure.
Aujourd’hui à la tête du Département, Bruno Faure assume d’avoir porté ce dossier : « Des organismes techniques spécialisés l’ont validé, ainsi que les banques (NDLR : sous-entendu les mieux armées pour évaluer les risques). Mon erreur a été de les avoir crus. » Il précise que tout projet économique comporte une part de risque — comme dans d’autres projets audacieux : la coopérative de Saint-Bonnet (4 M€) ou la Brasserie 360. Un même pari sur l’avenir se poursuit avec le soutien apporté à Isotoner par la communauté de communes.
Il faut reconnaître les erreurs du passé pour aller de l’avant." Louis Chambon, président de comcom du pays de Salers.
Si le rapport de la Chambre régionale des comptes est jugé sévère, « il revient sur un échec de méthode, pas d’intention ». Selon le président actuel, les faiblesses pointées tiennent à :
- un pilotage insuffisamment structuré
- une entreprise défaillante
- des décisions prises trop rapidement
S’y ajoute une autre difficulté : la compétence assainissement, cause de recours de la part de municipalités et de citoyens. Ce dossier avait conduit aux démissions de l’ancien président Mennesson (juillet 2021 → novembre 2024) et du directeur général des services.
Changement de méthode
Le dialogue et la médiation ont permis d’éviter un remboursement de 1,9 M€, aboutissant à un accord de 530000€, à verser sur les exercices 2025 et 2026. Depuis l’arrivée de Louis Chambon fin 2024, la gouvernance a été profondément réformée : en onze mois, six conseils des maires, neuf bureaux et neuf conseils communautaires ont déjà eu lieu pour garantir le partage d’informations entre élus. « Il fallait éviter que le président s’enferme seul dans ses décisions », explique-t-il.
Dans le même esprit, une délibération a redéfini les attributions du bureau, limitant les délégations de signature du président à 40000€. Les comptes rendus seront désormais systématiquement mis en ligne — accessibles aux administrés. Quant aux ordres de mission (la Cour des comptes réclame une régularisation financière de 12 800 €), ils seront désormais établis pour chaque déplacement, et les frais de déplacement encadrés et plafonnés par délibération communautaire.
Ce plan d’action traduit concrètement les réponses apportées aux cinq recommandations de la Chambre régionale des comptes ; il sera soumis à validation en conseil communautaire le 1ᵉʳ décembre.
L'ÉLAN RESTE INTACT : Malgré les difficultés, pas question de ne pas avancer, de ne pas proposer de nouveaux services. Le président Chambon cite l’extension des centres de loisirs ; la gestion prochaine de trois crèches communales à Saint-Cernin, Saint-Martin-Valmeroux et Pleaux ; l’aide au maintien à domicile ; des opérations d’amélioration de l’habitant ; le soutien au secteur économique et marchand ; même moins ambitieux, la poursuite d’un programme culturel ; l’entretien des chemins de randonnée... Et surtout, la poursuite de travaux d’assainissement et le grand projet touristique de Longueyroux qui mobilise 6 M€, dont la base nautique sera livrée cette fin d’année et le camping en 2027, avec dès à présent la recherche d’un exploitant.