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Les agents de l'OFB ont désormais l'obligation de se former à la découverte de l'agriculture

Une quinzaine d'agents de l'OFB AuRA a suivi une formation de trois jours pour en apprendre davantage sur le monde agricole, mieux appréhender leurs échanges avec les agriculteurs et autres professionnels, et apaiser les tensions. 

Nicolas Peny (au centre) a ouvert les portes de son exploitation aux agents de l'OFB en formation.
Nicolas Peny (au centre) a ouvert les portes de son exploitation aux agents de l'OFB en formation.
© MélodieComte

La semaine dernière, une quinzaine d'agents de l'OFB a été formée durant trois jours à la découverte du monde agricole, à travers des visites d'exploitations et des rencontres avec différentes organisations professionnelles agricoles (OPA). Cette opération avait déjà eu lieu, hasard du calendrier, durant les manifestations agricoles de janvier 2024. Suite à cette crise durant laquelle l'office avait été critiqué par les agriculteurs et des personnalités politiques, cette formation d'abord volontaire est devenue obligatoire pour les agents. C'est néanmoins dans un climat plus apaisé que s'est déroulée cette deuxième édition. Loin des débats qui avaient cristallisé les colères 18 mois plus tôt, agriculteurs et OFB ont pu échanger sans tabou, ni détour. 

Les agents de l'OFB ont trois jours pour appréhender techniquement l'agriculture

Ce matin-là, les montbéliardes du Gaec Peny Sarcenat à Orcines ont assisté, avec la nonchalance inhérente à leur race, à des échanges entre deux mondes qui se côtoient sans se connaître et que tout, ou presque, opposeIsabelle et Nicolas Peny ont ouvert les portes de leur exploitation aux agents de l'OFB en formation. Le CFPPA de Marmilhat est à la manœuvre

L'objectif est de permettre aux agents d'appréhender le monde agricole (...) comprendre comment agriculture, économie, social, environnement et réglementation s'empilent » explique Mickaël Perez, chargé de missions au CFPPA

Au programme des trois jours de formation : le rôle des différentes OPA (syndicats, coopératives...), deux visites d'exploitations, des tables rondes, la PAC, la fiscalité... La formation n'a pas vocation à faire des agents de l'OFB des agronomes mais de les amener à rencontrer et prendre connaissance du monde agricole, tant sur ses aspects sociaux, économiques et agronomiques. Lors de la création de l'office en 2020, plusieurs entités ont été regroupées : l’ONEMA (Office National de l’Eau et des Milieux Aquatique) qui venait d’être intégrée dans l’AFB (Agence Française de la Biodiversité) et l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage). Les interventions auprès des agriculteurs sont pour certains d'entre eux, le premier contact avec ce milieu et une profession d'une diversité et d'une complexité rares

Les agents présents ce jour-là à Orcines sont en exercice depuis plusieurs années et ont déjà eu à intervenir dans les fermes « le plus souvent pour lever le doute suite à un appel » explique Romain* avant d'ajouter « les procédures judiciaires dans le milieu agricole restent rares (...) les agriculteurs qui font mal les choses sont une minorité ». Malgré les chiffres, les rapports entre les agriculteurs et l'OFB demeurent fébriles

Entre les explications sur la gestion de leur ferme, les soins des vaches, les circuits de commercialisation et la suspension temporaire de l'export, Nicolas Peny lâche «quand vous (agents de l'OFB) arrivez, dans l'esprit d'un agriculteur, cela signifie qu'il y a forcément un problème ».

OFB : l'agriculture est une part minoritaire de leurs interventions

C'est bien dans une intention d'échanges, sans tabou ni langue de bois, que cette matinée s'est déroulée. Face au ressenti exprimé par l'éleveur, Thierry* aborde sans détour : « est-ce que le flingue vous choque ? »  

Pour Nicolas, la question du port de l'arme n'est pas le vrai sujet. « On ne s'offusque pas de voir les gendarmes armés. » L'éleveur pointe davantage du doigt le mille feuilles réglementaire et administratif qui vient complexifier encore davantage un métier régi par les affres du vivant et de la météo. La crainte d'une erreur aux conséquences pouvant mettre en péril l'équilibre économique de l'exploitation nourrit plus la crainte de l'agriculteur que l'uniforme en lui-même. C'est pourquoi cette formation se veut apporter suffisamment d'éléments agronomiques aux agents de l'OFB pour leur permettre de « mieux différencier ce qui relève de l'erreur humaine et de la volonté délibérée de nuire » précise Mickaël Perez

De leur côté, Romain*, Thierry* et Damien* y voient l'occasion de parler de leur profession qu'ils estiment méconnue et reposant sur des contres vérités.

Romain en est persuadé, la perception de son métier par les agriculteurs repose sur « des informations mal relayées ». Comme le font les gendarmes et les policiers, les agents de l'OFB « sont là pour faire appliquer les lois. Ce n'est pas nous qui faisons qu'elles changent et se cumulentS'ils disent comprendre les contraintes des agriculteurs, leur intervention auprès de ces derniers relève de la préservation à la fois des milieux, des espèces et de la santé publique. « Les agriculteurs représentent moins de 20% des personnes que nous contrôlons » précise Damien qui ajoute :

Nous ne sommes pas recrutés pour casser de l'agriculteur, nous sommes là aussi pour les protéger. On n'en parle jamais mais il nous arrive de mettre en avant les défaillances de l'administration au profit des agriculteurs ou de faire le lien avec un magistrat quand il le faut ».

À lire aussi : Le modèle Cuma veut conquérir les agriculteurs du secteur Artense-Cézallier-Sancy

Agent de l'OFB : un métier avec une image erronée

Les deux agents aimeraient voir l'image de leur métier changer et surtout être transmise de façon plus juste

Dans les spots publicitaires pour le recrutement des gendarmes ou de l'armée, on voit des femmes et des hommes en action, sur le terrain. Pour l'OFB, on montre des paysages, des rivières... On ne montre pas que nous sommes les agents qui contrôlons le plus de personnes armées en France. » 

Les agents de l'OFB sont en effet amenés à intervenir sur bien des domaines comme celui du trafic grandissant des espèces menacées, notamment sur la métropole clermontoise. « On peut être appelé pour aller dans les banlieues. On peut tomber sur n'importe qui, n'importe quand » témoigne Thierry. Ce qui fait dire aux trois agents de l'OFB que les agriculteurs ne sont pas leur plus gros problème

Les agriculteurs qui ont la volonté de nuire sont minoritaires. Je n'ai jamais eu de problème avec ce public . Sûrement qu'il y a dû en avoir quelque part pour que les choses soient ce qu'elles sont aujourd'hui » regrette Romain. 

Cette formation de trois jours sera renouvelée en janvier prochain, sur un format identique. Agriculteurs et agents ont salué encore une fois cette démarche qui met en avant l’échange de connaissances et facilite la communication

* Les prénoms des agents ont été changés

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