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Irlande/Cantal, deux élevages doublement verts

Quatre éleveurs cantaliens engagés dans la démarche Life carbon farming ont pu découvrir les pratiques de leurs confrères irlandais, notamment pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

En 2023, l’Irlande comptait 860 000 vaches allaitantes, un cheptel qui a subi, comme en France, une décapitalisation marquée. En médaillon, la délégation cantalienne.
© S. Lamsaif

L’Irlande, l’autre pays vert, avec 92 % de ses cinq millions d’hectares recouverts d’herbe... (95 % dans le Cantal). Pas de quoi dépayser a priori la petite délégation d’éleveurs cantaliens qui s’y est rendue  fin juin avec Sarah Lamsaif, conseillère spécialisée bas carbone de la chambre d’agriculture du Cantal pour assister au troisième séminaire européen du projet Life carbon farming, à Trim, dans le comté de Meath, proche de Dublin, dans le Nord-Ouest de l’Irlande du Sud

Bas carbone : riches échanges d'expériences 

Deux jours riches de découvertes et d’échanges avec la soixantaine de participants et partenaires, venus des six pays européens engagés dans ce programme en faveur d’une agriculture plus durable, via l’abaissement de son empreinte carbone : Belges, Espagnols, Allemands, Italiens, mais aussi Irlandais donc et des compatriotes tricolores. Au programme : des interventions et échanges sur les politiques bas carbone en Europe et en Irlande, sur l’accompagnement des éleveurs dans leurs démarches environnementales et sur les avancées du projet. Les travaux de recherche de Teagasc (peu ou prou l’équivalent irlandais de l’Inrae) sur les émissions de méthane des bovins, sur l’intérêt du trèfle ou encore les flux de carbone dans les sols ont été exposés, avec la visite de la ferme expérimentale de Grange. 

L’herbe, elle a décidément tout bon 

Mais ce qui a le plus intéressé Jérôme Francon et son épouse Céline, éleveurs charolais à Tanavelle, c’est la visite de la ferme de John Dunne, naisseur (84 mères) et engraisseur (130 génisses et bœufs), avec le recours à du pâturage tournant rapide, sur des paddocks de trois jours. “C’est un système, facilité par les conditions climatiques avec des précipitations fines et régulières, qui semble très bien fonctionné. Cela montre que rien qu’à l’herbe, on peut faire des choses, cela nous conforte dans notre système herbager qui nécessite moins de frais de labour, de semences... 

On s’aperçoit finalement qu’on a de gros rendements en herbe sans aller faire de la culture”, relève l’éleveur naisseur cantalien. 

Des prairies dont le Teagasc a aussi mesuré la capacité de stockage du CO2. Tout comme cet organisme évalue, via des capteurs associés à l’auge, le volume de gaz émis par la rumination, sur la base du temps passé à l’alimentation.


“Ils engraissent beaucoup de femelles, castrent les mâles, et réalisent beaucoup de croisement en angus, a-t-il également observé. Ils se mettent aussi à faire beaucoup de races européennes appelées “continentales”, comme la charolaise pour gagner 80 à 100 kg de plus.” Une stratégie payante avec un prix du kilo carcasse de 8 € et qui contribue à pallier la réduction recherchée de l’âge de l’abattage des animaux engraissés (de 25-26 mois à 24 mois) pour atténuer leur empreinte carbone.

Lire aussi : Connaître et réduire l’empreinte carbone de la production de viande bovine

Finition : un mois de gagné, des GES(1) économisés 

“Un mois de gagné sur une bête de deux ans, c’est tout sauf négligeable”, commente Bernard Ginalhac, éleveur salers à Leynhac, qui engraisse un maximum d’animaux. Lui aussi était du voyage  (tout comme Jean-Claude Dommergue) et a avant tout apprécié de pouvoir échanger avec ses homologues des autres 
délégations, belges et lorraines notamment, sur leurs pratiques respectives ainsi qu’avec les
techniciens de l’Institut de l’élevage et des autres organismes associés au projet. 

Atout trèfle

Nourris au pâturage, bœufs et génisses irlandais sont finis les trois derniers mois en bâtiment avec une ration enrichie en énergie et un peu de tourteaux, indique Jérôme Francon. En termes agronomiques, ce dernier note que le trèfle a fait son retour dans les parcelles de ray gras : “À force de n’utiliser que du ray gras, la protéine avait disparu.” Autre intérêt d’introduire cette légumineuse : réduire les quantités d’engrais minéral apporté.

Des fermiers peu protégés

Dans un autre registre, les éleveurs cantaliens ont été marqués par la précarité des fermiers irlandais : “Ils ne disposent que de baux d’un an avec un fermage entre 500 et 1000 €/ha et sont donc beaucoup moins bien protégés que nous en France. Là-bas, il n’y a pas de loi pour encadrer le statut du fermage”, souligne Jérôme Francon. Conséquences : des éleveurs qui n’investissent pas dans la modernisation de leurs bâtiments d’élevage, “contrairement à chez nous”.  Seules 15 % des terres sont en fermage et le prix important du foncier (15800 € un hectare de prairie en moyenne, chiffre 2019 soit + 35 % en cinq ans) fait que le marché reste relativement figé : seule 0,3 % de la SAU a changé de main en 2019 contre 1,5 % en France selon la FNSafer. 
Ce séminaire, associant échanges techniques, humains et culture locale avec la visite des sites emblématiques de la colline de Tara et du château de Trim, a également été ponctué par la découverte d’un centre d’engraissement (Kepak) qui finit 5000 animaux chaque année, principalement pour l’export. 

(1) Gaz à effet de serre.

Life Carbon Farming est un projet européen sur six ans (2021-2027) ayant pour objectif de réduire de 15 % l’empreinte carbone de 700 fermes de polyculture élevage européennes (dont 30 dans le Cantal) et accroître leur stockage du carbone grâce à un système de rémunération basé sur le résultat entre un état des lieux initial (diagnostic carbone) et un bilan final en cinquième année, après la mise en œuvre d’un plan d’actions. 
 

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